
Après éventration de plusieurs cartons au grenier toute une collection des James Hadley a giclée sur le plancher. Pas loin de 70. L’auteur favori de pépé le papa de papa. 70 couvertures de gonzesses aguicheuses. Question marketing, on ne peut pas faire plus simple, plus efficace. Quant aux titres accroche- toi Jeannot.
-couche-toi dans le muguet
-fais-moi plaisir, crève…
-En trois coups de cuillère à pot
-Douze chinetoques et une souris
-la main dans le sac
-la petite vertu
-Meurtres au pinceau
-Méfiez-vous des fillettes
-etc
Si l’auteur a réitéré c’est que ça devait rapporter. Ensuite la première page. Pourquoi. Quel intérêt. Faut que je sache. Un effort d’imagination s’impose, transforme-toi en quidam moyen. Rentre dans une gare. et cherche un bouquin pour le trajet. Voilà c’est fait. Beaucoup de monde à la gare d’Austerlitz. Ça grouille. On est dredi après le turbin, pépé par exemple se trouve devant le kiosque. L’embarras du choix. Tous les James Hadley attirent ses cliquets sur le présentoir. Un tourniquet à côté des cartes postales. Que des filles entre 20 et 30 ans. Des blondes des brunes des rousses. Trois heures de train avec laquelle, c’est ça la question. Le but c’est l’évasion ; surtout si pépé se remémore ce qui l’attend au bout. Une vieille pas belle et ridée qui l’emmerdera toute la sainte journée. J’y vais fort, mémé n’a pas toujours été mémé. J’ai vu des photographies, Ils sont mignons tous les deux sur celle-là, celle du mariage. Ils sourient, ça doit doit sans doute être une des rares fois où ils souriront en même temps. Mais on connaît les photographes, c’était du flan. Pépé possède déjà beaucoup de James Hadley, et j’ai repéré qu’il en a même pas mal en double. Il a du oublié qu’il avait déjà cette blonde ou alors elle lui plaît tant qu’il veut refaire encore un voyage avec elle. Des fois faut pas chercher midi à quatorze heures. Il ne lit pas la quatrième de couve. Est-ce qu’il ouvre le bouquin pour lire la première page, moi je le fais, mais lui non, il s’en tape. Ils sont forts chez Gallimard à cette époque, une photo et toc le chaland est ferré. Encore suis-je vache. James Hadley Chase c’est pas de la merde en barre autant que S.A.S. j’ai lu beaucoup de SAS ado juste pour me tirer la nouille. J’avais des yeux comme des lasers à chercher le premier mot évocateur. L’histoire je ne l’ai jamais lue, parfois ça m’arrive de parcourir vite fait une scène de meurtre corsée; mais juste pour me mettre dans l’ambiance. Glauque. J’ai découvert tôt que l’hémoglobine et le cul ça allait bien ensemble. Freudien à donf sans avoir lu une seule ligne du viennois. Par contre les rares fois où je me risquai soudain frappé par l’ennui à la campagne , à ouvrir un James Adley, histoire de varier les styles je resterai sur ma faim. Difficile de tomber sur un héros comme Marko Linge en train d’enfiler une cubaine dans James Adley. Et comme ce qui m’ intéressait uniquement c’était ça à l’époque, je n’ai guère réitéré. Je ne sais même pas si pépé a vraiment lu tous ces bouquins dans le train. Peut-être seulement la première page pour avoir l’air d’un lecteur. Oui mais comment tenait-il le livre à la couve suggestive ? Le tint-il à plat sur les genoux ou bien l’exhiba – t’il sous le nez de la voyageuse en vis à vis. avec ce petit air de rien, sauf celui d’un lecteur de roman noir, de polar. Épineuse question. Et peut-être que certaines voyageuses voyant cela furent émoustillées. Peut-être que tout cela s’acheva dans les vécés du Paris-Clermont. J’aime à me l’imaginer. Grande époque les trente glorieuses. On respectait encore les voyageurs. Les gogues dans les trains étaient certainement plus spacieux que désormais, quand encore il y en a. Mais trêve d’élucubration, ce qui m’intéresse surtout dans cette orgie de bouquins ce sont les premières pages. Je me suis mis en tête de les ouvrir tous avec l’œil du débutant, de l’arpète qui apprend son taf. De scruter ça en détail. Un type qui a réussit à rassembler autour de ses livres des foules de voyageurs ne peut être ni un con ni un amateur. James Hadley est une pointure. Il va t’apprendre sa manière, dont le but principal et de tourner la page justement, toutes les pages de ses bouquins. Et ce durant les quelques heures qui séparent Paris de Vallon en Sully, la petite gare où pépé descendra après avoir fourré la blonde dans sa valise à roulettes.
Et plus que la la première page, c’est la première phrase de la première page qui compte
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