
Barcelone. Ligne 3 Station Lesseps. Frances sort du métro monte dans le bus de la ligne bleue. Il n’y a presque personne dans le véhicule qui démarre aussitôt qu’elle s’assoit. Le véhicule aborde le flanc abrupt de la Muntanya Pelada. A mi- hauteur Frances glisse un regard par la vitre et découvre l’Eixample, autre terme pour nommer la ville nouvelle crée à partir de la seconde partie du 19 ème, et qui marque la période de sa transformation profonde. Autrefois Barcelone n’était qu’une cité ordinaire entourée de murailles. Le développement de l’industrie, des moyens de communication, de la technologie l’auraient étouffée et condamnée à la surpopulation . La ville aurait été invivable. Ce qui est tout à fait contraire à l’esprit de ses habitants. Les catalans vouent un culte à la nature. Jamais ils n’auraient supporté qu’elle ne soit pas au cœur de la ville. En 1860 Ildefons Cerdà à qui fut confié le projet d’urbanisation de la cité opte pour la solution de faire tomber les murailles, ce qui permet à l’Eixample de naître et de multiplier par dix la taille de la ville en à peine un demi siècle. . Puis en 1888 date de l’exposition universelle, la ville a rejoint la montagne pelée, l’entoure. Il faut utiliser cette immense parcelle peuplée de caroubiers et d’oliviers depuis des temps immémoriaux. Ainsi a t’on l’idée d’en faire un endroit privilégié pour les grandes fortunes. Afin d’y construire de belles demeures. Le projet est confié à Guell. Ce projet urbanistique fut l’un des plus important de toutes les villes européennes à cette époque et installé Barcelone comme capitale d’une Catalogne renaissante Ensuite le projet de construction du parc Guell fut financé par des investisseurs privés qui désiraient construire de belles demeures en surplomb de la ville, s’isoler de cette partie basse constituée par une population ouvrière alimentant les grandes industries. Mais le projet ne fut pas aussi simple à réaliser qu’il était inscrit sur le papier. Il y eut quelques contraintes comme celle notamment de préserver la végétation. quelques magnifiques villas furent construites, notamment la maison de Guell lui même, puis le parc tomba peu à peu dans le domaine public, devint un lieu de promenade, une vitrine de l’interprétation particulière de l’Art Nouveau catalan fondé essentiellement sur les racines culturelles des habitants du lieu et leur relation indéfectible avec la nature. Barcelone continue encore aujourd’hui de s’étendre sur la plaine. Frances s’extirpa de sa rêverie. Elle devait marcher encore quelques minutes à partir de la descente du véhicule qui la déposa devant Career d’Olot Elle oblique sur la gauche Career de Gardia puis pénètre enfin dans l’immense parc de 12 hectares. Son regard se pose sur les tesselles qui constituent le matériau essentiel utilisé par Gaudi pour créer la décoration du parc. C’est tout en haut, encore quelques marches à gravir pour parvenir au mirador et elle va rencontrer Milena Quichano la tante d’Alonso , sa commanditaire. Il fait un temps splendide ici alors qu’un léger voile de brume recouvre la ville. Ici tout n’est que mosaïques, calme et volupté sous les caroubiers. Mosaïque, elle se répète le mot plusieurs fois, il est sans doute important et elle prend le temps de s’arrêter pour le noter sur le carnet qui ne la quitte jamais.