« Bien entendu je me suis encore trompé sur toute la ligne ». La créature doit se tromper pour que le maître arrive et–normalement– l’extirpe du mauvais pas dans lequel elle s’est fourrée.
C’est un jeu, il y a certaines règles, normalement, on devrait se sentir tenu de les respecter.
Mais, cette fois le maitre adopte une toute autre tactique, il décide de ne rien faire et la créature se retrouve estropiée.
Ce qui ne porte pas chance au maître, puisqu’il doit désormais se débrouiller pour effectuer seul ses corvées quotidiennes.
Les forces en présence. toujours la même chose, depuis des lustres, le bon et le méchant, le bien et le mal. C’est la vie comme on dit.
Mais que dire de la troisième force dont on ne parle jamais ? Celle crée par le frottement des deux autres ?
Où se situe le véritable courage pour la créature ? Est-ce le fait d’affronter perpétuellement le maître, de lui obéir servilement ? Un peu des deux selon la météo ? Rien de tout cela ?
Il y a un mystère de la créature comme il y a un mystère du maître.
Dites-moi que les deux se valent.
Il y a aussi un mystère du spectateur qui regarde se dérouler le roman, le film, sa propre existence.
Ensuite bien sur on peut encore dire beaucoup de choses, tripoter tout cela à en vomir d’auto satisfaction, d’ennui ou de dégout…Des maîtres et des serviteurs l’ennui et le dégout, au même titre que l’occupation et l’amour et même l’indifférence.
Et aussi, ne pensez-vous pas que, de façon régulière, mettons une fois ou deux par jour , quand ce n’est pas à la minute, les rôles puissent ne pas être figés, qu’ ils peuvent s’intervertir, que la créature devienne un instant le maître et vice versa ?
C’est un dialogue. Au début, un dialogue de sourd. Puis l’oreille s’ouvre comme s’ouvre une marguerite au beau milieu d’un champ de marguerites.
Il n’y a que des marguerites partout et plus personne pour les effeuiller. Elles tournent leurs têtes vers le ciel, vers la lumière; mais elles ne bronzent pas comme les touristes en août sur les plages. Elles n’ont pas l’air de subir, il est possible qu’ elles échangent.
quel mystère que ces échanges !

Peut-être que je me suis encore trompé sur toute la ligne oui. Qu’il ne faut rien vouloir construire à partir des impressions. Il faut juste les laisser nous pénétrer pour nourrir quelque chose en soi. La créature boit un café, le maître se laisse pénétrer par l’impression procurée par le gout du café, son odeur, le poids du mug. Et puis une fois la tasse reposée on passe tous les deux à autre chose. Chacun va de son coté On met un temps fou à se laisser pénétrer par cette intuition. Ensuite on ne peut strictement rien en faire. C’est comme ça, c’est la vie. Ce n’est pas triste, pas gai, c’est entre les deux, il s’agit de ne pas trébucher bêtement-se dit-on. Et, évidemment, le simple fait de se le dire nous fait aussitôt trébucher.
Tant que l’on veut saisir ce qui se dissimule sous les mystères ce sera toujours ainsi. Ou totalement différent. C’est à chacun de voir.
Et une fois que l’on a écrit tout cela est-ce que l’on se sent plus avancé ? Il vaut mieux pas. Cette pensée nous ferait aussitôt reculer de quatre cases sur le jeu de l’Oie.
💙💙🌼
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