
Dispositif personnel détournement d'un exercice d'atelier d'écriture.
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Exemple avec Ernst Lubitsch né le 29 janvier 1892 à Berlin, mort le 30 novembre 1947 à Bel air ( Los Angeles)
Le fait qu’il naisse un 29 janvier, même jour que moi, me le rend proche aussitôt. Combien de personnes ai-je rencontrées dans la vie nées un 29 janvier. Et encore pas directement mais par leurs ouvrages ou par ouïe dire Que des morts à bien y réfléchir. Tcheckov, Romain Rolland, Blasco Ibanez, Barnett Newman, Maurice Joyeux, Henri Queffelec et donc Ernst Lubitsch, pour ne citer que les premiers qui me viennent à l’esprit
Cette proximité de dates, l’intérêt déclenché par une proximité astrologique, ce que ça vaut vraiment, aucune idée. Semble puéril, enfantin.
Cela m’indique tout de même à quel point je fus imbibé jadis enfant dans les propos astrologiques et combien tout ça perdure.
A Paris dans l’appartement de la rue Jobbé- Duval, en jouant sous la table de la salle à manger.
Dans les journaux que mes grand-parents lisaient, un magazine, la grand-mère surtout, lisait à haute-voix les minces paragraphes de chaque signe astrologique des habitants du lieu. Elle prononçait bien fort le nom du signe pour qu’on l’entende du fin fond de l’appartement, jusque dans la salle de bain.
POISSON pour nommer celui du grand-père et s’il y avait une menace qui pesait, un danger, quelque chose à redouter, elle prenait un plaisir non dissimulé à le dire.
…20 marks par jour, au lieu de 100 par mois ! en 1912, la même année que la représentation de Miracle est filmée, ce n’est pas la passion du cinéma qui fit entrer Ernest dans la cinéma mais plutôt l’appât du gain…
La notion de glissement d’une image à l’autre. On part sur Ernst Lubitsch à Berlin on arrive soudain dans une chronique astrologique en 1965 à Paris.
Le personnage de Meier est à rapproché de celui de Schlemilhl
Meier personnage crée par Lubitsch et qui est l’archétype du comique juif-allemand.
Schlemilhl ou l’étrange histoire de l’homme qui avait vendu son ombre , personnage d’une histoire de Adelbert Von Chamisso. Publié en allemagne en 1813, parut en France en 1822, traduction Hyppolyte Chamisso
Qu’un homme vende son ombre pour se retrouver à réaliser des films dans lesquels il joue le rôle de Meier la boucle semble bouclée
Lubtitsch sera à cette époque aussi célèbre dans ce rôle en Allemagne que Harold Lloyd et Chaplin en Amérique, Max Linder en France
En 1916 Lubitsch abandonne sa carrière d’acteur pour se consacrer à ses propres films ( 1918 Les yeux de la momie, et Carmen ) ( 1919 la princesse aux huîtres ) Il réalise également quelques films historiques ( la Du Barry et Ann Boleyn) ainsi que des comédies. Il acquiert une stature internationale et en 1921 sera invité aux Etats-Unis pour la première fois.
Le cinéma et le théâtre d’ombres, la lecture de l’histoire de Peter Schlemilhl continue à produire son effet sur la lecture de la biographie de Lubitsch.
Cette histoire je l’ai lue alors que j’étais enfant parmi tous les autres contes, je l’avais oubliée et voici que tout à coup elle ressurgit avec son aura prémonitoire de menaces.
Ce qu’elle signifie c’est que la réussite ne va pas sans un sacrifice important, ombre ou âme, qu’on peut poursuivre cette erreur jusque la limite de l’ultime avant de soudain prendre conscience de l’illusoire d’un tel but
Mais il est souvent trop tard, la déchéance est le tribut à payer à l’égarement. On jette la bourse de Fortunatus dans un puits et le diable avec. La seule quête qui vaille ensuite est de retrouver son cœur.
Ainsi retrouver le cœur redonnerait en même temps une ombre et une âme à celui qui les aura perdues.
Toujours enfantin en premier lieu, puéril. Ces mots qui surgissent comme une résistance, un barrage.
En filigrane une reconnaissance de la judéité ashkenaze, mélange de fatalité et d’humour. A rapprocher étrangement de la mentalité sicilienne, notamment ceux qui ont dû émigrer en Afrique du Nord. Ce qui rapproche c’est bien cette notion de “cœur” d’humanité, d’acceptation de l’autre, de sa reconnaissance. Une plénitude de la reconnaissance. La plénitude d’un ciel bleu.
A moins que ce ne soit que mon fantasme personnel que je ne cesse de projeter sur ces communautés.
Je passe la période Hollywoodienne qui ne parait pas être un succès.
Qu’est-ce qu’on appelle la Lubitsch touch ? qu’est- ce que j’en retiens, ce qui m’intéresse d’y trouver quant à l’écriture…
.Un mélange subtil et sexy d’humour et d’esprit de retenue.
-Un contrepoint de tristesse poignante pendant les moments les plus gais d’un film.
-C’était l’utilisation élégante de la super blague. Vous aviez une blague et vous vous sentiez satisfait, puis il y avait une autre grosse blague dessus. La blague à laquelle vous ne vous attendiez pas. C’était la Lubitsch Touch
-.. un style qui fait allusion au sexe, de manière ludique adulte dans ses thèmes, sans jamais franchir la ligne de démarcation invisible qui séparait le charbon du génie.
-La Lubitsch Touch » peut être considérée de manière concrète comme dérivant d’un dispositif narratif standard du film muet : interrompre l’échange dramatique en se concentrant sur des objets ou des petits détails qui font un commentaire spirituel ou une révélation surprenante sur l’action principale.
-Dans son sens le plus large, cela signifiait aller du général au particulier, pour se condenser soudainement en un seul instant rapide et habile cristallisant une scène ou même le thème entier … l’idée d’utiliser le pouvoir de la métaphore en condensant soudainement la quintessence de son sujet dans un commentaire ironique – un commentaire visuel, naturellement – qui disait tout
L’attirance pour les contraires n’est pas une légende. C’est la première réflexion qui me vient après avoir noté toutes les vertus lubitschiennes.
Pourquoi ai-je choisi Lubitsch ?
Mon intérêt pour le montage vidéo en ce moment m’entraîne à examiner de plus près ma façon de voir le cinéma et la vidéo. C’est à dire toute image mouvante, glissante et la façon surtout de passer d’un plan à un autre. Nous sommes tellement imbibés dans cette vision, moderne, en opposition au cinéma d’autrefois ( longs plans fixes ) ou même à l’image fixe, peinture photographie, que nous ne nous en rendons mêmes plus compte. C’est devenu complètement inconscient ( en tous cas pour moi )
J’avais déjà repéré ce phénomène enfant alors que je m’immergeais dans la lecture des bandes dessinées. La vitesse avec laquelle on s’immerge dans un code sans même l’analyser consciemment. On saisit inconsciemment le code.
Ce phénomène d’immersion aura toujours été prioritaire je crois. D’abord je m’immerge, je suis submergé, et longtemps après je réfléchis à la façon dont cela s’est passé, ce que ça a produit, pour en extraire des réflexions que je nomme personnelles.
Il en va exactement de même avec la peinture et l’écriture.
Je me laisse submerger, comme si je n’attribuais plus aucune confiance à l’analyse, à tout ce qui peut constituer un mécanisme de défense, de protection, une stratégie de combat. Puis, à un moment, principalement en temps de crise profonde, généralement financière, la pensée, l’analyse, ressurgissent
L’image de la Vénus de Botticelli dans son coquillage qui sort de la mer
L’allégorie de la renaissance.
Certainement à associer aussi avec Dante et Béatrix
Ou avec ma vie sentimentale dans son ensemble.
Qu’un visage, une silhouette, qu’un être que l’on pense connaître puisse ainsi glisser vers l’allégorie
Ce glissement provient certainement d’une instance profonde de modestie, d’humilité véritable, le gant retourné de l’orgueil.
Je sais que je ne peux te connaître donc je plonge dans l’inconscient là où nous pouvons peut-être nous rejoindre et nous perdre en même temps.
Mon premier reflexe était de placer la Vénus de Botticelli en illustration. Puis j’ai pensé à son San Sébastian, bien supérieur en sérénité à mon sens malgré toutes les flèches qui le transpercent.
Il se peut que le mot sérénité soit un mot clef. Non pas une quête de sérénité comme souvent on se trompe à le dire, mais plutôt une longue, et parfois fastidieuse et pénible vérification qu’elle est belle et bien à l’intérieur de soi, qu’on ne puisse rien faire vraiment pour la perdre.
Ce qui encore une fois parait puéril, enfantin, naïf naturellement.
Il a l’air de penser : Allez, encore une ! Même pas mal !
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oh peut-être qu’il s’en fiche
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