Le voyage des loups

voyage des loups acrylique sur toile 250×150 2018

Dans la nuit, ils viennent

l’enfant écoute

leur pas crisser sur la neige

Dans la montagne peu de bruit.

sauf le silence des loups

qui attendent dans l’ombre

Puis dans la nuit quelqu’un hurle

signal de la course à perdre l’homme

et tous s’en retournent

Au plus profond des soleils noirs.

Texte écrit en décembre 2018. Période de fêtes. L’impossibilité de participer à l’allégresse est toujours la même aujourd’hui. Quelque chose résiste, s’oppose à l’euphorie générale. Une méfiance chronique qui provient de la perception de la violence dissimulée derrière cette allégresse. Et peu importe que cette perception soit pour les autres imaginaire. Et plus ces autres tentent de vouloir me convaincre du contraire, plus je résiste, m’accroche à cette perception. Nous sommes navrés de ne pas pouvoir nous rejoindre dans la joie comme dans la violence. D’embrasser les deux de façon frénétique par ce prétexte de la fête. Une sorte d’autorisation annuelle à laquelle il faudrait obéir pour être reconnu ou accepté dans la meute. Et ensuite commette en chœur tous les ravages en s’en remettant à un mot d’ordre, Noël car c’est Noël, les magasins sont ouverts en nocturne, chauffent les cartes bleues, s’accroissent les facilités de caisse, les crédits à la consommation. Pourquoi refuse-tu de t’aveugler de présents de cadeaux comme de tant de gentillesses avant que le cours normal de la vie reprenne. Le cours normal des choses et sa violence ordinaire. Tu es beaucoup trop sensible mon petit vieux, et tu vois beaucoup trop les choses en noir. Pour un peintre c’est mauvais signe. Mais justement leur dirais-je si cela pouvait les éclairer : ce ne sont pas les couleurs l’important mais les valeurs, et le contraste que celles-ci créent pour fournir l’illusion de surface et de profondeur.

Face à une telle sauvagerie un réflexe de se rendre alors à la source de celle-ci les yeux grands ouverts. De rester éveillé dans un monde de somnambules. D’embrasser de tout cœur et corps cette solitude louve, de disparaître dans la lucidité la plus noire, d’y aller jusqu’au bout. Et enfin voir ce rien qui fait si peur, la lumière ce mystère.

Rêve ou cauchemar d’enfant. Désormais tu en souris. Cela ne te fait plus rien, cela t’es égal. Tu participes à la décoration du sapin, tu as fait les paquets cadeaux, allumé les guirlandes électriques conservées dans le même carton que tu es allé chercher au grenier. Tu serais presque content si parfois tu ne jetais pas un coup d’œil par la fenêtre pour apercevoir la rue noire et l’ombre des passants que tu y devines. Et comme chaque soir, fête ou pas, tu appuies sur le bouton de l’interrupteur pour descendre le rideau qui masquera l’extérieur.

3 réflexions sur “Le voyage des loups

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