Le livre

C’est le livre que l’on ne peut ouvrir qu’une fois que l’on passe l’âme hors d’ici, une fois que l’on a trouvé la porte pour pénétrer dans cette pièce sans mur ni fenêtre mais dont on saisit d’emblée qu’elle sera notre pièce pour toute une éternité à venir ou passée. C’est la pièce. On peut plisser les yeux et voir pour ne pas être gêné par les détails que l’on devine comme des milliers d’éléments perturbateurs. Au milieu de celle-ci on aperçoit une table, et au milieu de cette table il y a le livre. Il nous est familier autant qu’étranger et c’est sans doute le seul débat qu’on peut encore entretenir avec soi-même. Le dernier débat. S’en approcher et oser l’ouvrir ou bien s’en éloigner. Accepter ou refuser ainsi de lire son contenu. Sans doute parce que l’on ne sait jamais vraiment à quel moment on est vraiment mort, que tant qu’un débat subsiste l’illusion d’être en vie nous maintient en elle.

Lovecraft aurait paraît-il inventé le Necronomicon. C’est que ce l’on aime dire ou penser pour se rassurer et reléguer ainsi cet objet éminemment maléfique dans un domaine imaginaire, sans danger réel. Je crois que les choses sont à la fois plus compliquées que ce que l’on imagine, ou plus simple quand on saisit un peu de la vérité dont est constituée la nature de la réalité. Ce livre ne vient pas de l’imagination de Lovecraft en en même il en vient. Il vaut mieux voir les,choses ainsi d’un seul œil. Le livre posé sur cette table, l’idée m’en aura effleuré soudain pourrait être l’archétype premier de ce livre maudit, mais il peut tout autant être une sorte de gigantesque recension de textes sans queue ni tête, ou encore un livre merveilleux dans les pages duquel toute question trouve sa réponse définitive. Ensuite quel choix s’effectue, comment un même livre peut-il prendre plusieurs apparences, être à la fois le même et autre chose, autrement dit qui choisit l’ennui qui n’est rien d’autre qu’un prisme dépoli un peu sale pour lire des propos ineptes. ou d’entrer chez un opticien pour trouver enfin la paire de lunettes adéquates, celle qui permettra enfin de lire celui- ci entre les lignes, je crois que même mort il est encore possible de se poser ce genre de question essentielle. Peut être que la mort n’est qu’une vue de l’esprit, que nous ne sommes jamais réellement mort ou vivant mais un peu des deux à l’instar des livres que nous lisons ou pas.

Votre commentaire

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.