une phrase véritablement poétique est une phrase qui détachée de son contexte continue à ne rien vouloir dire d’autre que ce qu’elle dit. Le malentendu vis à vis d’une telle phrase ne peut jamais provenir que du lecteur qui ne l’entend pas comme telle. Par conséquent, le coton-tige est une arme de poésie massive ! De plus il serait urgent que tout le monde mange à sa faim. La poésie ne s’en ressentirait que mieux puisque l’on sait depuis belle lurette que ventre affamé n’a pas d’oreille.
Reviens à toi. Oublie la culture qui n’est qu’illusion, instrument de domination, fausses nouvelles fausses vérités. Dresse un autel simple à l’imagination. Marche dans la ville ou la campagne et que les yeux enfin se rejoignent avec tes pieds. Écoute le chant du vent dans les branches du chêne, oublie la langue vulgaire pour parvenir à bien entendre l’unique langue commune. Fuis cette folie qu’ils nomment raison. Reviens à toi et ouvre en grand ta mémoire ses couloirs ses caves, ses cachots. Laisse respirer l’oiseau transi, accompagne en son rêve l’ours le loire la taupe. Et n’aies pas peur de ce que tu y trouveras. C’est là ta vraie culture et déjà la veine des troncs crée des lettres et des mots, devient lecture comme l’onde dévalant la pente des collines un chant. Retrouve ici et là tout ce qu’on s’est acharné à effacer. réapprends à lire dans les plus petites choses que nul autre ne voit que toi. C’est cela ta culture véritable en tous temps et lieux, débarrasse-toi du reste et vois : déjà tes pieds tes mains prendre racine dans le rien qui n’est pas rien.
Toute l’éternité dans un seul souvenir. Puis l’oublier pour se tenir ici ou là , en cette vie. Accepte encore de croire dans l’illusion du temps. Rien de grave de dramatique. juste– se souvenir que l’infini se nourrit du fini. c’est la loi de l’éternel.
Les Nephilims sont ici depuis si longtemps. Ils envahissent le monde peu à peu et en silence. Personne n’y croit mais ils écartent au loin très loin la vieille humanité. Ils ont toujours cette haine pour les enfants de Mu de Lémuriens, contre l’Esprit. oh le poison inoculé de longue date, si l’on imagine le temps qu’il a fallu. De la lune à la terre pour que le serpent parvienne encore et toujours à renouveler son vieux programme son dessein.
Tout ce qui est humain désormais doit rester caché. Agir en secret, dans l’anonymat. Revisiter tous les faux buts les gloires mensongères, les traquenards. Redonner au cœur puissance dans la légèreté et le fragile. Se méfier des modes qui prônent une fausse idée du féminin. du masculin. L’orgueil cyclopéen se tient comme un gardien qui tâte le dos de ses moutons. Seul rester seul résolument pour aller quérir l’humain perdu dans le dedans. Tu as déjà vécu cela maintes fois cette guerre contre l’esprit serpent tu la connais de toute éternité. chaque souvenir te la rappelle et l’actualité dans l’aujourd’hui mensonger.
quatre injections et tu es toujours en vie. Ta résistance c’est ta raison d’être et rien ne peut l’abattre. La moisson laissera suffisamment de grain au sol pour que le printemps agisse. Dans l’ombre générale tes yeux s’habituent à voir et ta bouche à rester close. L’acte prévaut et déchire l’immobile.
Les gouffres sont immenses et nombreux mais mon cœur est léger. Grace au froid mes mains se sont retrouvées. Et rien de bizarre à voir des ailes se reformer. Ma cervelle est celle du pinson, ce chant traverse brumes et brouillards pour t’avertir du soleil. Prend garde à la tristesse pauvre sirène. Plutôt guette au haut clocher ce coq en fer. Que les vents malmènent et qui sur une même patte tient bon ne perd pas axe. Drames, comédies, larmes de mort, larmes de joie, rien n’y changera sauf l’ innocence vraie. Noël! miracle que produit la neige au moment où tu t’y attendras le moins. Que tout le lourd produise un coeur aussi léger, quel mystère!
Toujours énormément peiné sur la notion de but. Déjà dit de nombreuses fois sur ce blog. Ce qui fait peiner à partir d’un certain âge c’est de perdre son temps. C’est que l’on ne voudrait surtout pas perdre ce temps de plus en plus précieux en se trompant de but. Et malheureusement la méthode que j’ai le plus souvent utilisée c’est celle d’aller au bout des buts qui n’en sont pas vraiment. Des buts à la mode, des buts illusoires. Ce texte naît d’une réflexion sur la vie du peintre Chagall. Pourquoi un simple boulot de commande, des illustrations qu’il avait à faire sur la Bible devient le cœur de son œuvre. N’a t’il pas par accident, ce qu’on nomme le hasard découvert un but qui allait bien au-delà de la réalisation d’un travail que l’on pourrait considérer comme alimentaire. J’imagine qu’en se mettant au travail un but s’est ainsi trouvé collé à l’évidence. Tous les astres se sont retrouvés alignés. Ce serait ça un but digne de ce nom. Un alignement de planètes. Une configuration qu’on ne saurait remettre en question. Et qui nous impliquerait par une mystérieuse alchimie dans cette configuration. C’est ce que j’attends depuis des années, depuis toujours. Et probable que ce n’est pas la meilleure des postures qui rendrait l’apparition de cette grâce favorable. Aussi des années que j’´ai renoncé à cette posture de l’attente. Que jour après jour je me mets au travail dans une régularité de métronome, sans rien attendre d’autre que de mener cette simple tâche à bien c’est à dire de l’effectuer quoiqu’il puisse advenir. S’enfoncer dans cette volonté de non but n’est pas une petite affaire. C’est qu’on les voit défiler justement tous ces buts toutes ces illusions. On se retrouve un peu comme Tantale l’assoiffé qui voit passer l’eau mais qui ne peut la boire. Qui s’interdit lui-même de se désaltérer parce que cette satisfaction n’est qu’éphémère, qu’elle n’étanche aucune soif. Parce qu’il faut s’asseoir au milieu de la soif comme au milieu de l’ennui et constater de quoi elle se constitue aussitôt qu’on veut bien la penser, la conceptualiser. Une soif inventée de toute pièce par la pression atmosphérique, par l’extérieur. Mais si l’on se tient suffisamment sage et immobile, si au lieu de s’en faire une ennemie on la considère comme une malheureuse, une démunie, que l’on cherche à dialoguer avec elle sans fausse compassion, sans bienveillance exagérée, car elle est rouée comme tout ce qui est humain, alors quelque chose se produit dans l’énergie. une inversion électrique qui entraîne la découverte surprenante : cette soif a besoin de moi, elle ne peut réellement exister sans moi. c’est le moi dont elle se fait le but en soi.
Ce qui se produit ensuite c’est la représentation de tous les buts qui défilent comme sur une scène de théâtre devant l’être et la soif comme spectateurs. Ils jouent leurs rôles, tragiques ou comiques avec le plus grand sérieux ou une nonchalance de mise. Ils brouillent tellement bien les pistes. Et c’est à ce moment là que les spectateurs se donnent de petits coups de coude. C’est à ce moment là qu’ils se disent mutuellement tu as vu, rien de bien extraordinaire et justement c’est cela l’extraordinaire. Et comme un but qui dépasserait la tête de tous les autres, le banal serait démystifié. Le banal serait ce miracle justement que tu attendais depuis toujours sans parvenir à déposer le fameux grain de sel sur sa queue pour l’attraper.
Que le Christ soit présent sur les tableaux de Chagall, une énigme pour certains. Mais si l’on en revient au fameux but, pas vraiment. Il ‘faut de toute évidence sacrifier un agneau quel qu’il soit, une certaine forme d’innocence pour être en mesure d’ offrir une connaissance de lui-même au monde.
Un grand mot. Beaucoup l’ont en bouche, le trompettent mais ça ne fait pas tomber les murs de Jericho. La fréquence, celle-ci en tous cas, n’est pas la bonne. Le sérieux contre la fantaisie, contre la poésie, et la réalité bien sur contre le rêve. Voilà donc un sérieux qui ne se constitue que par ce à quoi il s’oppose. Comme le riche ne l’est que par le nombre de ses pauvres. C’est si ridicule si grotesque qu’on n’y fait même plus attention. Mais c’est justement cette inattention qui renforce d’autant plus le sérieux du sérieux. Et qui par conséquent tue toute fantaisie. Voilà donc où le sérieux atteint à la fois à l’absurde comme à l’effroi. Un effroi authentique cette fois capable de détruire tout ce qui vit ici-bas. Mort de trouille.
C’est qu’il en faut du courage de la bravoure pour s’attaquer au sérieux. Une étoile, un vieux canasson pourri, quelques moulins à vent, une Dulcinée de Tobosco où de Pierrefite pourquoi pas. Et une fleur entre les dents. Encore que si on la laisse dans son massif ou dans son champs ce ne sera pas plus mal non. Toujours été contre cette sale manie de cueillir des fleurs pour se les mettre à la bouche à la boutonnière avoir l’air de. Horreur de cela. Sérieusement pour le coup.
Disons le clairement ce sérieux là devient obscène de plus en plus. On ne le supporte plus du tout. Et sans doute que ce sera le fait de ne plus être en mesure de le supporter justement qui créera le trouble, les émeutes, une pagaille comme encore jamais vue. Et des explosions de joie, de rire, des embrassades. Que les pompiers sortent les tréteaux et rameutent leurs flonflons, il y aura grand bal et l’on s’aimera, on dansera je ne vois que ça, sérieusement, je ne vois que ça.
passer une heure à coder une page en langage html ou css, plonger si profondément dans les balises et leurs attributs, que cette heure on ne la voit pas passer. Arrêter le temps, arrêter le monde, ne s’occuper que de ses oignons, vraiment, profondément, totalement.
regarder un dessin fait par un enfant. redevenir enfant. en comprendre soudain toute l’autorité comme l’hésitation. la part de rêve. puis tourner le visage vers la fenêtre et voir la neige tomber lentement doucement recouvrir le paysage entier de blanc.
Être complètement absorbé par un petit tourbillon de vent qui promène un tas de feuille mortes en pleine ville aux heures de pointe et entendre le crissement des feuilles sur le béton. n’écouter que cela. Puis regarder en haut le ciel la vitesse stupéfiante des nuages derrière lesquels la nuit s’amoncelle.
ouvrir la porte de cette chambre de plain-pied et voir toutes les fleurs du cerisier japonais tombées au sol. L’ineffable juste à la porte de sa chambre. Et presque instantanément le monde qui reprend sa course d’autant plus vite que s’il voulait rattraper ce tout petit moment perdu gagné.
La chatte passe nonchalamment près de l’homme assit sur sa chaise, l’homme absorbé par le travail du jour. Un bond et la voici sur tes genoux et qui ronronne. Tu n’aurais par le cœur de l’ignorer, de la chasser. Tu passes un moment ainsi, à fourrager dans sa pelisse, à te réchauffer les mains, à réchauffer l’animal. complicité hors du temps. délit d’absence ou de présence.
Les mots, la langue, ne sont qu’emprunts. Tu t’en souviens comme on s’éveille d’un rêve. Tu voudrais écrire cette sensation étrange de se retrouver comme un étranger face à tous ces mots, cette langue. Peut-être voudrais tu rendre tout simplement ce que tu as emprunté. Dire je suis vraiment désolé. Je ne savais pas que tout cela ne m’appartenait pas. Et te voici à nouveau à te demander si le silence t’appartient ou non. Te voici tout à coup si vieux et circonspect.
une nouvelle toile un nouveau départ à partir d’un fond noir, huile sur toile 70×70
Impossible de ne pas écrire, impossible d’écrire dans une langue étrangère, le français, impossible d’écrire dans une langue maternelle inconnue, mais est-ce l’estonien. l’estonien n’est au bout du compte qu’un symbole. tout comme ces diverses tentatives parfois fructueuses pour apprendre l’hébreu, le farsi, le sanskrit et bien évidemment l’anglais et l’allemand. Mais la langue de l’autre, n’importe qui, suffirait pour faire ressurgir l’échec. Tenter de tracer un périmètre une fois encore à la tour de Babel. Voué dés le départ à la ruine de l’orgueil ou la vanité qui auront fomenté un dessein si singulier si stupide. C’est là l’origine d’une singularité et de tous les malentendus permanents qui en découlent. Singularité prise au début comme une sorte d’avantage dans sa flamboyance initiale, alors qu’il s’avère qu’elle est tout le contraire, un handicap. Le plus terne du terne. Et la compréhension que ce ne pouvait pas en être autrement qu’ainsi. Pour plagier Kafka – dans ce combat entre le monde et toi, seconde le monde. C’est à dire fonce dans cette singularité, détruis-là par tous les moyens possibles, imaginables. Un être seul ne peut pas vivre ainsi dans le monde. Il ne peut jamais que mesurer l’écart entre le monde et lui. Et, ce faisant débarrasser le monde d’une singularité qui ne lui appartient en rien, dont il n’est jamais conscient. l’impossibilité ontologique du monde de posséder une telle conscience. Il n’en a pas besoin voilà une vérité. la vérité du monde est d’être ce qu’il est quoiqu’il soit. La malediction d’une conscience faisant retour comme un boomerang, une éclaboussure, vers l’individu isolé. Soit encore une double impossibilité qui forme le fleuve coulant entre ces deux rives. Entre conscience de l’un et inconscience de tous. Ce qui finit par rendre caduque la conscience, la rendre ennemie. Et le désir bizarre parfois de plonger au sein du monde comme une brute, comme une bête, un animal. Mais Impossible désormais puisqu’on en aura justement pris note ou conscience.
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