Se pencher attentivement sur le rythme attirance-répulsion. Que ce soit en peinture, dans l’écriture et bien sûr les êtres que l’on côtoie. Comment ces rythmes naissent, à quel moment la répulsion devient attirance ou le contraire. Ce n’est jamais vraiment tranché. Comme si toujours il fallait laisser une chance à ce mouvement interne de s’effectuer selon sa propre pente. Chez certains êtres la réalité des relations se construit ainsi par ce binôme d’émotions indissociables. Cela peut même changer rapidement en l’espace d’un instant sans que rien ne soit arrêté. Sans qu’un choix soit décidé une bonne fois pour toutes. Ou alors si cela arrive c’est que l’autre est mort. Et encore ce n’est même pas vrai. Je repense à la conversation de Villeneuve sur Berg. Cet homme qui vient dit-il d’un univers bourgeois et qui devient éducateur d’abord dans le monde carcéral des adolescents puis de la prostitution, de la délinquance. Ce qu’il dit sur l’établissement des limites. A partir du moment où les jeunes sont astreint à des horaires fixes pour se lever le matin, déjeuner, travailler, s’amuser, qu’ils peuvent s’appuyer sur des repères leurs conditions de vie peuvent nettement s’améliorer. N’est-ce pas le propre des jeunes des ado d’être pris dans cette mécanique d’attirances et de répulsions qui les domine. Et qui sait aujourd’hui quand se termine cette fameuse adolescence. Dans ma tête je suis en même temps jeune et vieux. Je suis toujours soumis à l’attirance répulsion comme un adolescent. Sauf que j’en ai conscience que je continue à étudier ces forces en présence perpétuellement présentes en chacun de nous. Même si sous prétexte de maturité on pense les avoir domptées. Et que pour ce faire on se soit bardé d’habitudes de rituels ou d’œillères. Et on appelle ça la maturité ou la sagesse. Je dirais bien un gros mot à ce point précis de ma pensée. Mais non. Un sourire suffit. Le sourire du chat du Cheshire. Ces derniers temps une attention plus accrue à certains faits divers. Un jeune tue sa petite copine. Plusieurs fois. Attirance-répulsion dans sa version la plus ultime. Est-ce que j’aurais pu tuer à leur âge, non car à l’époque j’étais trop tenu par une morale déjà. Je connaissais un minimum de limites entre l’imaginaire et la réalité telle qu’il en faut bien une pour vivre avec les autres. Par contre des pensées de meurtre certes oui. Le fait que le passage à l’acte ne s’effectue pas ou s’effectue justement n’est-ce pas du à cette confusion entretenue entre le rêve et le réel. Toutes ces histoires à dormir debout sur l’amour… plus belle la vie, l’amour est dans le près, prendre les vessies pour des lanternes… mais allez vous éclairer la nuit ensuite avec une vessie à bout de bras hein. Hier soir le groupe des adultes. J’aurais dû m’enregistrer. Je leur ai proposé un exercice en peinture où l’habituelle rêverie liée à la profondeur était bannie. Pas question que l’on voit un paysage, pas question que l’on utilise les plans pour s’enfoncer dans la profondeur et cette rêverie. De la surface voilà ce que je veux, tout et rien d’autre dans l’épaisseur et la surface. Du crade et surtout pas du joli ou du beau. Je crois avoir aperçu ça et là dans les regards de véritables lueurs meurtrières. Une seule personne pour le moment a bien voulu jouer le jeu. Et encore pas assez crade. Mais je ne vais pas me plaindre que la mariée soit trop belle aller.


