
A quoi cela lui a t’il servi de te juger autant, sinon de construire toutes ces années des murs entre toi et lui, des murs qui prennent la pluie, des murs inutiles, des murs sans toit, des murs sur quoi taper plutôt que de venir se jeter insouciant dans tes bras.
Il se sera fait mal maintes fois et, regarde, comme tu le craignais autrefois, ses yeux sont devenus larmoyants. Tu détestais les hommes au regard larmoyant, je m’en souviens. Il dit que c’est l’opération, et nous faisons semblant d’y croire. Nous hochons la tête dans ces cas là.
Et puis hier il nous a enfin dit quelque chose de toi, il a commencé par dire -sans la juger– et je ne me souviens plus de la suite. C’était si inespéré que ça m’a rendu sourd à tout le reste par la suite.
Depuis lors ces trois mots sont comme un poids mort dans une eau vive.
Sans la juger…
Que deviennent vraiment les gens que l’on ne parvient plus à juger. ils s’éloignent doucement de nous, là-bas au large, et nous, nous sortons soudain un mouchoir pour dire Adieu, pour pleurer, mais ce n’est pas eux qu’on pleure bien sûr, c’est toujours nous. Pauvres de nous.
quand on ne juge pas l’autre, on se lamente sur soi, est-ce bien différent, je ne crois pas.
Ensuite il a encore voulu dire quelque chose encore mais rien n’est sorti.
Ensuite encore il y eut le bruit de la vaisselle qu’il a déposé dans l’évier.
-je nettoierai demain en mettant le café en route, je vais me coucher j’ai dit.
-Elle me manque tellement il a soudain dit
J’ai fait semblant de ne pas avoir entendu.
Fort. Très émouvant. Merci, Patrick!
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merci Geneviève !
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