vocabulaire

avoir du vocabulaire, avoir de quoi, ce n’est pas la même chose qu’être au fait des mots, explorer à chaque instant toutes leurs significations, au sens propre comme au figuré. Être dans le mot comme dans une embarcation en pleine mer, par tout temps que ceux-ci soient calmes ou agités.

Ainsi le mot « vocabulaire »peut-il donner du fil à tordre sans même y penser vraiment, créer des gènes, des prétentions, des extravagances comme des excès de scrupules. L’obsession du vocabulaire revient parfois par bouffées ou averses. A ces moments là, relever le col de la veste, ne pas se laisser effrayer ni distraire, continuer son chemin, faire avec ce que l’on a. Ce qui n’empêche pas de rester curieux envers les inconnus, de visiter les dictionnaires.

Absorber un nouveau mot exige un minimum de circonspection, ne pas décider trop vite qu’il nous appartient, mais tenter de remonter son âge, comprendre son étymologie, sa raison d’être, sa constitution en premier lieu. Le prononcer en pensée, à voix basse, puis un peu plus fort, pour écouter s’il nous va comme peut aller une chaussure au pied. Si c’est douloureux, bizarre, décalé, ne pas essayer de modifier ses pieds, de faire semblant d’avoir l’air, demander une autre taille, une autre paire, un autre modèle, peut-être moins « chic » mais plus confortable, s’y retrouver pour poursuivre la marche.

Amasser du vocabulaire comme on amasse une fortune, puis tenir chaque pièce, chaque billet, chaque nombre aligné en colonne dans une indifférence à terme parce qu’on n’a pas produit d’effort pour les obtenir autre que celui de les récolter. procure une forme d’ennui, un enfermement, un quant à soi. C’est de ce lieu circulaire que fusent les jugements comme autant de barricades pour sécuriser l’endroit. Ceux qui n’ont pas autant de vocabulaire, de panache, de fortune, deviennent les gueux dont nous tirerons notre sentiment de richesse, et toute la tristesse qui va bien avec.

Plus jeune on s’invente parfois des super pouvoirs. Par exemple celui de déceler les mots qui ne conviennent pas dans une bouche. On s’invente tellement de choses quand on est jeune, très peu survivent avec le temps, et c’est de tous ces cadavres, ces fantômes que tire sa substance une forme, de plus en plus rigide sans même qu’on s’en rende compte, que l’on nomme par bravade, la sérénité.

2 réflexions sur “vocabulaire

Votre commentaire

Choisissez une méthode de connexion pour poster votre commentaire:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.