
je l’ai entendu beaucoup et je l’entends toujours , c’est souvent un reproche; un rappel à l’ordre ou à la raison. Mais quoi, comment ose-tu, moi qui ai tout fait pour toi, moi qui t’ai nourri, quelle ingratitude .
Pas rare que ce soit plus facile de faire à bouffer que de prendre l’autre dans ses bras, de lui parler, de lui dire vraiment la vérité.
Le facile et le difficile et tous les modes de communication qui en découlent.
Et si on inverse les choses ?
Pour faire à bouffer, il faut du fric, dont il faut en trouver, pour en trouver il faut travailler, se rendre à ce travail de bonne heure, supporter les autres toute une journée de travail, qu’on l’accepte ou pas, revenir ensuite, entrer dans un supermarché, chez un boucher, un épicier, être à peu près poli, vider son porte-monnaie, faire une carte bleue, grossir encore le découvert, prendre un crédit à la consommation, et enfin rentrer chez soi exténué.
Faire à bouffer.
Et là le merdeux se pointe la gueule enfarinée, tu ne m’aimes pas assez etc.
Alors tu réponds moi qui t’ai nourri, ou moi qui t’ai donné la vie, ou moi quelque chose, n’importe quoi en fait pour ne pas être gommé de la surface du monde soudain. Quelle injustice non ? Qu’il te reste une maigre chance d’exister un tout petit peu jusqu’au moment de poser la tête sur l’oreiller quoi.
Moi qui t’ai nourri…. quelle ingratitude.
Le merdeux en profite pour s’enfoncer encore plus dans ses rancunes pour se construire ainsi avec la rancune. Pour n’être plus que rancune.
Tristesse, malheur, rancune des trop nourris, des trop habitués, des borgnes parfois très semblable à ceux qui se vivent sous-alimentés.
l’origine d’un mode de communication le plus facile du monde sans doute.