
avant le peu il y a le beaucoup pour dire
ça ne veut rien dire. ça commence comme ça. il ou elle a dit ça ne veut rien dire.quelque chose à été dit, il y a de ça très longtemps, mais ça ne voulait rien dire. C’est ce qu’ils ont dit. Dire autre chose à partir de ça c’est difficile. quand on dit quelque chose et que ça ne veut rien dire c’est difficile d’en rajouter. on doit digérer ça. c’est violent. on est en colère. on est triste. on sent que quelque chose d’important s’est passé. que ce quelque chose est encore dans le présent. son écho ne s’en va plus. l’écho persiste. ça ne veut rien dire est ce quelque chose qui est en train de se passer continuellement et contre quoi on a du mal à résister. Il faudrait pouvoir se taire, dans le silence total peut-être que l’écho diminue. On espère qu’il disparaisse. Mais non, il ne disparaît pas. il est toujours là. il arrive qu’on on soit pris de remords de regret, dans le silence. parfois on se sent mal dans le silence aussi. on découvre la honte d’avoir dit quelque chose qui ne veut rien dire. et la violence persiste elle étouffe. la conclusion est qu’on se dit peut-être ils ont raison qu’on n’avait peut-être rien à dire dans le fond. On a juste dit quelque chose pour dire quelque chose voilà tout. On l’a dit comme on pouvait, c’est un effort de dire. c’est fatiguant de dire. dire comme ça pour en être. mais on se rend compte que si on voulait en être c’est bien parce qu’au tout début on n’en est pas. on veut en être parce qu’on éprouve la sensation bizarre troublante, malheureuse de ne pas en être. on se retrouve tout à coup dans cette urgence de vouloir à tout prix en être. et à tout prix c’est dire des choses qui ne veulent rien dire pour dire au moins ça à défaut de toute autre chose. Pour essayer de s’en sortir et d’en être enfin, c’est difficile aussi. on imagine que l’on aurait pu dire autre chose. ça aurait peut-être tout changé. mais non c’est trop tard car ce qui est dit est dit. on a dit quelque chose qui ne voulait rien dire.ils ont dit mais ce que tu dis est rien, tu es rien. et c’est à partir de ce moment précis que l’on se retrouve dans cet espace, dans le peu à dire. Mais même ce peu est difficile à dire. on n’ose plus le dire. On n’ose plus rien dire. on s’accroche à ce peu qui reste, on le garde pour soi pour ne pas qu’il disparaisse, et soi avec.
le peu est un espace étroit. La contrainte fabrique cet espace. Une contrainte choisie ou non choisie aide à cette découverte qu’est l’espace du peu. Dans cet espace il est difficile de s’exprimer. il est difficile de trouver les mots. Les mots ne veulent plus dire ce qu’ils disaient avant que l’on pénètre dans le peu. On se rend compte d’un peu avant le peu. , mais c’était un peu que l’on ignorait, on ne savait pas, on croyait que le peu c’était du beaucoup.Ce beaucoup soudain ne veut plus rien dire. On se rend compte que ce que l’on pensait être beaucoup est une illusion, le beaucoup est sans doute du peu que l’on évite de voir. Puis une fois qu’on le sait, une fois que l’on est dans le peu, on ne peut plus s’en échapper. Bien sûr on voudrait s’en échapper, c’est le réflexe habituel, on connaît la musique. On s’échappe du peu en imaginant le beaucoup. Mais on ne peut plus, on a compris. On est face à la peur. On ne sait pas quoi faire non plus de cette peur. On aimerait retrouver d’anciennes bravoures, mais on sait ce qu’elles valent. On n’y croit plus beaucoup.une fois dans le peu, une fois qu’on est bien sûr qu’on y est, on fait avec lCe qu’on nomme le peu est peut-être dû même ordre que ce qu’autrefois on nommait le beaucoup. Le peu et le beaucoup sont peut-être des mots dont on se sert faute d’autres mots. On s’accroche à des mots comme à des bouées quand on est en plein naufrage.
essai d’un poème dans le peu
le peu et le beaucoup
se nomment aussi
désir et peur
un couple parmi les couples
danse le tango
dans un concours idiot
le dernier debout
crevé mais
toujours souple
et souriant
désignons le vainqueur
petit quart d’heure de gloire
acclamons les danseurs
entre poire et fromage
ah ça il ne l’ont pas volé
le prix gagné
un pathétique hommage
l’offrande ultime des nerfs
à la grande foire
aux esclaves
dommage ou misère
vertigos
à gogo
ou peut-être le dire ainsi
un espace tout petit
presque intolérable,
se plier en quatre pour y entrer.
On y étouffe. On y suffoque. On se plaint beaucoup.
Au debut.
c’est un corps.
le peu à dire
c’est le corps
qui se découvre
c’est le corps nu
qui se réfugie
quand il a peur
s’habille se dissimule
honteux
dans le beaucoup.
aujourd’hui ce peu à dire
L e peu et le presque rien (comme aurait pu « dire » Jankélévitch)… 🙂
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oui mais il utilisais le je.. je ne sais quoi et presque rien … là c’est encore pire 🙂
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merci, Patrick –
et là encore,
cette toile
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