
c’est le mot le lieu, ou le lieu le mot. La continuité comme une boucle effectuée des centaines, des milliers de fois par une énergie électrique dans un circuit et qui ne s’interrompt pas tant qu’on ne touche pas à l’interrupteur. Qu’on ne change pas de lieu, de mot. Il aurait aussi pu y avoir un lien avec Leibniz. Avec sa théodicée. Avec un happy-end. Mais l’électricité suffit pour parler du lieu. Il suffit d’une ampoule au plafond pour qu’il s’éclaire. Il suffit d’un mot, maison ou chambre. Et y revenir n’apporte pas de joie, pas d’intérêt, aucun profit. C’est à dire qu’il y aurait à la fois un mot et un lieu et une continuité qui continue en dehors de soi ou avec soi mais dont on ne saurait rien faire ni penser. Ce ne serait pas un événement, mais un conteneur plus ou moins neutre dans lequel des événements se sont passés. Plus ou moins neutre car on ne se soucie pas vraiment de l’environnement. Ou depuis peu. L’hypnose des actions, des surprises, des événements nous égarent . Puis les choses se tassent, l’âge passe et on se tasse aussi. L’hypnose a cessé ne reste plus que le mot ou le lieu. Mais ils semblent devenus l’un comme l’autre étranges ou étrangers. On dit maison à voix haute et ce n’est plus cette maison vraiment mais un palimpseste de mots délavés Ce qui n’est pas dénué de charme au bout du compte.
Difficulté de l’exercice, la continuité de maintenir un mot, un lieu en soi, une fenêtre sur le réel alors que tout le réel n’est plus qu’un mot et mille lieux qui se perdent avec le temps.
L’écriture veut dire plus. Il ne s’agirait pas d’obéissance, il ne s’agirait plus de ça. Mais d’y résister, de ne pas se laisser faire après s’être beaucoup laissé avoir.
Etre écriture.
Peut-être qu’à partir de cette planéité le mot le lieu peuvent exister autrement.
Il ne s’agirait pas de revivre des émotions qu’elles soient agréables ou pas. Il ne s’agirait pas de s’enfuir dans le récit.
il faudrait observer la phrase s’écrire d’elle-même quand elle tourne autour de quelque chose. Une phrase possède t’elle son but interne en amont ? Ou bien se cherche t’elle comme ce brouillard qui dévale des collines tombe sur les champs envahit le jardin et déjà s’empare silencieux de la maison et de cette chambre.
Il reste un regard qui contemple tout ça. Un regard et une fenêtre dont le contour reste étrangement précis pour offrir un bon point de vue sur l’imprécis.
Se sentir happé par tout ce qui n’est pas cette fenêtre est le risque qui mettrait fin à la continuité
Une errance s’en suivrait, errance d’une écriture qui a perdu son point de vue, qui les aura multiplié pour savoir qui elle est.
Puis qui revient à l’aridité comme on s’étanche à une eau claire.
La maison est là, la chambre, la fenêtre. Les mots sont toujours là.
Prendre appui sur eux, s’en servir n’est pas le but de l’exercice.
On sent qu’il peut y avoir autre chose à faire avec les mots. Ils le sentent sans doute eux-mêmes.
Cependant tout reste indistinct encore. Comme si le brouillard était un personnage important appartenant à l’écriture. Comme si le brouillard était l’écriture. Comme si l’écriture la maison, le jardin, les champs les collines n’étaient qu’une seule et même chose.
Une sensation ambiguë dans laquelle se mêlent l’égarement et les retrouvailles.
Puis une image de prunus, de fleur de prunus associée au printemps surgit à travers la fenêtre. Est-ce que l’on s’habitue à l’arrivée du printemps ? Est-ce qu’on n’en est pas encore surpris ? Et de pénétrer tout entier à nouveau dans la texture de ces fleurs de prunus comme aux tous premiers jours d’une vie. Comme on s’est lassé d’écrire tout un hiver et que on se surprend à écrire de nouveau, écrire un renouveau, un renouveau qui s’écrit.
Le lieu le mot ne sont pas ailleurs qu’ici dans la continuité de l’écriture.
