
se réveiller avec une envie d’endive, puis se rendormir aussitôt car on méprise ce genre d’envie, on la trouve peu glorieuse voire insignifiante, mais c’est déjà un premier pas d’en prendre conscience. On pourrait même s’en féliciter un peu, avoir une envie c’est déjà pas mal. Ce pourrait être comme une petite graine que l’on plante dans son propre sol , aujourd’hui une endive et demain qui sait, peut-être une envie de dire bonjour à quelqu’un, d’aller à Kiev, sur la lune, se porter volontaire pour une cryogénisation express , partir en fusée dans un voyage au long cours vers les étoiles , sans espoir de retour, rencontrer des civilisations inconnues, être plus ou moins bien accueilli, se faire offrir l’hospitalité, un lit douillet, s’endormir et rêver – et ce aussi loin que l’on soit – de retrouver dans ce rêve le goût de l’endive, ce souvenir qui aura traversé tout l’espace- temps avec nous, qui aura survécu à tous les oublis, les renoncements et cette émotion alors que ce serait c’est sûr et si ça marche pour une bête endive – encore que rien de la bêtise d’un légume ne soit au moment où tu écris ces lignes prouvé scientifiquement encore- que dire du reste.