épuiser le sens

Exercice pour épuiser le sens. Changer l’ordre des mots, contredire chaque proposition par une autre. Sortir du sens ordinaire, d’une surface. N’a pas penser pour autant que la profondeur est plus sensée, jouer avec surface et profondeur sans jamais y tomber, s’y installer. On peut partir une fois encore de n’importe quoi.

Je vais acheter du pain. Quelqu’un a t’il faim. Une envie de tartines beurrées. ce quelqu’un qui est-il, est-ce moi ou ce qui s’écrit lorsque j’écris je vais acheter du pain. Est-il possible que quelque chose d’autre que moi puisse écrire je vais acheter du pain. un personnage qui emprunte le pronom personnel je mais qui n’est soit pas vraiment moi soit pas du tout. Je pourrais écrire quelqu’un va acheter du pain. Acheter ce n’est pas donné, un échange s’opère, il faut de l’argent et il faut aussi que l’on sache où trouver le pain. Et cela semble si évident que contre un peu d’argent on puisse soudain obtenir une baguette ou un pain de quatre livres. Est-ce vraiment évident… il faudrait pouvoir remonter dans le temps, parvenir à la toute première fois où quelqu’un a dit ou a pensé je vais acheter du pain. Forcément une époque où existait à la fois l’argent et le pain. Des recherches mèneraient quelque part dans le temps. On pourrait aussi l’inventer complètement, vers moins 5000 avant Jésus Christ je vais acheter du pain. C’est un nouveau produit, un type a inventé ça entre le Tigre et L’Euphrate. A moins que simultanément de nombreux types l’aient inventé pratiquement en même temps en différentes points de la planète. Comme on aurait inventé le feu ou la ou la première blague. Ne pourrais-je pas dire je vais acheter du pain au Pérou par exemple, sous le règne de tel ou tel obscur empereur dont le nom s’est perdu dans l’oubli. Par contre la recette du pain non, elle n’est pas perdue. N’est-ce pas miraculeux que je puisse écrire je vais acheter du pain à Lima ce 14 février à 7 h dans divers calendriers dans différents temps, et différents lieux. Cela signifie que je est toujours là quelque part, que des échanges entre lui et les autres existent depuis des temps immémoriaux aussi bien que ce produit constitue de farine et d’eau qu’est une simple miche, un pain de quatre livres. Donc on peut désormais penser au blé, aux céréales en général, au goût que peut avoir ce pain que j’achète de tous temps en tous lieux. Du pain blanc, noir, blond, gris, peut-être même de différentes couleurs qui ne sont plus usitées aujourd’hui. La bible parle bien du pain mais jamais de sa couleur vraiment. Toute une vision colorée du produit se sera perdue. N’est-ce pas un petit désastre quand on y pense. Je vais acheté du pain ou le pain. ce n’est pas non plus tout à fait la même chose. J’achète un pain non plus. ce serait n’importe lequel. Changeons l’ordre. Ce pain que je vais acheter. Je le vois il m’attend sagement sur l’étagère, virtuellement car je ne sais pas encore si la boulangère prendra ce pain imaginaire ou le pain d’à côté. Elle me donnera alors un autre pain, ce pain là où un pain inattendu. Peut-être sera t’il bon ou peut-être moins que celui espéré quelques minutes auparavant. bref voilà tout ce que l’on pourrait dire juste avec le simple fait d’aller acheter son pain. Juste en prenant un peu de temps pour y penser. Pour que cet action si simple si habituelle si ordinaire nous place soudain dans une toute autre dimension que cet acte tellement ordinaire banal d’aller acheter son pain.

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