
Proposition, Un souvenir lacunaire relié au présent. Des idées qui viennent tout au long de la journée. Rien de gravé dans le marbre pour ce billet qui peu ou non s’étoffer, ce modifier au cours des heures à venir.
8h28. La mémoire comme une étoffe qui sans cesse se déchire pour se refaire une beauté. Possible qu’un peintre qui ne comprend pas grand chose à la peinture surtout parce qu’il refuse de comprendre tout ce qui a déjà été dit y compris par lui-même, se réfugie perpétuellement dans le lacunaire. Ce qui vient en premier sur la toile: souvent une illusion, le remplissage crée par l’illusion. Mais avec le recul la perception quasi immédiate d’une supercherie utile. D’un mensonge que l’on fabrique à dessein. On ne peut le faire véritablement qu’à partir justement de cette sensation d’être condamné au lacunaire.
Écrire c’est comme peindre il faut traverser le remplissage depuis une certitude du lacunaire. Respirer le vide et être respiré par lui. Belle phrase, trop belle probablement.
12h35 Promenade à Chavanay, brocante, 2 euros l’entrée. Pour le sou des écoles. Tombé en arrêt sur une petite boîte de cigares de la marque Panthère. L’odeur m’en remonte aussitôt au nez. Mon père collectionnait les boites vides après avoir rejeté dans l’atmosphère leur contenu par la bouche et le nez. Jamais retrouvé ces boites en déménageant ses affaires. Peut-être ai-je rêvé. Peut-être était-ce un autre qui constituait cette collection. A moins que comme beaucoup d’autres choses il ne les ai tout simplement jetées à la benne les jugeant tout aussi inutiles que les vêtements, les chaussures, les flacons de parfum de ma mère, une fois celle-ci décédée. Je ne me suis pas autorisé de demander le prix.

13h. Après avoir eut un doute, recherche Google sur l’orthographe de Panther. Celle vue est une boîte métallique, je retrouve soudain d’autres emballages mème marque. En à peine une seconde toute une époque défile.
16h49. Se perdre dans les détails, une spécialité. Un jeu. Pour retrouver son chemin ensuite oublier tous les détails en remontant à la source d’une intention. Rouge. Ensuite voir ce qui reste. Le lacunaire est aussi lié au détail. Comme il l’est au Rouge Baiser. On l’attrape par le détail, puis on l’exagère ce détail d’une façon fractale. Les végétaux fonctionnent ainsi par une arborescence de détails qui leur sert à trouver leur forme, à s’en souvenir peut-être.

19h32
« HAMID RAMOUZ (1818 – 1906)
Ce matin j’ai commencé un poème sur Hamid Ramouz –
soldat, érudit, coureur de déserts –
qui se tira une balle dans la tête à quatre-vingt-huit ans.
J’avais tenté de lire la notice du dictionnaire sur cet homme curieux
à mon fils – nous cherchions quelque chose sur Raleigh –
mais il s’est impatienté, et il avait raison.
C’est arrivé il y a des mois, le garçon est chez sa mère à présent,
mais je me rappelais ce nom : Ramouz –
et un poème a commencé à prendre forme.
Toute la matinée je suis resté à ma table,
les mains allant et venant sur des espaces illimités,
en essayant de me remémorer cette vie étrange. »
Extrait de
Les feux
CARVER Raymond
Si je peux me permettre : cette toile, il lui manque une certaine cohésion, comme si elle ne faisait pas corps avec elle-même. C’est là qu’on voit la complexité du travail à accomplir par le peintre …
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Le manque Joël, bonne réflexion, toute le difficulté réside dans la métamorphose. Du manque, de l’absence, les rendre présents d’une façon inédite.
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Et pourtant chacun de ses blocs cherche l’autre…
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C’est quelque chose que j’avais observé jadis en écrivant sur de vrais carnets. Et qui revient aussitôt dans l’exercice de cet atelier. On dirait parfois que quelqu’un sait de quoi parlent vraiment tous ces fragments mais qu’il désire tenir secret le fil conducteur, sans doute pour laisser le fil aller sa pente, pour ne pas l’infléchir vers un mot, un concept, une émotion particulière. Pour laisser encore une chance à l’interprétation.
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C’est toi qui sais de quoi parle chacun de ses fragments, c’est seulement que tu ne veux pas encore, la recherche est bien meilleure que l’achevé…
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Souvent aussi la pensée que tout prendra un sens une fois que je ne serai plus là. J’ai commencé à écrire ce testament très jeune. Et sur beaucoup de tons divers et variés. Après vient la question de savoir quand on est vraiment mort. Aura t’on un indice, en avons-nous déjà vus sans même en prendre conscience… vaste sujet 🙂
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