
Se prendre par l’épaule, se consoler, s’encourager. Amis nous sommes arrivés au bout n’en soyez pas chagrin. Les grands maîtres ont disparu et nous avons rapetissé. Toutes les idées ont déjà été énoncées, tous les récits racontés mille fois, tous les tableaux ont été peints. Ami regarde tout ce qui fut fait n’est plus à faire et il ne nous reste encore qu’à trouver un peu de joie de chaleur dans ces faits. Nous pouvons encore agir participer, jouer, notre art, qu’importe qu’il soit le plus petit art de tous les temps, un art de fin du monde. Tout à déjà été fait ou dit mais tu peux revenir en arrière et recomposer les faits et les dits à ta manière. Il serait bon de comprendre que l’on ne fait pas du neuf avec du neuf mais avec du vieux. Surtout en ces périodes d’économie. Reprendre ainsi tous les genres et compresser en quelques lignes l’essence de ce qui a déjà été tant de fois dit. La comédie, la tragédie en deux paragraphes, des nouvelles d’une demie page, des contes de trois lignes. Des romans en deux mots. Et songe au ton. Le ton d’un Rabelais, d’un Montaigne, d’un Racine ou d’un Molière. Le ton est cette parcelle d’éternité que l’on se transmet d’une génération à l’autre au travers des ouvrages que l’on lit que l’on dévore qui nous imprègnent. L’esprit et non seulement la lettre voilà ce qu’on peut encore aviser et si nécessaire en deviser. L’esprit et la devise, créer un nouveau temps des proverbes pour les générations futures qui passeront comme des TGV, qui n’auront plus le temps de lire, ni d’attention trop longue. Trouver la formule comme disait Rimbaud et être résolument moderne. Moderne pour l’avenir, sans oublier tout à fait le passé.