
Encore cette question, pourquoi les anges ont-ils besoin d’une échelle. Et puis d’un seul coup tu penses à un vieux transistor, le genre de ceux qui ont presque totalement disparus et où l’on devait manuellement tourner un bouton pour changer de station. L’aspect matériel de ce bouton sans lequel on resterait prisonnier, figé toujours d’une seule station. L’échelle s’approche peu à peu de ce bouton. C’est un clavier. Et les anges sont les sephiroth, qui en tant qu’énergies créatrices ne peuvent rien sans la présence d’une matière, des « touches » et des lettres associées à celles-ci. Ensuite que ces énergies aillent puiser dans une notion de bas et de haut, de lumière ou d’ombre, de joie ou de tristesse peut désorienter. De même que te désoriente le changement de fréquence, de sujet, de tous tes textes écrits dans l’urgence de ces nuits ces petits matins. Cette urgence à passer d’un niveau l’autre d’une échelle personnelle pour écrire, pour laisser libre cours à ces énergies qui, si tu te le faisais pas, te détruiraient, t’anéantiraient probablement. Pourtant tu es resté 17 ans sans écrire une seule ligne, as tu été anéanti pour autant ? non bien sûr. Tu as juste perdu la mémoire de tout ce que tu as pu faire durant ces années. Tu as juste vécu une vie de somnambule. Mais n’était-il pas voulu que tu t’absentes ainsi si longtemps. Il fallait que tu abandonnes quelque chose, et quand tu y penses c’est justement la prétention de n’avoir pas besoin de bouton ni d’échelle ni de clavier pour te manifester. Une prétention que tu auras confondu avec la modestie, la discrétion, le renoncement.