
( tentative d’ épitaphe )
Bien qu’en plus grande part ne soit concerné la lectrice et le lecteur qui, tant bien que mal, tente, comme on peut de suivre les chroniques désastreuses, grotesques, absurdes, absconses et ridicules de ce blog très décousu, sans queue ni tête, et, finalement, désolant, l’obstination pugnace de son auteur- peut-être est-elle d’ailleurs l’unique personnage digne de cette appellation- l’obstination dis-je donc, parvient enfin à sa limite ou l’invente ou la crée (elle n’en est plus à cela près) pour ses besoins quand elle en éprouve , soudain, l’impérieux besoin d’en avoir besoin.
Cernée par la misère ambiante elle résista vaillamment, l’obstination, ( Hourras, bravos ici ) aussi valeureusement n’en doutez que Durandal au bras de Roland à Roncevaux, qui, après voir donné du cor, fut débordé de toutes parts par les belliqueux maures, autrement dits aussi inflation, taxes, décrets, charges de tout acabit, tandis qu’au même instant Anne, la sœur Anne, appuyée sur ses créneaux, du haut de son donjon, dodelinant du cou, (joli port de tête en passant) se lamente encore et toujours de ne rien voir venir, c’est normal, il fait nuit.
Ainsi donc par les maures, par la misère, par la nuit, par Toutatis et Parmesan, ne reste que peu de chose sinon rien que les mots à lire, à dire, à explorer, à expérimenter , pour jouer, pour rire, pour ne pas trop vite rendre son tablier, plier bagages, mettre un point sur le i, une barre au t, un terme au terme, tirer le rideau, murmurer nada ou basta , s’enfoncer dans le sol, se faire tout petit, s’enterrer, se pendre, aller se faire voir ailleurs, déguerpir, prendre les jambes à son cou, se crever les yeux, tirer une dernière fois la langue, faire la nique ã la lune, roter, péter, fienter, pisser, être à jeun, se doucher se raser, s’ėpiler, s’épouiller , s’habiller- l’urgence ennemie, ainsi tenue à distance, on prendra bien le temps – attaché, ligoté, pieds et poings liés au bûcher des vanités, de relever le menton, de garder tête haute, et, d’un œil borgne ( aussi nommé royal en ce royaume aveugle), voir, une dernière fois, ce qui nous entoure, l’environnement catastrophique, toute cette misère qui ne vient pas que de l’intériorité, qui n’est pas qu’inventée, mais que, en grande partie sinon la principale , on aura laissée pénétrer, soit par générosité, soit par crainte, par solitude, soit par inadvertance, soit par ignorance, ou bien par bêtise tout bonnement.
L’artiste, le poète, le marginal, le gueux, le laissé pour compte, le dépossédé, doit vivre régulièrement , comme à tempérament, l’écartèlement, la question, le bûcher, la crucifixion, c’est ainsi, et la modernité ni changera rien qui n’est qu’un trompe-couillon, un voile que l’on serait sot de qualifier de pudique tant il est devenu lâcheté, férocité larvée, tromperie, iniquité.
Quoi, qu’un individu ne chante pas le même air que ses contemporains est-il donc toujours intolérable à notre époque qu’à celle de François Villon, même si , bien sûr , c’en est fini du gibet de Montfaucon, du guet qu’on rosse au coin des rues, des joyeuses beuveries sans modération. Mais bien sûr, qui donc a dit qu’en changeant de téléphone on changerait de nature, quelle mocque !
Si la merde n’est plus dans le sillon des ruelles elle est belle et bien dans l’égout crée par toutes les normes, notamment de pensée et d’hygiène, dans le bien vivre ensemble si hypocritement nommé, tout comme la pensée nommée pensée, qui n’est rien désormais qu’une suite d’ennuyeux poncifs, des clameurs, des rumeurs, ânonnés par des perroquets (dont l’auteur comme tout à chacun ici- bas fait partie qui en douterait? )
Si le grain ne meurt rien ne peut sortir de lui, sans doute est-ce à cause ou grâce à de telles phrases qu’on construit, d’une façon adroite ou bancale une vie, ou un blog, une entreprise, un pays, un livre.
Le résultat final, le produit, n’est que d’un intérêt fort limité, c’est plutôt le voyage, les aventures, les émois, les lieux et les êtres rencontrés sur le trajet, la joie qui demeure et que l’on retrouve au terme, débarrassée de toutes les peines, les chagrins comme autant d’ illusions, la joie et elle-l’obstination- qui, pour finir ne font qu’une seule et qui d’une seule voix, claire, entonne, écoute-la, lectrice lecteur, le bel adieu.