L’englouti

Tu connais le mécanisme de mieux en mieux à présent. Et surtout que le désespoir qui t’assaille à date de plus en plus rapprochées ne provient pas d’un dysfonctionnement biologique ou psychique. Qu’au dessus de cette grisaille que l’on ne cesse de te marteler comme unique réalité , trône l’astre solaire et au-dessus encore l’infinie beauté des mystères des nuées. Là-haut perce le mystère désormais, ça et là, des vulves métalliques, de sidérantes mandorles, objet identifiés de toute éternité. arches vaisseaux, navires qui te ramènent à l’arôme, à l’ineffable goût des amandes. Que le miracle de la vie ne nécessite qu’une attention à l’infime, autant qu’à l’exceptionnel. Que les deux extrêmes se rejoignent dans un seul battement de cœur, un seul souffle. Tu vois tout autour de toi un monde se dissoudre par et dans la vanité qu’une poignée inflige à l’ensemble devenu son bétail. Un monde qui, dans sa frivolité, continue à vouloir ignorer sa fin proche. Des occupations vides, et la détresse que déclenche cette absence de sens. Les bêtes dans la plaine se sont mises à tourner en rond comme les oiseaux du ciel, signes avant-coureurs irréfutables du retour des grandes catastrophes. Une nouvelle fin des temps. Tes yeux creusent l’apparence pour s’ouvrir sur l’englouti. Tu t’introduis dans les corridors sombres, des labyrinthes sans fin laissés derrière eux par les anciens géants. Et la langue marquée sur leurs parois t’es devenue familière même s’il t’es impossible d’en prononcer le moindre mot. La pénombre ici est apaisante elle charrie des parfums d’humus et de silex. Parfois tu peux voir d’étranges éclairages creusés à même les voûtes et qui diffusent une lueur suffisante pour maintenir en toi cette sensation de calme et de paix te permettant de continuer à progresser. Il y a aussi ces étranges sculptures installés à des points clefs du labyrinthe, la plupart ressemblent à des gargouilles qui ornent les vieilles cathédrales de la surface. Elles ne sont plus effrayantes comme autrefois. Elles semblent attendre une délivrance tout comme toi qui t’incline face à elles en les croisant. Tu ne sais pas où te mènent tes pas à l’intérieur du labyrinthe qui reside ici de toute évidence depuis des temps immémoriaux. Tu comprends seulement que tu n’as pas le choix tu dois t’enfoncer de plus en plus profondément dans les lieux désertés, mêler ton souffle au souffle unir ton cœur au cœur de l’englouti. Tu as enfin reçu l’onction de la noirceur. Et te voici pauvre enfin, avec pour seul présent cette délivrance.

Après le fatigue

peinture Marc Chagall

Tu crois ou tu espères que la fatigue sera le préambule à un repos bien mérité. Mais tu te trompes encore une fois de plus. Entre cette fatigue et le sommeil il y a encore des strates à traverser. Et dans lesquelles le corps et l’esprit se dissolvent dans des rêves insaisissables. Cependant tu peux mesurer un léger progrès en observant ton renoncement à vouloir les saisir. Quant à savoir vers quoi tu progresses ainsi, nulle nécessité d’y penser.

rire chamanique

La vieillesse, la gravité, le sérieux, la tristesse, la mélancolie, la peur, ce sont des mots qui voudraient désigner des émotions. Mais ce sont surtout des fréquences. Il te suffit de trouver le bouton puis de changer de station. de fréquence. Zapper. Et te retrouver alors dans la joie, le bonheur, le plaisir, l’espoir, la jeunesse. Puis quelques instant après te rendre compte que cette nouvelle fréquence est comme le reflet inversé de la précédente. Tu parviens désormais si vite à t’en saouler.

Et c’est à cet instant que surgit le rire chamanique. La perception de toutes ces fréquences simultanément qui fait exploser ta poitrine. On dirait bien un rire. Pas trop le moment d’y penser. Car déjà le vent se lève et te voici emporté par le rire au delà de toutes les stations habituelles de ce calvaire. Vers un Ici ou un ailleurs. Quelque chose ou quelqu’un, peut-être un vieillard ou un enfant, et qui frappe coeur battant un tambour imaginaire.

Cliché mystique

La boite à outils du prêt à penser contient aussi un compartiment pour tout ce qui concerne l’extraordinaire, le mysticisme notamment. Petit coffret rempli de pacotille, et dont la présence de toute évidence est destinée à flatter le narcissisme, ou comme on le dit désormais l’ego. Rien de nouveau sous le soleil. La Fontaine l’a déjà dit qui le tenait d’Esope : cette propension bizarre à vouloir devenir bœuf et qui atteint la grenouille surtout lorsqu’elle est désœuvrée, oisive. Ensuite on peut aussi essayer de prendre un peu de recul avec la notion de cliché car elle devient aussi un leitmotiv à l’intérieur de ce système déjà cité. On peut tout à fait trouver une utilité au cliché comme au lieu commun. Pas nécessaire de toujours s’en offusquer, de les pointer du doigt à seule fin de se construire une posture. Car au bout du bout cette posture finit, elle aussi, par devenir un lieu commun un cliché n’est-ce pas.

Donc le cliché mystique se répand désormais comme une belle tache d’huile, pas étonnant que les dérapages soient nombreux. Et si je rapporte cette notion à l’écriture ou à la peinture je peux mieux compter aussi mes propres difficultés ou raisons d’avoir sombré dans cette sorte d’égarement quasi mystique.. N’étant au bout du compte qu’un individu ordinaire parmi tous les autres, comment aurais-je pu imaginer moi-même y échapper sinon et fortuitement en revenant vers un peu plus de modestie ce que je considère pour le coup comme une grâce authentique.

C’est à dire en vivant de la façon la plus ordinaire, voire parfois même selon les circonstances tirant vers le drastique et l’ascétisme non par choix mais surtout obligé par l’absence ou le manque de ressources. Etre en prise directe avec ce que tout le monde s’accorde à nommer une réalité et que l’on désigne par toute une collection de noms d’oiseaux. Comme s’il fallait absolument que l’or provienne de la boue, que la grâce naisse de la chienlit. Toujours la dialectique, la friction des opposés pour faire jaillir l’étincelle d’un briquet. Nous sommes bien loin de la magie première, l’image de la foudre tombant sur la terre illuminant l’obscurité. Epoque de briquet jetables.

Le prêt à penser mystique n’est pas différent du prêt à penser en général. C’est juste un étiquette que l’on colle dessus qui semble créer la différence. Mais c’est juste une affaire de segmentation pour mieux cibler les call to action.

Tout ce que l’on est prêt à croire lorsqu’on se croit désespéré est le rouage principale de la machination ubuesque dans laquelle nous vivons. Mais que savons nous vraiment de ce désespoir, de quoi est-il réellement constitué … de clichés la plupart du temps. On peut se sentir désespéré parce qu’il convient de l’être lorsque certaines circonstances sont réunies. tout à fait comme une suite d’opérateurs logiques dans un code informatique.

Premièrement tu es seul. Deuxièmement tu n’es pas comme ces images d’hommes ou de femmes dans les magazines. Troisièmement il est normal que tu sois frustré puisque tu es seul et moche. Si en plus tu n’as pas de boulot que tu es au chômage et en fin de droit en prime, tu atteins enfin au but : Te voici enfin désespéré comme il faut.

Connerie relayée de plus en boucle par tous les médias. Effroyable mayonnaise.

Mais ce programme qui en déclare la validité ? Peut-être qu’on pourrait modifier le code, l’interpréter complètement différemment.

Tu es seul, donc tu n’es importuné ou n’importunes personne. Tu peux organiser ta vie comme bon te semble. Tu n’as pas d’attache, tu peux donc être mobile, prendre un avion pour te rendre à l’autre bout du monde et aller en plein hiver siroter un martini dry à San Pedro ou ailleurs. Secundo tu as une tête différente de celles des magazines. C’est plutôt une chance, tu peux te promener partout incognito. Tu te trouves moche ? encore mieux postule vite comme acteur et tu pourras avec un peu de chance ou de culot décrocher un second rôle d’ assassin ou de méchant. Etc.

Je veux dire que l’on n’est pas obligé de suivre le premier programme qui traine sur les écrans de télévision. On peut faire preuve d’un peu de créativité. Et même ne pas posséder de télévision du tout.

On peut aussi se ficher totalement de toutes ces choses. Et par opération alchimique du hasard avoir soudain perdu toute illusion, tout désir qui ne nous appartienne pas en propre. Donc se trouver tout à coup serein, simplement heureux de vivre au contact de la réalité de tous les jours. Sans avoir même besoin d’en demander plus. Etre simplement content de ce que l’on a. S’émerveiller d’une couleur, d’une lumière, d’un visage inconnu, et tout cela sans même éprouver le besoin de le dire, de l’écrire. En le vivant dans une immanence perpétuelle sans même y penser.

Je crois que le véritable extraordinaire, la vie la plus authentiquement mystique qui soit , se cache dans ce genre d’existence que nous jugeons à priori banale voire insignifiante tellement nous sommes dans une erreur d’appréciation entre ce que nous nommons beaucoup trop par paresse ou habitude : réalité et imaginaire.

Encore qu’il ne faille pas l’ébruiter de trop car même cela finirait tôt ou tard par devenir un autre mot d’ordre, un nouveau slogan. Une nouvelle nappe d’huile.

Ulysse détaché

Ulysse regarde les sirenes se jeter dans la mer

Ligoté au mat de son navire  Ulysse observe le rivage qui se rapproche en même temps que le chant des sirènes. De quoi est donc constitué ce chant si beau, et surtout que dissimule t’il. Ulysse le rusé ne peut s’empêcher de voir la ruse partout. Et c’est à cet instant que la situation bascule. Le chant s’arrête net. Là-bas sur les rochers des silhouettes s’agitent puis s’immobilisent. Enfin elles disparaissent. Un silence étrange recouvre alors le clapotis des vagues, l’étrave du navire qui fend les flots,  les cris des oiseaux marins. Tout est devenu si lointain. A peine audible la voix des hommes d’équipage étourdis encore par l’aventure. Ils se réjouissent, s’embrassent alors qu’ Ulysse encore sonné ne les reconnait plus.

Ils viennent le détacher, le félicitent, l’acclament mais dans une langue qui lui est devenue étrangère. Ulysse ne dit rien, il reprend son périple vers Ithaque. Il est silencieux.

La première chose qu’il fera en arrivant enfin sur l’île sera de trouver une librairie, un carnet, un stylo, un feutre à pointe fine. Puis il écrira d’une façon serrée ces quelques lignes :

« L’écriture quotidienne pour s’attacher à un axe et explorer ainsi l’incohérence fondamentale de tout chant. Chaque jour s’attacher à entrer en relation avec cette incohérence pour tenter d’ en extraire quelque chose, une bribe, un fragment. Un acte qui permet d’en témoigner à soi-même surtout. Le but serait de s’y habituer en premier lieu. Et peut-être ensuite mieux appréhender ou accepter l’ incohérence générale insupportable lorsque on est habité par un fantasme tellement préoccupant de cohérence« .

phrases bizarres

stage matières et surfaces travail d’élève

Prouve-moi que les choses ne sont pas fausses au point exact (latitude et longitude appréciées ) où toi tu as oublié qu’elles l’étaient.

Dans quelle mesure peut-on douter d’une sensation quand on n’y prête jamais la moindre attention?

Se boucher les oreilles permet-il vraiment de mieux entendre ce qu’on n’ose jamais dire ?

Si ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, par contre qu’en est-il des à côtés ?

comment une coupe absolument vide peut-elle soudain se mettre à déborder ?

Et quand on dit la coupe est pleine pourquoi s’obstiner à vouloir en rajouter ?

Si le temps n’existe pas comment pourrait-on en gagner ou en perdre ?

Si le temps existe c’est que je n’existe pas.

c’est quoi une phrase poétique ?

dessin d’enfants durant les cours

une phrase véritablement poétique est une phrase qui détachée de son contexte continue à ne rien vouloir dire d’autre que ce qu’elle dit. Le malentendu vis à vis d’une telle phrase ne peut jamais provenir que du lecteur qui ne l’entend pas comme telle. Par conséquent, le coton-tige est une arme de poésie massive ! De plus il serait urgent que tout le monde mange à sa faim. La poésie ne s’en ressentirait que mieux puisque l’on sait depuis belle lurette que ventre affamé n’a pas d’oreille.

Ta culture

grand dessin d’enfant

Reviens à toi. Oublie la culture qui n’est qu’illusion, instrument de domination, fausses nouvelles fausses vérités. Dresse un autel simple à l’imagination. Marche dans la ville ou la campagne et que les yeux enfin se rejoignent avec tes pieds. Écoute le chant du vent dans les branches du chêne, oublie la langue vulgaire pour parvenir à bien entendre l’unique langue commune. Fuis cette folie qu’ils nomment raison. Reviens à toi et ouvre en grand ta mémoire ses couloirs ses caves, ses cachots. Laisse respirer l’oiseau transi, accompagne en son rêve l’ours le loire la taupe. Et n’aies pas peur de ce que tu y trouveras. C’est là ta vraie culture et déjà la veine des troncs crée des lettres et des mots, devient lecture comme l’onde dévalant la pente des collines un chant. Retrouve ici et là tout ce qu’on s’est acharné à effacer. réapprends à lire dans les plus petites choses que nul autre ne voit que toi. C’est cela ta culture véritable en tous temps et lieux, débarrasse-toi du reste et vois : déjà tes pieds tes mains prendre racine dans le rien qui n’est pas rien.

souvenir

acrylique sur papier

Toute l’éternité dans un seul souvenir. Puis l’oublier pour se tenir ici ou là , en cette vie. Accepte encore de croire dans l’illusion du temps. Rien de grave de dramatique. juste– se souvenir que l’infini se nourrit du fini. c’est la loi de l’éternel.

Les Nephilims sont ici depuis si longtemps. Ils envahissent le monde peu à peu et en silence. Personne n’y croit mais ils écartent au loin très loin la vieille humanité. Ils ont toujours cette haine pour les enfants de Mu de Lémuriens, contre l’Esprit. oh le poison inoculé de longue date, si l’on imagine le temps qu’il a fallu. De la lune à la terre pour que le serpent parvienne encore et toujours à renouveler son vieux programme son dessein.

Tout ce qui est humain désormais doit rester caché. Agir en secret, dans l’anonymat. Revisiter tous les faux buts les gloires mensongères, les traquenards. Redonner au cœur puissance dans la légèreté et le fragile. Se méfier des modes qui prônent une fausse idée du féminin. du masculin. L’orgueil cyclopéen se tient comme un gardien qui tâte le dos de ses moutons. Seul rester seul résolument pour aller quérir l’humain perdu dans le dedans. Tu as déjà vécu cela maintes fois cette guerre contre l’esprit serpent tu la connais de toute éternité. chaque souvenir te la rappelle et l’actualité dans l’aujourd’hui mensonger.

quatre injections et tu es toujours en vie. Ta résistance c’est ta raison d’être et rien ne peut l’abattre. La moisson laissera suffisamment de grain au sol pour que le printemps agisse. Dans l’ombre générale tes yeux s’habituent à voir et ta bouche à rester close. L’acte prévaut et déchire l’immobile.

Danseur lève toi et danse

c’est ton heure à présent.

Le coeur léger

photo trouvée sur le net.

Les gouffres sont immenses et nombreux mais mon cœur est léger. Grace au froid mes mains se sont retrouvées. Et rien de bizarre à voir des ailes se reformer. Ma cervelle est celle du pinson, ce chant traverse brumes et brouillards pour t’avertir du soleil. Prend garde à la tristesse pauvre sirène. Plutôt guette au haut clocher ce coq en fer. Que les vents malmènent et qui sur une même patte tient bon ne perd pas axe. Drames, comédies, larmes de mort, larmes de joie, rien n’y changera sauf l’ innocence vraie. Noël! miracle que produit la neige au moment où tu t’y attendras le moins. Que tout le lourd produise un coeur aussi léger, quel mystère!