
un simple voyage à effectuer me met dans tous mes états et ça m’agace. Je ne vais pas au bout du monde pourtant, à moins que le bout du monde ne soit plus le même qu’autrefois,; que se rendre à Poitiers soit devenu pour moi la nouvelle extrême… l’ultime, avec tout l’effroi que ce mot signifie évidemment.
La vieillesse n’est peut-être pas qu’un état d’esprit; chacune des cellules du corps engage un débat de normand, peut-être bien que oui …peut-être bien que non… à propos de la difficulté nouvelle que l’on découvre à se déplacer vers un lieu inconnu.
Je ne parle pas des trajets habituels qui sont inclus dans la sphère de la sédentarité ordinaire. Non, ce sont ces voyages vers un ailleurs qui le repeignent d’une façon bizarre et surtout dont on n’avait que faire jadis.
C’est que l’on était tellement pris dans la rêverie des toponymies, des illustrations, des images qui nous envahissent à propos de tout , et n’importe quoi, qu’il était facile de faire coïncider un désir avec une pseudo réalité que l’on s’inventait à la hâte, pour satisfaire ce désir. Alors que vieux, on est devenu bien plus méfiant, carrément trouillard, on sait bien à quel point tout est si fragile à commencer surtout par soi.
Mon agacement vient de ça, d’être vieux et fragile, de cette vue d’esprit. Mais une fois le cul posė sur la banquette du premier train en partance certainement que je me calmerai, une fois en mouvement on ne pense plus à toutes ces choses désagréable, voire stupides.