mai 2023 inspiré d’une fresque vue à Cnossos, Crête. work in progress

un peu de changements aujourd’hui …. lundi 22 mai

j’ai placé un tableau inachevé dans ma dernière exposition dont le titre est « en chemin », d’ailleurs la toile aussi est ainsi nommée. Ce qui me fait rebondir sur l’achevé. L’achevé ne peut être qu’un jugement temporaire en ce qui me concerne. Tant que je suis vivant je peux toujours reprendre une toile que j’ai à un moment ou l’autre désignée comme achevée voire même inachevée et inverser les mots comme les usages. la croyance car s’en est une logée profond qu’une toile sera par définition achevée définitivement quand je le serai également n’est pas un manque de confiance en soi, mais plutôt une forme de lucidité parfois insupportable.
Il me semble qu’un tableau se nourrit au fur et à mesure du temps du changement de regard, de tout ce qui ne cesse jamais de nous traverser, nous entretenons bien plus qu’une surface une épaisseur une croyance ainsi. A même niveau que l’espoir sans les inconvénients des déceptions, c’est vivre avec ce qui nous entoure qu’on le peigne ou pas.
Un tableau peut avoir le même sourire que le chat du Cheshire.
mai 2023
« Ce livre ne sera publié intégralement que quand l’auteur aura acquis assez d’expérience pour en savourer toutes les beautés » Alfred Jarry (à propos de “Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien”)
Pourquoi tu ne fais rien de tout ça. Si rien signifie pour toi laisser tout ça -tous ces textes- tranquilles, en l’état.
Où encore , si la difficulté première, celle de penser en faire quelque chose
touchait, comme on gratte une croûte pour raviver une plaie,
à la dignité d’être de quoi que ce soit.
L’embarras à la seule pensée de déranger le monde vraiment.
Vraiment, c’est à dire pas pour rire, mais, au contraire,
l’entraînant vers une tristesse encore plus grande.
L’orgueil peut aller jusqu’à ce point de l’horizon ,
attirant ainsi à lui, par convergence, toute perspective.
Car peu de distance en somme entre le rire et la tristesse, dans la logique de ta syntaxe .
Les textes en l’état doivent donc, encore, toujours, acquérir, pour toi, de la dignité.
Ce qui signifie donc qu’à l’heure actuelle ils n’en ont pas, ou si peu.
Mais qu’elle est donc cette dignité,
quelle idée de dignité t’empêche
et simultanément, par l’effet des vases communicants
te pousse vers l’audace ?
L’audace des timides, des moins que rien, des laissés pour compte.
Aucun entraînement des nerfs acquis- péniblement-
sur les bancs des écoles, des pensionnats des chapelles, des entreprises,
n’a jamais pu te convaincre d’une dignité digne de ce nom.
Tu leur a opposé, à toutes, celles entendues, ces dignes dignités affichées, et vues, bien vues,
de beaux refus.
En commençant par leur dire — oui, bien sur, montrez-moi donc votre fameuse vertu
Je n’en vis aucune qui ne fut pas soutenue par autre chose qu’un vice.
Le vice et la vertu et vice versa.
L’empressement à devenir digne ne vient-il pas toujours de la peur d’être indigne ?
Et plus la peur sera grande, plus l’empressement brouillon.
Mais au bout de tous ces brouillons que nous reste t’il ?
Que te reste-t’il ?
Sinon un doute sur ce qui les aura poussé à se produire,
se reproduire, se multiplier et croître
La crainte de ne pas être ?
Le désir d’être ?
Deux erreurs de logique, de métaphysique.
Tentons alors la pataphysique
Trouvons une solution purement imaginaire
Une hypothèse folle peut-elle apporter une sage certitude ?
Et si l’erreur se logeait dans les mots d’abord
Hypothèse et certitude.
Sur ce qu’on ne saisit pas des mots
Qu’on ne saisit jamais l’insaisissable des mots.
Une forme de dignité alors pourrait naître sur le seuil de l’insaisissable
Un nouveau-né enveloppé dans des linges douteux
Que le désir de ne pas dépasser ce seuil recueille
Emporte chez lui pour apprendre ou prendre soin,
De la dignité comme de l’insaisissable
Et, cependant le paradoxe est ce respect envers la chose qui surgit
Le texte qui arrive de nulle part.
Que tu n’oses qu’à peine modifier
Pour ne pas mettre trop visiblement ton grain de sel.
Pour ne pas te mettre en avant.
Tu voudrais tellement ne pas te mettre en avant
Que c’est évidemment tout le contraire qui se produit
Souvent.
Dans ton monde à toi pas de différence entre peur et désir
Dignité et infamie
Encore que tout cela ne soit bien sûr que des mots
Destinés à tenter de cerner l’insaisissable
En lui lâchant la bride
En l’observant s’ébrouer par delà les remparts, les barrières,
la phrase, le paragraphe, la page
En définitive peux tu dire que tu as compris quoique ce soit à tout ça ?
Parfois tu le crois, d’autre fois non, rien.
Attraction répulsion c’est la loi.
Il y a la dignité que l’on affiche et puis l’autre à soi
qu’on n’ exhibe pas.
Entre les deux ce n’est pas ton cœur qui balance,
c’est plutôt la loi de l’attraction-répulsion qui commande.
En même temps ce titre ne veut rien dire du tout,
je crois que c’est juste un pléonasme voilà tout.
Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau: Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille.
Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle.
Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit
Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement.
Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l’on sent que l’on s’égare, si l’on tend vers l’abus, l’extrême.
Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l’effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l’adversité produirait autant d’ efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l’ignorance ou dans l’oubli.
Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.
Partir avec ces deux mots, oser et hésiter. Ne rien préparer vraiment. C’est osé. Eprouver quelques doutes, c’est hésiter. Ce qui fait songer à la notion de préparation. Quand la résistance s’insinue jusque là. Le refus de préparer quoique ce soit pour être au moment, tout entier livré au moment, à ce point d’équilibre qu’impose ce terme. Equilibre fondé sur quoi, toujours la question en suspens. Même si l’on sait pertinemment que c’est une somme de déséquilibres successifs qui crée cet équilibre là précisément, et pas un autre.
Y aller les mains dans les poches ? c’est hésiter. Se souvenir qu’on a une vie, que l’on n’a pratiqué que cela, que le déséquilibre est notre grande affaire, qu’on n’a pas à en rougir, c’est oser.
En fait le secret du mouvement ce n’est pas oser ou hésiter, aucun de ces deux verbes n’est un havre de paix, une sinécure. Aller à fond dans l’un comme l’autre est un bon exercice pour comprendre la friction, l’invisible force comme chef d’orchestre placé entre les deux.
L’écrire ici renforce t’il quoique ce soit ? Est-ce un préambule au rituel ? Une manière de se rassurer, d’aller quérir un semblant d’audace ?
Probablement un peu de tout ça, et rien de tout ça puisque qu’avant de commencer quoique ce soit on ne sait pas, on ne sait rien, parce qu’il faut tout oublier pour se lancer dans la journée une nouvelle fois.
Le stade, les dieux du stade. Une course de 192, 27 m car 600 fois l’empreinte du pied d’Hercule; soit 600 fois 32 cm soit 12 pouces, ou encore 1 foot anglais. (Cette distance correspondait en 776 avant JC à un stadion ou stade. )
Par la suite dans les compétitions en l’honneur de Zeus, on ajouta le retour, soit le diaulos, puis encore plus fort 24 stades, le dolichos soit 4,6 km.
A Olympie il n’y a pas vraiment de structure olympique au sens où nous l’entendons désormais. Il s’agit en tout et pour tout d’une piste recouverte d’un mélange de terre et de sable et qui forme un rectangle de 212 m de long sur une largeur de 28, 60 m aux extrémités avec un renflement l’élargissant à 30,70m en son milieu.
On y pratique bien sur la course à pied, mais aussi la lutte, le pugilat, le pancrace, des sports équestres, et aussi des épreuves musicales.
Au tout début il s’agit pour les coureurs d’atteindre le bois d’Altis. Puis on pratique quelques aménagements, un tunnel sera creusé depuis Altis permettant aux compétiteurs d’apparaître “ comme par miracle” aux regards des spectateurs. Autour de la piste on crée des remblais et des talus pour offrir des places à ceux-ci et quelques unes déjà en surplomb, pour les privilégiés. On installe des sièges pour les notables, puis viendront ensuite les gradins, avec un ordre de placement hiérarchisé selon la condition de chacun qui s’y assoit, ou qui ne s’y assoit pas. Car ici du reste la plupart ne peuvent s’asseoir mais reste debout, le peuple. C’est la naissance du stadium le lieu “où l’on se tient debout” et qui peut accueillir jusqu’à 40 000 personnes.
Le stade se propose comme un espace fermé, qui s’articule à la ville selon des modalités qui ne sont pas celles de la palestre ( autre lieu sportif réservé aux adolescents âgés entre 12 et 16 ans qui y pratiquent la course également mais aussi le lancer de javelot, le lancer de disque, mais aussi à cultiver l’art des bonnes manières et la discipline- lieu préparatoire à la guerre comme à la défense des cités).
Le stade se différencie également du xystos, piste couverte dans un gymnase où l’on s’entraîne par mauvais temps ou lorsque il faut trop chaud à l’extérieur.
Le stade n’a rien non plus à voir avec l’autel, le temple, l’agora ni aucun autre édifice de la cité.
Au bout du compte si on peut imaginer dans la pensée première du roi Iphitos l’utilisation du stade comme amusement, délassement, ersatz de la guerre, le lieu du Jeu, le lieu où même un cuisinier peut devenir durant quelques instants un héros, presque déjà un dieu ( Référence à Kérébos qui remporta la toute première course en Olympie) il est possible que l’on se fourvoie.
Le stade permet à la guerre de continuer même quand elle n’est pas là. Le stade permet de conserver actif l’esprit de compétition, l’esprit combatif même et surtout en temps de paix.
Le stade acquiert ainsi une place décisive dans la cité il devient le centre névralgique de la compétition autour duquel s’organise la ville et ses nombreuses activités. Il exerce une force centripète sur l’ensemble des peuples hellènes, fondant ainsi une nouvelle unité sociopolitique spécifique à chaque nouvelle olympiade.
Ce qui est étonnant c’est que le phénomène du stade est perdu au Moyen-Age comme à la Renaissance, on ne le retrouve que de nos jours avec la même intensité qu’autrefois. Est-ce que le stade s’associe au sport comme on pourrait le penser, certainement pas. Le stade représente tout autre chose, sans doute la même volonté qu’autrefois de créer une sorte de consensus émotionnel, ou d’aveuglement des foules, hypnotisées, galvanisées par l’aura du sport et de ses divinités, “ses stars.”
Je me demandais si la peinture abstraite contemporaine pouvait exprimer des thématiques associées aux temps actuels, si elle pouvait par exemple évoquer le changement climatique, les conflits sociaux, témoigner tout autant que la peinture figurative avait pu le faire et certainement continue à le faire de notre temps.
J’ai été attiré par un tableau de Julie Merehtu intitulé The Seven Acts of Mercy, [Les sept actes de miséricorde], et qui fait ainsi référence à une peinture éponyme du Caravage, avec plusieurs points de fuite autour d’une structure centrale presque religieuse qui me rappelle vaguement l’image du stade.
Cette toile représente les sept œuvres de miséricorde dites « corporelles » qui, dans le dogme chrétien catholique, consistent à :
enterrer les morts. À l’arrière-plan, deux hommes portent un mort dont on ne voit que les pieds.
visiter les prisonniers et nourrir les affamés. Sur la droite une fille rend visite à son père emprisonné et lui donne le sein pour le nourrir (légende de Pero et Micon).
aider les sans-abri. Un pèlerin reconnaissable à la coquille sur son chapeau recherche un abri.
visiter les malades. Le mendiant paralysé gît sur le sol.
vêtir ceux qui n’ont rien (à l’exemple de saint Martin qui a donné son manteau au mendiant nu).
donner à boire à ceux qui ont soif. Samson boit de l’eau de la mâchoire d’un âne.
celui-ci à été peint pour l’église de la congrégation du Pio Monte Della Misericordia à Naples. A l’époque le peintre veut échapper à la justice romaine, il fuit Rome pour se rendre à Naples en 1607 alors sous domination espagnole. C’est sans doute l’œuvre qui lui a rapporté le plus d’argent 400 ducats, c’est aussi à la même époque qu’il peint la Flagellation du Christ pour le riche Tommaso de Franchis.
Ce que cela m’inspire est sans doute tiré par les cheveux. Autour de quelle institution fédérer le peuple quand le stade a disparu ? La religion, le catholicisme, la Miséricorde ? Mais tout cela n’est encore une fois de plus qu’une tentative de dérivation de la violence inhérente à l’homme, dérivation ou entretien de celle-ci dans l’imposition d’un paradigme basé sur la dualité bien-mal, bonne ou mauvaise action, croire ou ne pas croire et qui entraînera la création de plusieurs inquisitions pratiquement dès la naissance de cette institution.
Le sport et la religion même combat, le but étant l’aveuglement collectif, le naufrage dans l’émotionnel, et bien sur son exploitation par des personnages à sang-froid.
Des gestes de peinture plus ou moins appuyés presque dérisoires autour d’une construction architecturale, seul élément solide de l’œuvre. Mais quoique évanescents, ces gestes, remplissent presque la totalité de l’espace, ils sont majoritaires. Ils cernent le stade comme s’il devenait leur cible, comme s’ils s’y opposaient avec une certaine douceur due notamment aux valeurs de gris peu marquées, à une douce confusion, à peine relevée ici et là de traits plus précis, souvent en arc de cercles, en courbes, évoquant peut-être une caractéristique féminine. Il y a là une opposition entre les courbes rigides de la construction architecturale qu’on peut sans peine imaginer masculine, machiste, et celles plus chaotiques d’une féminité “sauvage” ou tout simplement naturelle.
Ensuite la relation avec le tableau du Caravage quelle est t’elle vraiment ? Il est question des miséricordes corporelles en opposition à celles spirituelles ( 7 de chaque)
Le tableau s’organise autour d’un vide, d’une obscurité, la lumière vient de la gauche, ce qui évoque pour moi la maladresse, le hasard, ce qu’on appelle généralement la gaucherie, la femme gauche, la féminité ainsi considérée durant des siècles. Que la lumière de la vienne de la gauche et crée ainsi des contours aux silhouettes, les fait apparaître hors de l’obscurité de la violence fondamentale et comme surprises dans leurs œuvres nommées miséricordieuses procure une belle émotion esthétique et intellectuelle, assez semblable d’ailleurs à celle procurée par l’œuvre de Julie Merhetu. Quasiment identique.
Ainsi deux oeuvres totalement différentes plastiquement mais qui traitent d’une même thématique, celle de la violence finalement, ou encore de l’opposition ombre et clarté , féminin-masculin, se relient dans une histoire plus vaste de l’humanité.
Ensuite, c’est peut-être simplement mon point de vue personnel, ma façon d’interpréter les choses et notamment les œuvres qui me passent devant les yeux avec la grille de lecture dont je dispose.
Note: cet article a été en partie inspiré par un article de Robert Magiorri sur le livre de Marc Perelman, l’Ere des stades (Genèse et structure d’un espace historique) , Le cahier Livres de Libé 10 juin 2010)
Julie Merhetu est née en Ethiopie en 1970, elle quitte l’Afrique pour s’installer aux Etats-Unis en 1977. Sa thématique principale est axée sur les conflits sociaux. ( voir sa page Wikipédia )
Mal organisé, inquiet, terrorisé parfois, j’essaie de surnager comme je peux. L’enfant têtu ne veut toujours pas couler. Je fais sur la tablette, je vole un peu de temps, de plaisir. Et tant pis s’il n’y a pas de lien, au contraire.
(Première partie)
« … Au lieu d’utiliser des contours, au lieu de faire des formes ou de créer de l’espace, mon dessin déclare l’espace. Au lieu de travailler avec les restes de l’espace, je travaille avec tout l’espace. «
Barnett Newman considérait les dessins comme essentiels à sa méthode de travail. Et compte tenu de son penchant pour une seule ligne droite pour façonner l’espace (ce qui a été surnommé le « zip »), il n’est pas clair si l’espace dont il parle est l’espace sur le morceau de papier bidimensionnel, ou un espace plus tridimensionnel. espace. Ou peut-être pensait-il à l’espace qu’impliquent ses dessins. Ou il aurait pu simplement parler de la zone, ou de l’espace, sur un morceau de papier. Beaucoup de questions que se posent les non-artistes finalement. Encore une fois agir n’est pas réfléchir. Déclarer plutôt que tergiverser.
Le long de l’East River entre le pont de Manhattan et la 14 ème rue s’étend Lower East Side dont la limite ouest est Brodway. Ce quartier fut longtemps habité par une population ouvrière et défavorisée, il n’avait pas bonne réputation. Beaucoup de juifs venus d’Europe de l’Est y vivaient et y vivent encore. En 1910 on en comptait 540 000 d’après le livre de Paul Johnson, une histoire du peuple juif ( JC Lattes , 1989) C’est dans ce quartier de New York que nait Barnett Newman, le 29 janvier ( tiens comme moi ) mais lui ce fut l’année 1905.
En 1905 que se passe t’il aux Etats-Unis d’important ?
Les Etats-Unis prennent le contrôle des droits de douanes, par un traité signé avec la République Dominicaine. La création du Rotary Club. Création d’un protectorat qui mettra fin à l’ingérence américaine en République Dominicaine. Le début de l’ère Lochner ( la cour suprême s’oppose systématiquement à toute règlementation favorisant les conditions de travail, notamment les durées de travail et les salaires ) Ce qui entraine un peu plus tard la création d’un syndicat international, le International Workers of the Word à Chicago, dont les participants seront nommés les Wobblies ( deux cents socialistes, anarchistes et syndicalistes radicaux) Ils souhaitent ainsi en réaction à la loi Lochner, rassembler les travailleurs sans discrimination de sexe, de race ou de qualification. Ils prônent l’action directe et l’autodéfense en cas d’agression. Les Noirs se réunissent aux chutes du Niagara sous l’impulsion de William Edward Burghardt Du Bois ( diminutif W.E.B du Bois) Des familles noires s’installent à Harlem.
Il se passe toujours quelque chose quelque soit l’année que l’on choisit sur Wikipédia, c’est fascinant.
Donc Barnett est d’origine juive. Ses parents viennent de Lomza en Pologne. Le père Abraham gagne sa vie en vendant des pièces détachées de machine à coudre aux ouvriers des usines de vêtements du coin. Est-ce pour la fabrication des jeans qui demande énormément de main d’œuvre et de matière première depuis la découvertes des premiers filons d’or du Klondike quelque années auparavant ? On peut le supposer. Il faudrait effectuer des recherches pour en être vraiment certain. Mais ça ne changerait en rien la vie de Barnett Newman, ni celle de son père Abraham qui grâce à ce commerce permet à la famille de vivre assez confortablement. D’ailleurs, en 1915 ils déménageront dans le Bronx, et Barnett se met au piano, au sport et au sionisme puisqu’il fréquente l’école Hébraïque. ( il aura même des cours particuliers en sus des autres dispensés par de jeunes juifs arrivant eux aussi d’Europe)
Entre 1919 et 1923 Barnett fréquente plus le Métropolitan Muséum of Art que l’école. C’est juste à côté de l’école donc forcément beaucoup plus attractif. En 1923 il se met à fond au dessin et décroche un prix pour un dessin intitulé « Much-labored-over » ( beaucoup travaillé) Il fait la rencontre d’Adolph Gottlieb qui revient de Paris et qui est fortement influencé par Cézanne, Matisse et Fernand Leger. Gottlieb dira un jour » Pour moi, certaines abstractions n’ont rien à voir avec l’abstraction. Au contraire, il s’agit du réalisme de notre temps. » Ce qui sonne assez juste à mon avis. Il crée en 1935 le groupe The Ten. ( Peut-être un clin d’œil à l’ancien groupe Ten American painters qui fut crée en 1885 pour protester contre le mercantilisme de leurs anciennes expositions et leur ambiance de cirque… ) Ils furent les représentants de l’impressionnisme américain durant une bonne vingtaine d’années.
Barnett est aussi copain avec un certain Aaron Siskind, qui deviendra plus tard un photographe assez connu. Mais pas par moi. Dans son travail, Siskind met en avant des détails de nature et d’architecture. Pour lui, ce sont des surfaces lui permettant de créer de nouvelles images totalement indépendantes de leur sujet d’origine.
Je m’arrète là pour aujourd’hui. Suspens.
L’article complet sera publié sous forme de feuilleton pour ne pas accaparer le temps des lecteurs d’un seul coup.
Günther Förg est né en 1952 à Füssen, en Allemagne, en Bavière, là où coule le Lecht, sur la route romantique. Romantique parce que construite par les romains. Il y a un château gothique, (Hohes Schloss) , l’un des plus beaux de Souabe. On peut le visiter et y découvrir une jolie collection d’œuvres de la période gothique et de la Renaissance. Un peu plus loin on trouvera le complexe baroque (1697 – 1726) de l’ancien monastère bénédictin de Saint-Magne fondé au viiie siècle. Le baroque c’est au XVII ème siècle la refonte plus rhétorique , plus théâtrale, d’un vocabulaire formel provenant de l’architecture antique, et déjà revisité par la Renaissance. C’est dans cette environnement que Günther Förg est né c’est de là qu’il est parti pour devenir l’un des plus grands artistes de l’abstraction contemporaine. Est-ce étonnant qu’il revisite, lui aussi, dans ses peintures abstraites, le vocabulaire formel de la peinture de ces prédécesseurs notamment : Barnett Newman, Clifford Still, Willem de Kooning ? Pas vraiment quand on réunit ensemble ces quelques informations sur lui et la ville de Füssen.
Dans les années 70 il étudie à l’Académie des Beaux-Arts de Munich ( Munchen) et très tôt à partir de 1973 rencontre un succès international.
Ce qui l’intéresse c’est la modernité et surtout les signes par lesquels elle se manifeste. Il les traque au travers de ses photographies d’architecture concernant l’époque du Bauhaus, notamment la confrontation des bâtiments avec l’usure du temps
Quelques images de ses photographies de l’architecture du Bauhaus :
Quelques images de ses peintures abstraites :
Peut-être que ce qui choque le public quant à ces œuvres abstraites c’est leur apparente simplicité ou facilité d’exécution. On se dit qu’un enfant pourrait le faire. C’est vrai. En ce qui me concerne je ne trouve pas ça péjoratif. La différence se situe dans l’intention avec laquelle un enfant peut réaliser un tel travail et celle d’un artiste associée à d’autres, en matière de langage formel, et à toute une histoire de l’art traitant de la même volonté , ou curiosité, qui le précède.
Quelques œuvres de Barnett Newman ( 1905-1970 )
Quelques œuvres de Clifford Still
Quelques œuvres de Willem de Kooning
Sur la route romantique on se rend compte en premier lieu que ça vient du romain et non d’un sentiment romantique comme on aurait pu l’imaginer. En second lieu la notion de vocabulaire formel que l’on s’échange, travaille, réinvente de génération en génération à propos d’une thématique quelle qu’elle soit. La modernité n’est pas un champignon qui pousse en une nuit, elle est toujours le fruit d’une histoire, d’une langue, et des être qui prennent le temps de se pencher sur cette histoire.
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