
La marque de la machine à coudre était une Singer. Aucun souvenir de l’arrivée de cette machine dans l’atelier de couture. Les tous premiers souvenirs doivent se situer vers 1965-66. Après la mort de Charles Brunet mon aieul ; le salon du rez-de chaussée sera transformé en atelier de couture. Au début ma mère façonne comme sa mère, des cravates pour une entreprise parisienne (Kazazian ?) Ce doit être sa mère qui lui a donné le tuyau puisqu’elle est employée depuis des années par cette boite. L’activité s’effectue à domicile.
A la Varenne l’appartement comprend trois pièces dont une est à la fois l’atelier de couture et la chambre de ma grand-mère estonienne Valentine. Il y flotte en permanence un nuage de fumée. Elle fume des « disques bleues ». La cigarette lui a éraillé la voix. Elle confectionne ses cravates cigarette à la bouche, lègèrement en coin.
Cravate, cravater, se cravater, s’en jeter un derrière la cravate.
Singer du nom de son créateur Isaac Emeritt Singer qui fut aussi acteur dans sa jeunesse. Mais ce ne fut pas l’inventeur de la machine à coudre. Cétait un type de l’Arbresle dans le Rhone, Barthélémy Thimonnier (1793-1857) Il faudra peut-être revenir sur l’invention de la machine à coudre et sur cet homme qui finit dans la misère, enterré dans la fosse commune à Amplepuis. Les inventeurs finissent souvent pauvres.
Anecdote : Singer épouse à 52 ans – en 1863 Isabella Boyer, 22 ans, père français, mère anglaise. Ils s’installent à Paris en 1867 puis déménagent dans le Devon en 1870 pour échapper à la guerre. Singer meurt en 1875 laissant un héritage plus que confortable à son épouse. (14 millions de dolllars à l’époque- soit 316 millions en 2016) Isabelle Boyer Singer se remarie avec Victor Reubsaet, violoniste célèbre en 1879, et s’installe à nouveau à Paris. Le roi Humbert 1er d’Italie octroie le titre de duc de Camposélice à Reubsaet, Isabelle devient donc duchesse de Camposelice. Comme elle est encore très belle elle aurait servi parait-il de modèle à Bartholdi pour la statue de la Liberté. (Mais ce n’est qu’une hypothèse il n’y a pas de preuve)
La machine à coudre singer était au fond de l’atelier près de la grande fenêtre sur la gauche. Il faut trouver le truc pour revenir dans la pièce, se tenir au milieu afin de pouvoir effectuer une rotation complète sur soi-même. Sur la droite une porte donne – du moins c’est le tout début de mon souvenir – sur la bibliotheque bureau de mon père. Une odeur de tabac froid mélangée à celle des livres et aussi du feu de bois dans la cheminée. Mais en observant à nouveau la photo de la maison prise il y a deux ans durant l’été, Il est possible que la porte de l’atelier ne donne pas directement dans cette pièce mais plutôt sur un petit corridor ; ce couloir mène à une entrée sur la facade avant c’était autrefois l’entrée de la maison, mais nous ne l’utilisions plus lorsque j’étais enfant. On passait par derrière. Dans mon souvenir il y avait une pergola vitrée au dessus de la porte et quelques marches seulement à descendre. Mais les nouveaux propriétaires ont du faire des travaux, plus de pergola
Le bruit de la machine à coudre Singer encore audible, le pied sur une grande pédale ma mère coud ses robes de mariée. L’atelier à pris de l’envergure, elle a même embauché quelques femmes du village qu’elle fait travailler aux finitions à leurs domiciles.
Ma mère fume des Flash. En tous cas ce sont les toutes premières cigarettes de cette marque que j’ai dû fumer vers l’âge de 6 ou 7 ans. Je lui en chipais une ou deux que l’on fumait avec mon copain P. ça nous faisait plutôt tousser mais pour avoir l’air grand on n’est pas à ça près.
Il y a des mannequins dans l’atelier habillés comme des mariées. Certains avec tête et d’autres sans. Combien sont-ils deux ou trois ? Je n’arrive plus à me souvenir. Je regarde vers la porte qui sépare l’atelier de la vieille cuisine, deux surement et un autre dans l’angle oposé, mais plus indistinct, car l’endroit est plus sombre.
Comment être vraiment sûr d’un souvenir même si je trouve un truc pour revenir dans cette grande pièce. Que j’imagine y revenir. Rien ne prouve que je n’invente pas completement cette pièce et tout ce qui s’y trouve.
On devrait tout noter depuis le début pour ne rien oublier. Et faire des dessins, des photos sans relache.
Puis on en ferait quoi ? Même pas sur qu’on relirait, qu’on feulleterait, tout cela s’entasserait encore dans un grenier, une cave pour finir dans une déchetterie
A moins d’un livre evidemment. Mais même un livre…
Plus j’ai envie de tout oublier tout me revient. Que j’ai envie de le noter est une chose déjà suspecte. Que j’ai envie à partir de ces notes d’écrire un livre n’est-ce pas encore plus suspect.
Il doit se passer quelque chose avec le désir et le renoncement en ce moment qui m’échappe.
Je suis étonné de ne pas avoir repris une seule cigarette depuis le 27 février. Parfois je peux éprouver le désir de fumer, mais aussitôt j’y renonce avec une étonnante facilité.
Peut-être arriverai-je à faire pareil avec l’écriture. Eprouver l’envie d’écrire, mais y renoncer et en ressentir une légère fierté.
L’écriture est peut-être une fumée : panache (ou volutes de Sioux) qui s’élève et embaume soudain puis disparaît. ) °O°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
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Inventés ou pas, ce sont de beaux souvenirs. Une fiction pourrait aisément s’y broder.
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Souvenir de la Singer de ma mère… qui ne fumait pas
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