
Lecture à voix haute de Jules Verne, le but est de créer un audio pour les enfants. Très vite je mesure la difficulté du projet. Comme il est difficile de bien lire ainsi sans que des obstacles, des parasites, presque aussitôt surgissent. Et ces obstacles qui empêchent la voix sont exactement les mêmes que dans la vie. Une difficulté à se positionner d’une façon générale. Aussi bien physiquement dans un espace qu’intérieurement dans un choix. C’est à dire une interprétation erronée d’une réalité, que l’on tente de résoudre à l’aide de clichés. Il en résulte une voix kaléidoscopique comme autant de facettes que l’on va piocher dans la mémoire ou dans des « on-dit- collectifs, on dérive, s’éloigne du texte. Ce qui entraîne un constat peu agréable, s’apercevoir que l’on n’a jamais réellement lu Jules vernes, on a juste imaginé l’avoir lu une fois dans l’enfance sans jamais y revenir comme on irait consommer n’importe quoi en l’oubliant une fois englouti. On aura seulement retenu une ambiance de lecture mais rien à voir avec 20000 lieues sous les mers. Donc la pensée surgit comme un pansement… il doit exister des techniques pour surmonter de telles difficultés de lecture à haute voix. Et là, découverte de Jean Sommer sur YOUTUBE. En très peu de temps tu comprends que tu viens d’arriver à l’un des camps de base au pied de l’Himalaya. Et surtout que ton désir de gravir cette montagne se heurte soudain à une sensation de poids incommensurable. Le tien, ton corps, tes habitudes tellement ancrées, ton âge. Tu te retrouves encore une fois de plus au début, sur une ligne de départ, tu imagines que nombreux seront ceux qui s’élancent déjà dans leur tête vers les sommets. Et comme un idiot tu fais un pas en arrière tu te défiles. Tu te dis oh non pas encore tout ça … Puis tu ouvres à nouveau le micro, tu reprends le livre et comme c’est drôle, désormais les mots semblent sortir de ta bouche plus naturellement.