
Le désir ardent d’obtenir des biens flattant l’amour propre ( pouvoir, honneurs, réussite, etc) t’inspire depuis toujours de l’indifférence voire du mépris et parfois du dégoût. L’ensemble des actions qu’il sera nécessaire de mobiliser pour atteindre à un but ambitieux, est, le penses-tu, du temps perdu au service de l’inutilité la plus crasse. Car toute ambition que tu as pu observer dans son déploiement, se meut au dépens d’une chose essentielle mais dont tu serais bien en peine de dire le vrai mot , le vrai nom. Et, sans doute ne parviens-tu pas à exprimer ce mot par manque d’ambition justement -paradoxe inquiétant qui ce matin te saute aux yeux.
Encore que tu puisses te tromper ou te raconter une histoire, que ta prétendue absence d’ambition ne soit encore qu’un leurre, une ruse, une sorte de prétexte pour que l’on te fiche la paix, un bel os à ronger, une sorte de concession -un ici-gît factice que tu livres aux chiens comme à une partie obscure de toi-même. Enfin, en grattant la surface des apparences tu t’apercevrais horrifié que se dissimule en toi le plus ambitieux des hommes jamais croisé de visu. Peut-être es-tu comme ces ayatollah se réfugiant derrière un dogme qui t’arrange bien, te dispensant de lire ainsi toute Bible, Torah ou Coran dans toute leur profondeur, leur beauté, leur mystère. Te cantonnant ainsi tel un pleutre dans ta petite vérité de surface.
Possible aussi que cette dureté envers toi-même, cette implacabilité permanente qui te sert de levier pour te hisser vers ce qu’il te faut nommer , faute de mieux, l’inconnu ne soit rien d’autre qu’un indice comme ces évidences qui crèvent les yeux et qui soudain nous sortent de notre propre aveuglement.
Si tu récapitules, remonte à l’origine, avant la haine du monde et de toi-même confondus-disons vers l’âge de 4 ou 5 ans- tu retrouverais certainement ce désir ardent comme cette ambition authentique encore non polluée. Tu voulais aimer l’univers tout entier. et probable que ce n’était déjà qu’à seule fin qu’il t’apprécie de même en retour, c’est à dire qu’il t’invite à sa table, puis t’indique ta place pour participer au banquet. Et comment ensuite soit-disant dépourvu d’ambition, tellement déçu de ne pas trouver cette place, te seras tu livré à la la colère, à l’amertume ?
Et donc ce saccage complet d’une existence, s’il te faut encore des preuves de cette présence immuable de l’ ambition, participe de plain-pied au mystère de ce mot que tu cherches en vain sous la lueur exiguë d’un lampadaire