
N’importe qui, n’importe quoi peut être un maître à condition que l’on se place dans la situation d’être élève. Hier j’ouvre Twitter et je tombe sur le fil d’actualité. Une chose me gêne presque aussitôt c’est de voir toujours les mêmes publications, les mêmes personnes, le même contenu avec peu de variation. Me vient l’image d’un bocal dans lequel nage un poisson rouge. Un petit bocal, un gros poisson qui tente de nager mais se heurte aux parois de verre.Un poisson rouge qui devient cinglé quand il comprend qu’il se tient enfermé dans un bocal exigu. Une bulle. Comme l’expression chacun dans sa bulle. Bien sur les spécialistes des réseaux le savent, nous fabriquons nous-mêmes cette bulle. Il suffit de liker un compte voire de s’attarder quelques instants sur son contenu pour que l’algorithme comprenne que nous sommes attirés et qu’il ne cesse ensuite de nous représenter tous les contenus postés par tel ou tel compte; ou des contenus se rapprochant de celui-ci. A terme ce sont nos élans, notre intérêt, nos actions sous forme de clic, de like, de commentaires qui constituent cette prison qu’est le fil d’actualité. Pourtant j’ai bien tenté d’épurer au début, de ne pas m’abonner par exemple à trop de comptes traitant de sujets variés. Je me suis cantonné à la littérature et à la peinture. En privilégiant surtout la littérature. Et donc j’ai les mêmes personnes qui tournent en boucle sans relâche sur ce fil d’actualité. Un éditeur grognon qui incite à lire les bouquins qu’il traduit ou publie. Un poète qui alterne caviardages et phrases stylées pour nourrir un Hashtag. François Bon et ses vidéos d’une minute où il invente des morceaux de biographie d’écrivains, quelques participants à l’atelier d’écriture dirigé par lui, Et puis quelques autres encore éditeurs, écrivains, littérateurs, blogueurs comme Thierry Crouzet, Arnaud Maisetti etc. Ces derniers jours j’ai perdu le contrôle en m’abonnant à un groupe d’artistes qui tente de vendre des NFT, aussi suis-je envahi par ces bidules désormais qui tournent eux-aussi en boucle dans ce fil d’actualité. Bref la même chose exactement que j’avais déjà constaté sur Facebook, sur Instagram et même ici sur WordPress. On ne reste jamais que dans ce que l’on a soi-disant choisi de voir. Ce qui provoque chez moi une angoisse. Et cette angoisse m’entraîne souvent à vouloir fermer les écoutilles, à ne plus vouloir me connecter à quoique ce soit. Je dois donc faire cet effort de me connecter en dépassant cette angoisse comme cette certitude de toujours tomber sur la même chose cette bulle cette prison. Ensuite je me dis que c’est un point de vue personnel lié à une histoire personnelle. Je repense encore à ce rêve que je faisais vers l’âge de 4 ou 5 ans après que nous ayons déménagés de Paris pour La Grave. Ce cauchemar affligeant dans lequel je me retrouvais terrassé au sol par une multitude de gnomes affreux et grimaçants. A ce moment là je leur disais que je savais que j’étais dans un rêve et que je pouvais me réveiller quand je le désirais. Et effectivement quand la situation devenait trop pénible, ennuyeuse surtout, je me réveillais, me tournais sur le côté opposé et me rendormais pour visiter d’autres rêves plus attrayants. Il y a un lien entre ce rêve et ce que je constate aujourd’hui vis à vis des algorithmes. impression d’être poursuivi, cloué au sol, ligoté par des boucles de programmes invisibles mais que je peux interpréter ou traduire comme étant ces gnomes affreux et grimaçants. Maintenant pourquoi un tel point de vue… pourquoi une telle angoisse… il s’est forcément passé autre chose avant qui aura déclenché tout cela, pour que j’adopte ce point de vue et pas un autre. Du coup sueur, malaise, j’ai déjà fumé cinq cigarettes à la suite avant de me mettre au boulot ce matin. l’effroi m’atterre totalement de penser que ce point de vue est une construction purement imaginaire, qu’à l’extérieur de moi n’existe aucun ennemi, que tout vient de ma putain d’imagination qui sécrète sans relâche un nuage d’encre et de folie pour tenter de panser une plaie sur laquelle je ne peux jamais poser le doigt.
Terriblement addictif et chronophage. J’ai réussi à m’extraire de Twitter d’abord, de Facebook ensuite. J’y gagne en sérénité et en légèreté. J’ai repris la bulle wordpress dans laquelle le temps n’est pas massacré. Nous sommes parfois notre propre ennemi.
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oui plusieurs fois aussi mais j’y reviens c’est la où est le front, pas qu’en ukraine, merci pour le commentaire
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❤️🐟
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