
Combien de personnes essaient d’en finir à chaque instant, et combien se loupent parce qu’elles n’ont pas suffisamment réfléchi à la balistique comme à la distance nécessaire pour ne pas se rater. Pas rare que le noeud de la corde soit trop lâche, que la chaise sur laquelle on grimpe pour se pendre soit trop lourde, que l’on ai pas pris soin de calculer non plus plus une fois suspendu en l’air la bonne hauteur, qu’il,y ait trop de mou , que l’on ne retombe pas comme une merde au sol. Pareil pour les armes de poing, si on est surpris par le recul et que la balle au lieu de pénétrer en plein front nous arrache seulement une oreille. Ou encore pourquoi ne pas prendre cette précaution minimum d’aller consulter avant de se tirer une balle dans le cœur . Il arrive même parfois , plus souvent qu’on le croit de s’abîmer un poumon pour rien; simplement parce qu’on porte à droite et non à gauche ce foutu muscle cardiaque. La bonne distance n’est sûrement qu’un coup de chance si on ne s’entraîne pas à la chercher. C’est tout à fait pareil pour le bon moment. Se détruire nécessite autant de connaissances en musique qu’en peinture. Le recul suffisant du peintre et l’oreille sans faille du musicien seuls sont des aides précieuses; tout le reste n’est que pur amateurisme. Il faut aussi une ville pour bien s’entraîner, des rues à arpenter, avec de chaque côté un nombre suffisant de vitrines qui s’échangent notre reflet, prendre le temps d’observer à quel point ce reflet ne cesse jamais d’être mensonger. Nécessaires aussi des passants dans cette ville. Des regards que l’on croisera et dont les yeux ternes sans vie ne nous renverront rien, à part notre propre néant. Il faudrait prendre un plan, et tracer au jour le jour avec à chaque fois une couleur différente, les parcours, toute cette prétendue errance que l’on effectue soi disant au hasard dans cette ville. Devenir à la fois chercheur et rat blanc de laboratoire. Ensuite que faire de tout cela sinon se flinguer le plus proprement possible, en évitant d’emmerder qui que ce soit, c’est du domaine de l’art. Donc on peut utiliser tout une série d’objets dont la principale caractéristique est d’être létale, l’écriture est aussi l’un de ces objets sans aucun doute. La seule difficulté est le temps que l’on voudra bien lui accorder jour après jour pour s’exercer à ne plus trembler, à ne plus ruminer, à se rendre à l’essentiel, c’est à dire s’ôter de là, devenir à jamais indisponible à quiconque. Faut s’exercer c’est tout, tenir la distance jusqu’à ce qu’elle soit bonne, irrévocable.
Par exemple: se tirer une balle en pleine campagne et pas près d’une fenêtre car c’est très pénible de nettoyer les débris de cervelle dans les rainures.
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