
Il est rare que tu lises des réflexions désobligeantes à propos de tes élucubrations sur les réseaux sociaux. Sans doute parce que tu n’incarnes pas l’ apparence ou l’ illusion attendue d’un consensus. Tu n’as pas à proprement parler de communauté. Juste des gens qui te font signe parfois quand ils te lisent. Et même de cela tu auras appris à t’écarter, non sans difficulté d’ailleurs. Tu es certainement l’unique hater de tes publications. Sans doute parce que tu désires autant que tu fuis cette idée de communauté. Cette ambiguïté ne t’a bien sûr pas échappée. Et peut-être que cette invention d’être ton pire ennemi te sert de prétexte pour ne pas chercher à créer de communauté au sens où ce terme est désormais utilisé. C’est à dire pour résumer, cette foultitude de félicitations, d’encouragements, ces preuves d’amour incessantes que tu considères factices la plupart du temps. Et qui demandent implicitement une rétribution. Toutes ces petites phrases de quelques mots à peine qui semblent dire, je suis là, j’espère que tu le remarques et que tu m’en seras gré ou, plus insidieusement, redevable. Ce que tu chasses de ton esprit aussitôt que tu veux y songer. Et puis il suffirait de l’énoncer clairement à voix haute pour en saisir le ridicule. C’est à dire la pression de la pensée collective, ce consensus justement, sur ta propre volonté de désirer obstinément t’en écarter. Un ridicule « classique » qu’éprouve tout individu s’accrochant à l’absurdité d’une foi quelconque en sa singularité. Cette persistance d’une singularité probablement utile au collectif et qui lui sert à se renforcer dans sa certitude grégaire. Aussi utile qu’un pauvre pour asseoir la moindre richesse. Cependant en étant ainsi ton propre détracteur tu joues un double jeu dont la motivation est de te prémunir par anticipation de toute velléité d’agression provenant de l’extérieur. Sans doute est-ce lâche dans le sens où tu te ferais encore des idées sur ta bravoure. Il y a cette zone trouble au fond de toi qui ne peut exister vraiment sans la présence d’un bourreau pour que tu te vautres dans cette sensation hypnotique d’être sa victime siamoise. Jusqu’à ce moment où tu t’insurges contre la répétition de ce mécanisme, que tu t’en offusques, batte ta coulpe, te flagelle en inventant une toute nouvelle discipline, de préférence à l’apparence inédite. comme si l’illusion de l’inédit te proposait la promesse d’une voie de repli, un espoir d’évasion. Ce dont tu peux désormais douter étant donnée la liste impressionnante de tes défaites.
J’ai souri tout du long. Crois-moi. ;o)
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