
Passer une vie penché sur des dictionnaires de langues étrangères, apprendre à interpréter. Puis s’apercevoir de la sottise. Et d’une traîtrise surtout. Refermer tous les gros livres, se boucher les oreilles, mettre des lunettes noires. Réapprendre à balbutier sa propre langue déjà. S’émerveiller de sa sonorité inédite. Plonger comme un dauphin, un cétacé dans les mers profondes, les abysses de tous ces sons si familiers soudain. Cesser d’interpréter, apprendre à écouter, s’absenter pour encore mieux entendre. Aller à la rencontre de sa propre langue comme un enfant retourne à son jardin secret.