Une erreur d’Edouard Levé.

visionné il y a deux jours une vidéo sur la réception d’un bouquin. « Inédits » d’Edouard Levé. Ce que j’en conserve en mémoire tourne en boucle depuis lors. Sorte de tâche de fond. Si tu veux faire un roman tu te plantes. Phrase que je trouve à l’instant même où je l’entends parfaitement exacte vu mes tentatives avortées dans ce domaine. Maintenant ce que j’en comprends est peut-être différent. Comparer ce que l’on comprend, revenir à la source et réfléchir. Comparer à l’intention de celui qui émet cette phrase. A sa vision personnelle de ce qu’est -pour lui- le terme littérature. Et aussi prendre en compte une notoriété, un parcours, des preuves qui l’autorisent à imposer cette vision. Se comparer à cela est une ineptie à priori. Et puis toujours l’idée d’écrire pour le « populaire » que l’écriture soit abordable comme la peinture le serait dans mon esprit. Ou dans ma volonté bizarre parfois qu’elle le soit. Alors que tout compte fait si je regarde assez froidement qui je suis je n’ai pas grand-chose de « populaire » justement. Et donc je me demande si certains ne sont pas tentés d’apparaitre ce qu’ils ne sont pas, c’est à dire vouloir écrire des fictions, des romans pour avoir l’air. Peut-être est-ce un peu ce qui serait reproché à Edouard Levé ici. C’est que n’est pas populaire qui veut seulement l’être. Un London, un Mark Twain, un Dickens, peuvent être classés dans cette catégorie des écrivains populaires. Voire Maupassant, En fait tous les écrivains qui ont écrit des histoires pour gagner de l’argent et se nourrir, Balzac aussi écrivain populaire. Zola sans doute moins, étrangement, à part quelques uns de ses ouvrages les plus connus. Mais ils ont quelque chose de plus que ce qu’on pourrait appeler populaire aujourd’hui. Ils ne prennent pas le peuple pour un ramassis de crétins. Leurs récits si simples sont-ils en apparence, partent d’une pensée souvent profonde, et d’une expérience vécue. Alors que la fiction pour la fiction n’est souvent qu’un jeu d’esprit sans vraiment beaucoup de substance. Je me souviens par exemple avoir mis du temps à lire Calvino autrefois, et bon nombre d’auteurs du même genre–Notamment Borges. Trop intello, trop philosophique, trop ludique. Carver me correspondait beaucoup plus dans le genre populo. Oui mais justement c’est tout le contraire du populo Carver. Sauf qu’il s’appuie sur le réel. Grande différence avec la création de pays étranges, fantastiques, de villes improbables. Donc si tu veux écrire un roman ne cherche pas à écrire un roman. Ecris des textes au jour le jour, appuie toi sur la réalité. Prends des notes, exerce-toi à composer des listes de mots, à prendre une locution et l’épuiser. Travaille le fragment. Et ensuite relève les manches et pose-toi la question de savoir comment assembler tout cela. Grande chance que tu tombes sur un roman déjà écrit sans le savoir. Ou du moins son corps, sa substance, sa trace. Que ça devienne ensuite publiable est une toute autre paire de manche, mais ne pars plus bille en tête à vouloir écrire « un roman ». Ne commets plus cette erreur. Et pas la peine pour autant de te rendre vers les olibrius de l’olipo, ni de t’agenouiller devant Perec toute déférence gardée vis à vis de son travail. Reste toi.

dureté

Une dureté qui jusque là fut prioritaire, nécessaire à la survie. Un impératif catégorique sur lequel par définition il m’aura été impossible de revenir. Une histoire ancienne de renard capable de s’amputer seul d’une patte une fois le constat établi du piège refermée sur elle. Cette dureté remonte à aussi loin que je puisse me souvenir. Même si autrefois, pour atténuer son emprise, j’avais trouvé fortuitement, inconsciemment la solution de me scinder en deux, créant soudain vers l’âge de 4 ou 5 ans un compagnon imaginaire. C’était un être assez terrifiant, toute la part d’ombre lui avait été attribuée afin que le peu de moi qui restait alors luise, bien qu’assez faiblement. Afin que je me permette de me réfugier tout entier dans cette faible lueur. D’ailleurs les grandes clartés m’éberluaient. Les jours de grand soleil m’aveuglaient. Toute ma vie j’ai toujours choisi des intérieurs peu éclairés, une formation du goût guidée par la nécessité, par la dureté. Il m’était impossible d’apparaître en pleine lumière. J’aurais été beaucoup trop visible et partant trop vulnérable. Mon père aussi préférait la pénombre. Les dernières années de sa vie il les a passées dans la chambre conjugale, après le décès de ma mère. Volets fermés lampe de chevet faible intensité. Il pouvait rester au lit toute la sainte journée après avoir accompli le minimum de rituels lui permettant encore d’apparaître un peu humain, un peu normal. Le café était programmé de la veille, prévu pour couler a 6 heures le lendemain. À six heures trente il pénétrait dans sa salle de bain, se douchait, se rasait, s’aspergeant d’un parfum que je peux encore sentir parfois lorsque je monte au grenier, que le courage me prend de farfouiller dans les cartons que j’ai à peine déballés depuis la vente de la maison, le déménagement. A sept heure promenade en forêt avec la chienne. A neuf heure courses chez Leader Price. C’était à peu près tout. Je crois que mon père possédait cette dureté et qu’il me l’a légué très tôt. Non par méchanceté, non par bêtise. Mais parce qu’il l’aura considérée comme sa meilleure alliée lui aussi, nécessaire à sa propre survie, puis à la survie de notre famille. L’éducation qu’il me dispensa fut abrupte. Ce fut comme se jeter du haut d’une falaise presque à chaque fois. Apprendre à nager par exemple ne se résolvait pas autrement que de me jeter à l’eau et m’encourager ensuite à me débrouiller. Étais-je curieux d’un objet, il me le mettait dans les mains pour que je l’expérimente dans ce qu’il considérait être une réalité. Ainsi l’allume-cigare de l’ami-8. Il me conseilla de mettre un doigt sur la partie cramoisie pour que je me crame la pulpe du doigt. Ainsi par cette expérience, cet enseignement il savait que je ne jouerais plus avec si par hasard il devait me laisser seul dans le véhicule pendant qu’il irait acheter le pain. Son jugement sur les gens était d’une dureté sans concession. Assez binaire toutefois quand j’y repense mais pas pire que ce que nous faisons tous plus ou moins hypocritement. Il y avait les cons, nombreux, et les types biens, rares. Quant aux femmes rares aussi étaient celles qui ne fussent pas des idiotes accomplies à commencer par ma mère. Ou des putes ce qui pour lui devait probablement être synonymes. En tous cas des emmerdeuses quasiment toutes sans exception cette fois. Il le disait si ouvertement d’ailleurs devant mon frère et moi que c’était devenu naturel, on n’y faisait plus attention vraiment. Comme l’habitude des trempes, naturelle aussi. Tout ce naturel qui s’engouffre en soi et que l’on fini par considérer naturel pour soi. Il faudra des années ensuite pour comprendre que ce naturel là n’est plus d’époque. Qu’il est est anachronique avant d’être relégué dans un non-dit, dans l’oubli. Même si finalement ce naturel appartient aussi à tout le réseau de liens qu’on établit avec la figure du père. L’oublier, le rejeter, c’est rejeter aussi tous les liens avec. Un jour j’ai quitté la maison familiale. A l’âge de 16 ans. Je n’en pouvais plus. Ce qui me peinait le plus je crois c’était d’avoir découvert que mon père était un énorme connard bouffi de faiblesses crasses. Partir fut un acte vital, du domaine de la survie. Réciprocité de la dureté. Pas un sou en poche, se retrouver soudain à la gare de Boissy-Saint-Leger. Juste le temps de respirer l’odeur des lilas sur le chemin qui menait tout en bas. Cette douceur soudaine perçue dans l’odeur du lilas. Un soulagement et une consolation bizarre tout en même temps. Puis la rame qui s’ébranle lentement, au ralenti, les différents arrêts, les silhouettes qui montent et descendent du RER. Et la bas, au bout l’inconnu, la ville, Paris. Et ne pas savoir où dormir. Sans cette dureté héritée je ne sais pas comment j’aurais pu jamais m’en sortir. Comment j’aurais survécu dans la ville. Comment aussi j’aurais pu m’abaisser à un tel point parfois sachant que je finirais toujours par retrouver tôt ou tard la possibilité de cette dureté pour continuer à avancer même si je n’ai jamais voulu décider vraiment d’une destination précise.

bonnes questions

Stephen King suggère que si vous éprouvez le besoin impérieux de raconter votre vie à une personne, il est préférable le faire la nuit au fond d’un bar. À la condition expresse de consommer régulièrement pour dédommager le barman de l’attention plus ou moins sincère et polie qu’il vous adressera. Nos vies, quelles qu’elles soient, n’offrent que peu d’intérêt aux autres, et nos états d’âme encore moins. C’est une réalité à considérer aussitôt que l’on s’empare d’un stylo ou d’un clavier pour écrire. Sinon la déception n’en sera que plus cuisante. Inutile aussi de perdre du temps à se lamenter d’une telle réalité, d’émettre des jugements sur la nature humaine, sur l’immense souffrance de vous découvrir incompris. La nature humaine est ce qu’elle est, nul ne peut la changer. Si l’on persiste à ne pas vouloir l’accepter, on continue à marcher à côté de ses pompes. C’est exactement ainsi. Inutile de chercher à voir les choses autrement.

Un examen de conscience s’impose à partir de ce préambule, est-ce que j’ai vraiment envie d’écrire encore toutes ces histoires, de persister à raconter ma vie comme je le fais depuis des années désormais. Bien sûr que oui, je continue, prétextant que j’en ai dorénavant pris l’habitude, qu’à mon âge on ne change pas facilement d’habitude. Bien entendu, je peux aussi ajouter une excuse, un leitmotiv. Me répéter en boucle que grâce à ces textes que je rédige chaque matin, j’éprouve le soulagement d’avoir accompli au moins une chose utile pour moi durant ces fichues journées qui, pour le reste, ne cessent plus de m’échapper. Écrire est une action qui me fait du bien. J’éprouve cette sensation, difficile à remettre en question, et d’ailleurs souvent inexacte, qu’écrire procure un sens à ma vie. Le seul sens qui vaille tout compte fait. Et bien en amont de ce que me propose ma seconde activité, la peinture. C’est tellement romantique, tellement grotesque simultanément. Évidemment, je continue à me bercer d’illusion comme je l’ai toujours fait depuis ces quatre dernières années en écrivant et surtout en publiant sur ce blog. Mais, si je veux bien être honnête avant tout et notamment avec moi-même, le résultat est très loin de ce que j’espérais. Et, qu’espérais-je, voilà justement une excellente question. Je ne me souviens même plus de ce que j’espérais. Il faudrait peut-être remonter bien plus loin dans le temps pour tenter de retrouver la trace de cet espoir. Si toutefois un jour celui-ci a vraiment existé. Ce qui, me connaissant, est loin d’être évident. Probablement qu’il serait utile alors de revenir sur les lieux, de se tenir attentif quelques secondes avant même de pousser la porte de cette librairie découverte au hasard de mes déambulations dans la ville. Quelques secondes avant d’attraper sur l’une des étagères le tout premier carnet. Revenir dans le désagréable, le terre-à-terre d’une existence jugée médiocre. Revenir sur ces lieux dans lesquels s’affrontent toujours en moi la honte et la colère. La honte d’être tout à coup arrivé là où j’en suis, alors que j’imaginais valoir beaucoup évidemment bien mieux que ça. Et, la colère de ne pas m’être donné suffisamment de moyens, de n’avoir pas fourni suffisamment d’efforts pour m’élever justement au-dessus de cette médiocrité. Dans le fond, une histoire banale que tout le monde connaît par cœur. Une histoire tellement peu intéressante. Mais, précisément, comment la rendre attrayante cette histoire ? Pourquoi cette histoire peut-elle atteindre, intéresser, émouvoir, captiver l’autre, comment tenir le lecteur par les couilles depuis la toute première phrase pour qu’il ne la lâche pas, ne s’y ennuie pas, la lise jusqu’au bout. Comment s’y prendre pour qu’il atteigne, à regret la fin et que le peu qu’il en retiendra devienne une partie de lui-même, lui appartienne…

Jamais je ne me suis posé ces questions. Pourtant, ce sont à priori de bonnes questions, des questions essentielles pour qui prétend écrire. Alors je me demande à quelle part de moi-même dois-je, aujourd’hui, attribuer la responsabilité d’un tel oubli, d’un tel manquement, d’un tel empêchement, est-ce à la honte ou à la colère. Et, comment amadouer enfin l’enfant. Je ne vois plus que lui désormais. Un gamin qui depuis toujours se tient dans cette relation binaire avec le monde, la réalité de celui-ci, une relation que l’on ne saurait autrement nommer qu’imaginaire.

un minimum de rituels

La liberté d’écrire ne peut se passer de l’habitude, de la contrainte, de rituels si minimes soient-ils C’est sans doute la solution trouvée, il y a longtemps déjà, pour me suggérer l’idée d’une discipline. Cela me dispense de réfléchir à la discipline que je pourrais véritablement installer pour écrire. Et surtout éluder une grande partie de ce que l’écriture représente comme effort à fournir pour devenir intelligible. La relecture ne fait pas partie de l’ensemble des rituels. Elle n’en fait plus partie.Sans doute parce que l’aridité que je ne cesse jamais d’y percevoir n’appartient pas à cette sphère proche de la magie, du fantastique, de l’épouvante que représente le geste d’écrire. Et pourtant relire est vraiment quelque chose d’épouvantable pour moi. C’est comme si il fallait se mêler de retoucher au miracle, à l’extraordinaire de ce qui m’a été livré, confié en amont. Une trahison ni plus ni moins. Et cette trahison n’est rien d’autre dans mon esprit que cette injonction à revenir à la norme, au bon sens, à la syntaxe, à la grammaire, si proche phonétiquement de grand-mère, et par conséquent à une forme encore plus singulière, plus aiguë, d’anonymat. Un lieu incarnant l’aride, et où le narrateur deviendrait tout à coup le plus misérable des êtres humains après avoir franchi les frontières des sept mondes ou des mille « moi » avec cette facilité déconcertante que je lui reconnais désormais. Relire ce serait revenir sur le plancher des vaches. Un acte bovin. Ruminer chaque mot, chaque phrase à contrario de la vitesse sidérante souvent avec laquelle ils ont été écrits en totale stupéfaction. Pourtant je relis. Je relis un minimum pour tenter de corriger quelques fautes de frappe, de ponctuation, de typographie lorsque je parviens à les déceler. J’ai arrêter d’utiliser le mode révision du logiciel Ulysses il y a quelques semaines de cela. Le mot correction et surtout l’arbitraire que je ne cesse plus d’y associer. Le correcteur orthographique ou de style incroyablement vieux jeu a finit par m’outrer puis me lasser complètement. Et ce meme si, durant un temps, j’acceptais encore d’obtempérer à ses injonctions sans trop y croire. Pour être un peu plus intelligible probablement. C’est à dire en imaginant beaucoup trop le lecteur. En me résolvant à l’idée qu’il puisse y avoir des lecteurs véritables. Encore une ambiguïté de taille à laquelle il vaut mieux ne pas trop penser pour écrire. Ni à cette autre ambiguïté de se sentir obligé de faire retour vers cette illusion qu’il risque d’y en avoir pléthore, d’y avoir une « audience » , un « public » pour se contraindre ainsi à se relire. D’ailleurs celui qui relit qui est-ce sinon le premier de tous ces quidam. Ensuite viennent tous mes morts qui, je l’imagine, ne cessent jamais de jeter un œil par dessus mon épaule. N’y aurait-il que cette audience ce serait tout à fait suffisant pour vouloir esquiver toute velléité de relecture. N’est-ce pas là, la source de la difficulté. Cette étrange association produite par mon esprit vis à vis des morts et toute relecture. Paradoxe supplémentaire de l’écriture puisque simultanément et plus j’avance, je crois de plus en plus fermement que ce n’est que de la mort elle-même que semblent surgir tous les mots. Je suis sans doute un écrivain mongol, dans tous les sens que j’attribue au mot mongol. Un nomade et un handicapé se rassemblant ainsi dans un même but et qui serait bizarrement « mon goal » assez proche de ma gaule dans tous les sens du terme pareil. Le pays comme le bâton pour gauler les noix, sans oublier l’argot et ce qui réside sous la ceinture sous le niveau de l’amer. Un nomade handicapé donc qui ne possède plus de cheval pour s’élancer, en le montant à cru, vers l’horizon des steppes infinies. Peut-être que rassembler quelques cailloux, quelques brindilles dans la nuit dans l’espoir de faire un feu, s’y réchauffer, bien avant l’apparition de l’aube, est le seul genre de rituel que j’ai pu fabriquer pour invoquer une monture imaginaire. Je me souviens de ce rêve récurrent que je faisais petit enfant, avant l’âge de 5 ans. Je rêvais d’un cheval. Il ne cessait de revenir dans les rêves presque chaque nuit. Sa présence se devinait bien avant qu’il ne puisse être distingué, et d’ailleurs le distinguer n’était pas le but. Deviner la présence de ce cheval qui était donc un compagnon onirique, un allié invisible devait être l’unique message de ces rêves. En tous cas s’était suffisant pour me retrouver soudain à tenir une crinière à respirer à pleins poumons l’odeur du cheval et éprouver physiquement, intensément la vitesse à laquelle nous fendions ensemble toute frontière comme on franchit des illusions. Un rituel constitué de très peu d’éléments, un rituel minimaliste, rien à voir avec tous les rituels de sédentaire qui nous ligotent au lieu et à la durée par la suite. Je crois que dès lors où j’ai commencé à obtempérer, à abdiquer, lorsque j’ai commencé d’écrire, mes tous premiers mots dans des carnets j’ai aussitôt saisi l’importance de ces rituels. Que je ne pourrai jamais plus m’en passer. Parfois même j’ai même été jusqu’à imaginer que l’écriture ne puisse tout simplement n’être qu’un prétexte pour redevenir mongol ou enfant ne serait-ce que quelques minutes par jour afin de pouvoir supporter plus confortablement tout ce qu’il fallait endurer pour être vivant tel qu’ici ce mot est concevable sans jamais y mêler la moindre exagération.

Note d’intention

Désormais François Bon propose un rendez-vous zoom aux auteurs qui désirent parler au groupe de leurs travaux. Je crois qu’il faut être abonné au Patreon pour pouvoir y assister. Et pour les auteurs qui veulent participer, le préliminaire obligé est de rédiger une note d’intention. C’est très bien car le simple fait de se pencher sur la rédaction d’une telle note temporise les candidatures, les filtres par elles-mêmes. Cela me ramène immédiatement à la fameuse « démarche artistique » et bien sûr à l’horreur ancienne du « projet professionnel » par bravade je serais tenté d’écrire plutôt une note de « non-intention ». De faire la liste de toutes les intentions dont je suis désormais dépourvu en matière d’écriture. Une clownerie de plus. Et donc en même temps quelque chose de tout à fait sérieux, d’exigeant. Peut-être un travail préalable à effectuer en amont de n’importe quel type d’intention justement. Le fait de réduire ainsi l’intention à quelques phrases simples non seulement compréhensibles par soi et pour les autres, sûrement un bon exercice en perspective. Car j’ai l’intention de participer, et cette intention me semble à la fois autant désirable que suspecte. Toujours ce même tremblement sur le qui veut quoi et pourquoi.

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Pourquoi on supporte encore

Supporter porter à bout de bras marche ou crève endurer charger la mule et pourquoi t’en souviens-tu encore l’habitude d’endurer si bien ancrée comme une amnésie obligée l’antichambre de l’oubli de la sénilité pas une question d’âge ça commence de plus en plus tôt vers 7 ans chez moi je le sais parce que je l’ai écrit sur un bout de papier juste avant d’oublier où je l’ai enterré mais rien que ça se souvenir m’autorise encore à me demander pourquoi on supporte encore pourquoi tout ne s’écroulerait pas est-ce que ça pourrait être pire je ne sais pas

Tout ce qui ne se fait pas

Ça ne se fait pas attention danger tu risques gros mon coco de devenir comme nous qui ne faisons pas grand-chose sauf le strict nécessaire pour remonter de temps en temps à la surface et regarder le ciel avec nos yeux de poissons morts toute une vie ainsi combien de goulées d’air au regard de cette apnée continuelle tout ce qui ne se fait pas ne s’est jamais fait ne se fera jamais et tant mieux si tu parviens malgré tout à chasser le regret bravo champagne cotillons confettis l’indifférence totale des morts vivants la timbale en argent c’est pour toi et ça te sert à quoi puisque la brandir non plus ça ne se fait pas

Arborescence

Chantier permanent

Plusieurs fois le mot arborescence si ce n’est pas un signe du pied dors encore et ne te réveille pas ce serait terrible bien sûr bien sûr mais ne jamais se réveiller alors que l’on sait pertinemment que l’on dort n’est pas pire tous les rêves en remontent pollués par l’obstination craintive quelle fureur tout à coup et bien oui les arbres communiquent c’est limpide sa fureur transmise par les racines les radicelles je ne sais qu’en faire à l’automne en prime pas le bon sens des sèves mais si c’était aussi ça l’éveil se retrouver tout à coup sur l’autoroute en train de dormir on ouvre les yeux merde on comprend que l’on est à contre sens on cherche alors à remonter l’arborescence on file comme une flèche sans ponctuation vers où peu importe encore l’urgence est de faire quelque chose de ce legs c’est tout tu n’es même pas tenu de remercier ou d’être poli

Ecrivaine

La dose de confiance en soi quel dealer quel carrefour quel parking la nuit ou le jour on y touche comment quand le matin un soir et on est à crocs sûrement en tous cas c’est ainsi que j’ai compris ce que j’ai vu et entendu et puis le milieu le terreau ça compte aussi certainement une histoire de terre acide ou basique terre riche ou de silex Conserver la détermination parce que la rage seule ne suffit pas il faut un but et s’y résoudre à chaque instant, mais même 10 minutes par jour dans le métro peuvent suffire si c’est répété durant des jours des mois peut-être des années / La détermination alimentée par la régularité on peut s’installer comme ça mais sans but ça ne fonctionne pas j’ai beaucoup essayé je peux en parler mais hier pas osé un mélange curieux d’admiration et d’agacement contre moi-même m’en aura bien empêché  il faut au moins avoir été mené je me dis ça sa mère à elle qui lit Proust dans le RER, je l’ai retenu et c’est pas rien de lire Topor aussi toute une fois à cette fameuse confiance en soi pour ça que c’est si dur pour les enfants d’ouvriers de paysans qui ne connaissent de la détermination que ce que leur parents leur apprennent à moins qu’ils ne l’apprennent en creux par réaction mais la réaction seule suffit t’elle pour se dire je suis écrivain écrivaine et cela tout de suite quasiment avec encore du lait plein le nez qu’est ce qui fournit la détermination et la confiance en soi l’orgueil sans doute aussi il doit bien y avoir de la violence brute de la violence à l’état pur a un moment donné ou de l’amour brut c’est la même chose non En tous cas il y a cette chose qui s’insinue au plus profond et qui dit vas-y c’est ça ton truc ne lâche rien quoiqu’il advienne ne lâche rien /Est-ce qu’on peut se le dire seul à soi seul à force de détermination à force de régularité peut-être oui aussi bien qu’on peut aussi passer par là quand la première voie s’est dérobée sous les pieds /c’est plus *dur* mais on peut et puis enfin qu’est ce qui est dur ou pas c’est selon chacun certainement aussi une résistance au mal une propension à se contenter du douillet doit aussi jouer dans la balance C’est injuste tu dis tu le dis souvent comme on se rabâche une excuse injuste que d’autres aient eu plus de chance, plus de détermination et aussi plus de rage plus d’amour que toi tu n’en as jamais eu que tu n’en auras probablement jamais Je comprends intellectuellement toutes ces choses et aussi que j’en suis arrivé au même point avec la peinture que l’écriture à ce plafond de verre contre lequel je n’arrête pas de buter comme envers l’autre aussi c’est la même chose le même plafond de verre je m’arrête toujours à la centième bosse pas plus vraiment totalement acharné jusqu’à 100 mais pas plus ce serait la limite donc fixée jusqu’au sang. Ce que j’ai appris de cet entretien avec A.S c’est sans doute que 100 ce n’est rien qu’il faut pousser jusqu’à 1000 au-delà du sang en tous cas. Et qu’à partir de là recommencer finalement dans un état d’esprit flirtant avec l’infini du recommencement jusqu’à ce que finalement on devienne un junky du recommencement plus que n’importe quel but à atteindre la providence s’en émeut devient amène et cependant nous teste encore et toujours en nous offrant ce que nous désirions le plus juste pour voir si la détermination la régularité tiendront encore tiendront toujours ///farceuse providence/// Et au bout du compte aimer jouer est d’une importance capitale jouer avec tout ce qui nous entrave nous empêche nous gêne s’attarder aussi à cette ludicité plus qu’à la lucidité qui de plus en plus je le crois de plus en plus chaque jour est une croyance S’entraîner aussi à se répéter cette croyance qu’elle n’est qu’une croyance. A partir de là être brillant n’a plus d’importance d’enjeu on n’a plus besoin de vouloir le dissimuler pour ne blesser personne surtout c’est sans doute cela aussi la conclusion que je trouve à cet entretien la liberté d’être brillant et tant pis si cela peut sembler injuste pour les gens injuste ou transmuté en petits noms d’oiseau comme chiant pénible vaniteux exaspérant pas grave du tout puisque au demeurant cela nous laisse tout aussi seul qu’indiffèrent. Et enfin est-ce qu’on écrit on peint pour les gens ou pour soi c’est encore une fois cette même question qui fabrique en grande partie ce fameux plafond de verre dans l’idée que l’on se fait des réceptions en amont souvent de faire quoi que soit qui nous entrave régulièrement jusqu’à ce qu’on décide que ce n’est pas là l’important, le vital //Que l’important est de parler sa propre langue autant que possible une langue bien à soi de l’explorer tout en la parlant et en s’amusant de préférence bien sur//

Refonte d’une page d’accueil de blog

Google toujours. Et dans la suite de l’idée de s’exposer. J’ai rajouté mon nom en toutes lettres dans le titre pour apparaitre. Cela prend un peu de temps pour que les machines de Matrix gigotent dans les tubulures et analysent à nouveau. Et puis la présentation aussi pendant que j’y étais. C’était finalement un peu trop court de n’être qu’un tuyau. De n’apparaitre que comme ça. Donc wait and see. Le but c’est quoi ? d’avoir plus d’abonnés, non je ne crois pas. D’attirer les bons abonnés surement. Désolé pour les marabouts. Rien contre vous. Le point de départ, la prise de conscience, une séance zoom avec François Bon. La question: comment se retrouver nous autres auteurs, échanger les uns avec les autres, se découvrir se visiter, s’apprécier. Tout commence souvent par une requête avec un prénom et un nom et la flemme d’appuyer sur suivant lorsque la première page de Google s’affiche à l’écran.

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