
Toi œuvre à venir
Projet projection projetée à partir de qui de quoi qui es tu ?
sinon un rêve, mieux encore rêvé d’un ou de milliers de rêves multiples
arbre à maintes branches et racines
quelle est ta taille, ton épaisseur ton encombrement, ton essence ton emplacement au sein de la grande de l’immense forêt des œuvres déjà faites, de celles à venir ?
Est-ce toi qui m’ impose d’aller à ta rencontre ou la petite mélodie de l’air du temps
Et si je me bouche un instant les oreilles perdrais-je alors la chanson ou bien est-elle déjà là inscrite depuis toujours tout au fond de moi, dans l’élucubration due à mes insomnies ?
Mais alors dans quel moi vraiment te tiens-tu et qui m’échappe sitôt que j’effectue par distraction le moindre pas au dehors dans la rue
n’es-tu pas pure distraction qui m’oblige à m’enfuir dans d’autres toujours si décevantes pour revenir vers toi ?
Toi peintre imposteur
Tu es peintre, tu dis que tu es peintre et cela te semble si ridicule de vouloir ainsi te définir au regard d’autrui. Peut-être que c’est pour qu’on te flanque la paix, qu’on cesse de t’ennuyer avec ce fameux qui es-tu. Tu t’es inventé un rôle, une fonction, mais non par vocation vraiment, pas par désir, par obligation serait plutôt le mot. De là toutes ces difficultés, parmi lesquelles celle surtout de rester face à ton chevalet alors qu’en fait tu préférerais mille fois aller marcher dans la campagne, voir leurs formes leurs couleurs leurs mouvements, en être sans éprouver le moins du monde le besoin de l’exprimer.
Toi tu dis que tu es peintre mais tu ne peins pas tant que ça, tu donnes seulement l’impression que tu peins ce qui passe de moins en moins inaperçu à des regards avertis, à tes yeux à toi tout au moins. Ce qui te fait songer à cette vieille cette profonde résistance à tout engagement de ta part sinon pour pallier au plus pressé toujours à l’ urgence, aux factures, à l’argent, à tout ce qui est bien loin d’être poétique ou romantique. Tu dis que tu es peintre pour faire le malin, l’avocat du diable, tourner en dérision un mythe, peut-être ce mythe de l’œuvre à venir et qui ne vient jamais, car comme le disent les punks: » no futur » mon petit vieux, tout au présent sont les êtres les choses les vérités comme les illusions.
Et tu pourrais en être désespéré si tu ne trouvais pas tout ça si drôle si bizarre, si beau, mais d’une fréquence dure à tenir pour s’en souvenir.