
Finalement je reviens vers Jean Rivière lors de mes trajets en voiture. Durant tout un mois je n’ai pas cessé de me déplacer en semaine, comme d’habitude, et ces derniers temps s’ajoutent les week-end pour honorer les permanences à l’exposition de Mornant.
Je crois que je ne peux supporter que lui Jean Rivière pour m’accompagner durant tous ces trajets. C’est comme une sorte de rébus, une énigme à résoudre. Et ce n’est pas une affaire de séduction tout bien pesé. Même si tout est comme mathématiquement prévu de A à Z dans ses vidéos, ses podcasts, ses mails pour déclencher le désir d’acheter, il y a autre chose. Et ça ne suffit pas non plus de parler d’empathie car l’empathie fait aussi partie de son système.
C’est beaucoup plus une résonnance que j’y découvre avec la peinture. Le fait de sans cesse se remettre à l’ouvrage, de recommencer la toile, de tester énormément de pistes différentes, comme d’effectuer des paris, des plans sur la comète. On mise sur une idée de formation comme on mise sur l’avenir d’une toile finalement, on pourrait dire cela sans que ça ne soit vulgaire ni obscène.
Je veux dire si on siphonne de long en large tout le romantisme qui s’attache encore à l’idée de création.
Il faut prendre de la distance avec l’image de cette embarcation dans laquelle on ne cesse d’écoper surtout en sachant au fond de soi que le naufrage est le but dissimulé.
On peut se naufrager tout seul correctement de milles façons diverses et variées. Alors pourquoi ne pas en essayer mille avant de subir les assauts de la fatigue et d’abdiquer une bonne fois pour toutes.
Jean Rivière est une figure incontournable du web marketing, il a inspiré de nombreuses personnes dont certaines désormais sont célèbres et donc riches de toutes évidences.
Je ne sais pas si lui est si riche que ça, et surtout si cela l’intéresse vraiment de l’être. C’est certainement cette intuition que j’éprouve en consommant ses contenus qui me rapproche de lui si je peux dire en tant que peintre peu attiré par la célébrité pas plus que par les millions.
Cela pourra paraitre pour beaucoup être à première vue une posture romantique. Quelque chose qui se rapproche de Don Quichotte se battant obstinément contre les moulins à vent. Le tout cousu de fil blanc du genre du non que l’on prononce pour attirer un oui. Mais tout bien pesé encore ce n’est pas cela non plus.
Cela tient plus de l’archétype du créateur tel que je l’envisage depuis le début. Quelqu’un qui place la liberté avant tout.
Depuis des années, 2003 je crois, Jean Rivière propose une formation par semaine pour résoudre des problèmes dans le domaine du marketing. Souvent on peut avoir l’impression que c’est toujours de la même chose qu’il parle, et c’est certainement vrai. Pourtant il se creuse vraiment la tête pour en parler de mille façons différentes à chaque fois.
Parler d’ un problème sous plusieurs angles, lui permet d’extraire ainsi une somme pharamineuse de contenus, de donner l’impression au public à la fois qu’il maîtrise son sujet et qu’il cerne l’ensemble des difficultés de celui-ci. Ce qui lui permet la plupart du temps d’enjamber toutes les objections, les résistances et de vendre.
Son but est de vendre, il le dit clairement, il ne s’en cache pas. C’est ce qui me différencie de lui.
C’est aussi ce qui me fait rêver probablement lorsque mon découvert à la banque est dans le rouge cramoisi.
Le manque d’argent est devenu plus cruel ces dernières années d’autant que j’ai l’impression de travailler comme un forcené. Le fait est que je ne sais pas du tout me vendre je ne l’ai jamais su. Et si jadis c’était probablement une posture romantique qui a glissé progressivement vers une posture spirituelle si l’on veut, du genre » l’art est sacré, l’art n’a pas de prix » le fait est que souvent dès le 15 du mois je me retrouve gros Jean comme devant.
Donc normal que je revienne à Jean Rivière. Je voudrais faire du fric bien sur, arrêter d’être con, mais je voudrais bien le faire le plus élégamment possible pour ne pas tout perdre de mes vieilles croyances, de la belle image que j’aurais façonnée ainsi durant tellement d’années.
Ce n’est d’ailleurs pas tant pour moi-même que pour mon épouse. Car je continue à me dire que personnellement à part mes clopes, mon café, et ma peinture je n’ai besoin de rien. Ce qui est profondément égoïste d’après elle et même si je pressens que c’est vrai, parfois elle parvient même à me convaincre… bref.
Sauf que je n’ai pas peur d’être égoïste, on ne me met pas du sel sur la queue de cette façon.
Donc c’est une tâche de fond : Faire de l’argent si possible pas de façon débile, pas comme un bourrin, élégamment. Le beurre, l’argent du beurre et bon la crémière faut voir.
Parfois je me dis que je ne gagne vraiment pas grand chose à dispenser tous ces cours par monts et par vaux, que j’y déploie une énergie qui est très loin d’être rémunérée à sa juste valeur. J’ai ce toupet là aussi parfois.
Le problème est là , cette interrogation perpétuelle sur la valeur. Et du coup j’oscille depuis le sommet au gouffre. Il y a des jours où je pense que je suis bon, d’autres où j’ai la sensation de voler mon salaire.
Le fait aussi que les temps actuels proposent de se décomplexer vis à vis du pognon, de ne plus éprouver de culpabilité à en gagner si possible beaucoup, énormément, c’est la nouvelle couverture du journal de Mickey. Et du coup bien sur le mal remonte, L’adoration du veau d’or revient chez moi au grand galop. Et bien sur je suis plus du coté de Moïse et du buisson ardent.
Ce qui fait que le 15 du mois la température est plutôt ardente elle aussi.
J’ai un mal de chien à prendre au sérieux le fait de vendre mes tableaux sur internet. Même si c’est arrivé j’ai toujours l’impression que c’est du à la chance, ou pire que l’on me fait un genre d’aumône, de charité.
Ce manque de confiance je le conserve car j’en ai besoin. Je ne cherche absolument pas à me soigner de quoi que ce soit de ce coté là. Si je me mettais à avoir confiance dans mon propre talent, si je n’avais plus de doute, je serais foutu probablement. Je me mettrais à ne peindre que ce que les gens ont acheté, que ce que les gens aiment. Je ne ferais plus de peinture je ferais des petits pains.
Autant devenir boulanger alors. Et je n’ai rien contre non plus, il n’y a effectivement pas de sot métier
Sauf que la peinture est un sacerdoce et que je n’ai qu’une religion tout à fait personnelle. Je ne cherche pas tant à me relier aux autres qu’à qui je suis envers vents et marées. C’est ma vie.
Ce qui fait que je me gave ces derniers temps des contenus de Jean Rivière c’est parce qu’il est une version de moi-même débarrassée des entraves que je me suis toujours donné concernant la manière de gagner de l’argent ou plutôt de gagner ma vie.
En l’écoutant j’ai l’impression qu’à condition de mettre un peu d’effort dans l’organisation, dans la logique , en trouvant des raccourcis, en allant à l’essentiel je pourrais probablement régler un bon nombre de problèmes qui ne cessent de me turlupiner depuis des années.
Et passer le cap Horn par temps clair le 15…
Sauf que le cap Horn sans aucune turbulence ça doit être surement décevant pour tout navigateur digne de ce nom.
Comme quoi je peux tout à fait écouter Jean Rivière, et les sirènes en général durant mes trajets en voiture, ça me passe le temps tout bonnement et ça peut aussi à terme, me renforcer dans certaines opinions dans certains choix. Ca peut aussi m’aider à rester qui je suis accessoirement.
Je vous laisse le lien de sa chaîne Youtube, au cas où vous auriez de la route à faire au volant ces prochains jours.
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