
L’Everest que représente toujours l’idée du bien. Comment s’y attèle-t-on au tout début ? Quel équipement ? Quel modèle sur lequel copier pour essayer d’y parvenir. Peu arrivent au sommet, on l’apprend vite. Ce sont des héros, ils sont parvenus à vaincre l’Everest. As-tu envie de vaincre une montagne ? Devenir un héros ? Pas réellement. Non. Tu trouves cela absurde dès le début. Peut-être parce que tu sens que cette montagne ainsi évoquée, n’est pas la montagne, qu’elle ne l’a jamais été, qu’elle ne le sera jamais. Que la montagne et l’homme se doivent de conserver une distance respectueuse afin de se percevoir l’un l’autre tels qu’ils sont. Par conséquent, tu le sais d’avance, dès le début, ce ne sera jamais assez bien. Et, si tu gravis avec les autres la pente, tu sais déjà que ce sera en vain. Que tout ce que tu risques d’atteindre, ce sera seulement le gouffre de la déception, de l’insatisfaction perpétuelle. Mais, probablement qu’en les accompagnant ainsi vers l’absurde, te délivras-tu de l’espoir. De ce même espoir qui les anime, les fait s’agiter comme des pantins. Pourtant n’est-ce pas ce manque d’espoir, cette absence de but véritable à atteindre, qui t’a toujours fait avancer, pour rester avec eux, et ce même quand tu étais seul ? Surtout quand tu étais seul.
Dans le fond, tu as recherché le bien en sens inverse. Tu ne t’en es pas tant délivré que tu crois. Au bout ce n’est pas la déception qui t’attend, mais un rire encore à franchir. Que peut-il y avoir au-delà ? Un sourire serait inespéré. Et, peut-être parce qu’il est ainsi, justement, inespéré, qu’il surgit.
Certains jours tout paraît si simple, si limpide, d’être ce que l’on est. En finir avec les questions incessantes. Ne pas s’habituer à la grâce non plus, elle ne dure jamais bien longtemps. Pas non plus s’attendre au pire, une fois que le meilleur est révoqué cela n’a plus de sens. Puisqu’on a appris un peu de l’utile et de l’illusion des contraires, des opposés.