
Dans son article « lois de la narration policière » en 1933 dans le quotidien argentin La Nacion Jorge Luis Bieges énonce quelques règles, 19 précisément à propos du polar
peut-être est-il intéressant de les noter et de vérifier si je m’en écarte involontairement. Ou si volontairement j’ai au contraire une excellente raison pour ne pas en vouloir en tenir compte. A noter aussi selon les propos de l’auteur que ces conventions ne visent pas à élucider les difficultés mais plutôt à les imposer.
- peu de personnages mais très bien définis en revanche. La téméraire infraction à cette loi est responsable de la confusion et de l’ennui fastidieux de tous les films policiers.»u
- Mettre toutes les cartes sur la table. Ne pas planquer une carte importante dans sa manche que l’on sortira par magie au dernier moment. Le lecteur ainsi aura tout le nécessaire pour trouver lui-même la réponse à sa plus grande satisfaction. Se méfier de l’utilisation souvent abusive de particules de cendres que découvre Holmes dans le dos du lecteur. Encore plus rédhibitoire, faire surgir un total inconnu comme coupable.
- avarice ou économie de moyens… utiliser les éléments déjà trouvés pour configurer le ressort de l’histoire, ne pas multiplier ses éléments à l’infini, se méfier du don d’ubiquité. La solution doit être claire et nette et pouvoir se déduire des ressources déjà mis en jeu. Il s’agit simplement de les réorganiser d’une autre façon pour le solution devienne évidence.
- insister plus sur le comment que sur le qui. Autrement dit pas la peine à chercher un nom de personnage qui claque on s’en fout, ce qui compte c’est le nouvel ordre logique que l’on découvre à partir de ces ressources restreintes et qui tout à coup confère au récit une nouvelle clarté .
- la mort comme une ouverture au jeu d’échec. Pas la peine d’en faire des tonnes, de fournir des descriptions morbides avec force d’hémoglobine de couinements de hurlements. Laissons cela aux américains qui adorent l’exagération et les pieds dans le plat. Se souvenir plutôt de cette phrase «Les pompes de la mort n’ont pas leur place dans la narration policière dont les muses glaciales sont l’hygiène, l’imposture et l’ordre». On notera une transgression toutefois dans le Noël d’Hercule Poirotd’Agatha Christie qui pour relever un défi utilisé le cri terrifiant, le sang qui coule abondamment , la scène brutale du meurtre comme clés a l’élucidation du récit.
- Nécessite et merveilleux de la solution. Ce qui signifie en même temps une seule réponse possible, mais qui surprendra totalement le lecteur, l’émerveillera… ( émerveiller doit dater d’une époque lointaine 1933, c’est très lointain)
De ces règles je n’ai pris la peine de n’en relever que les 6 plus importantes. Suivent ensuite des considérations mineures par rapport aux précédents.
-le dédain du risque physique… pas besoin de cascades. Le véritable récit policier repousse – ai-je besoin de le préciser – avec le même dédain les risques physiques et la justice distributive. Il fait abstraction, avec sérénité, des cachots, des escaliers secrets, des remords, de la voltige, des barbes postiches, de l’escrime, des chauves-souris, de Charles Baudelaire et même du hasard. ( sur ce point dommage pour moi j’aime bien voir surgir Charles Baudelaire à tous les coins de rue)
-Renoncer aux jugements et considérations moraux sauf si c’est pour promouvoir une nouvelle législation et que l’on sera payé dans ce but expressément ( si possible d’avance )
Le hasard ne sert qu’à l’auteur, il ne doit pas servir ou tromper trop abusivement le lecteur. Autrement dit se souvenir que la crédulité de celui-ci est extensible jusqu’à ce que l’élastique pète. Personne n’aime sentir sa culotte tomber sur ses genoux.
Nul intérêt non plus de s’étendre sur la vie privée de l’enquêteur tout le monde sait qu’il ou elle est divorcé et amoueux(se) de l acteur(trice) principal(e).
voilà, yapluka imprimer ça et le coller sur le mur; puis le lire pour tenter le plus souvent possible de le contredire évidemment .