Tu peux t’exercer à l’arborescence comme on vide une possibilité du choix. Du choix tel qu’on l’entends généralement, un pauvre choix, un choix paresseux. Ensuite ce que ça donne c’est une suite de mots, de concepts, de couleurs, que l’hyper lien ou l’hyper texte peut réunir dans de nouvelles formules. Non pour aller en quête d’une originalité, ce n’est pas ça et tu n’y crois pas de toutes façons. Mais pour dire une chose ancienne autrement. Pour créer de nouveaux possibles afin que cette chose soit compréhensible dans un instant T une époque, une culture qui a oublié ses racines, sa raison d’être. Pourquoi la Torah et le Talmud existent sinon justement pour rester optimiste quand à ces possibilités de réorganiser le meme en autre chose. Autre chose qui serait à l’image de l’infini, c’est à dire qui ne s’arrêterait jamais que pour à chaque fois repartir. Un mouvement perpétuel.
Te voici en ce moment en train de travailler six tableaux en même temps. Tu passes de l’un à l’autre quand tu cales sur un. Quand le coup de pinceau de trop te semble menaçant de trop en dire ou en faire. Et cette énergie que tu interromps, plus ou moins volontairement, retrouve un nouveau souffle sur une autre toile et ainsi de suite. Ce qu’il te faut accepter c’est le temps comme donnée fondamentale dans laquelle tu peux déployer une certaine quantité d’énergie par tableau. Mettons une heure, une fois celle-ci achevée une autre temporalité est de nouveau possible- une heure neuve. Ce qui ne change pas c’est la gamme de couleurs que tu utilises. Pour l’instant c’est elle qui crée le lien. Les possibilités d’agencer ces couleurs sont elles aussi infinies. Sauf que tu dois tenir compte à chaque fois de l’espace, des autres couleurs qui environnent une couleur, des valeurs, du contraste que tout ce puzzle produit. Et parallèlement à cela une multitude de sujets d’idées sont là qui pressent pour sortir comme un troupeau de moutons ou de brebis. Ça bêle dans tout les sens à l’intérieur, mais tu ne l’es écoutes pas, tu t’en fous, une chose après l’autre. Et puis ce pari dont tu n’oses pas vraiment parler que le sujet viendra quand il devra venir, une fois l’assemblage achevé de tous les gestes successifs réalisés dans ce que tu nommes probablement à tort, l’aléatoire. Aléatoire tant que tu n’as pas confiance aveuglément en ce qui se passe voilà la vérité. Et intuition que confiance ou pas ça ne changerait rien, qu’en allant ainsi ton bonhomme de chemin il faut continuer d’écarter les faux buts, se laisser cueillir par ce qui de toutes façons arrivera.



