
Tout ce qui a pour unique fonction d’arrêter le temps, de rendre exactement semblables chacune de ces journées, et cette inertie posée ainsi pour ne jamais rien en vouloir modifier, n’est-ce pas là le but dissimulé d’une volonté maladive d’être immortel. Ce serait drôle alors que je ne cherche jamais que tout moyen possible pour crever. Tellement drôle et ridicule qu’il doit y avoir au fond de tout ça une belle évidence A moins que justement cette obsession ne soit qu’un élément compris dans le paquet, vouloir en finir avec cette vie là ne signifie nullement qu’on n’en désire pas- en secret- une toute autre. Et dans ce cas tous ces textes brefs, comme ces petits formats que tu réalises ne sont que les symptômes d’un mal à respirer, d’une carence du souffle. Un halètement. Et soudain ce souvenir revient, c’est la nuit, une nuit d’hiver particulièrement froide lorsque vous habitiez à la sortie de ce virage, en contrebas de la route, à Parmain dans le Val d’oise, ce chien qui s’était fait heurté par un véhicule. Il y avait eut un cri déchirant que tu avais entendu de la chambre, tu étais descendu en pantoufles, tu étais allé voir. Le chien haletait, ses yeux dans les tiens au moment de l’agonie, un échange d’une intimité si troublante, tu étais le chien tout à coup que la violence du monde avait heurté blessé à mort et tu haletais toi aussi. Exactement comme aujourd’hui. Peut-être parce qu’au fond de toi se précise de plus en plus l’abomination d’être immortel.