Le découragement

Tu vois,

Tu ouvres un peu les yeux et c’est vraiment la guerre.

Des gens qui courent dans tous les sens, sans vraiment savoir où ils vont, où ils désirent vraiment aller, la plupart se rendent au casse pipe sans même le savoir.

Une lente dissolution de leur être profond, véritable, dans le salariat la plupart du temps, mais aussi pour les entrepreneurs désormais. Les auto entrepreneurs notamment qui facturent leurs prestations à des entreprises et qui par ce qu’ils n’osent pas, où ne savent pas se vendre, sont souvent payés moins cher que les salariés.

Ce qui les fait tenir debout ? l’idée de la liberté, et la passion de l’activité qu’ils ont crée, l’envie parfois aussi de devenir riche, mais ces derniers sont plus rares dans le fond.

Car beaucoup, sinon tous passent par le découragement, et certains ne s’en relèveront pas, ils resteront sur le carreau en invoquant la faute à pas de chance, à la conjoncture, à je ne sais quoi encore.

La vérité c’est qu’on ne peut pas avoir d’objectif sans découragement et c’est une chose normale. Si tu n’as pas d’envie, pas de passion, pas d’objectif réel , comment pourrais tu être découragé de ne rien atteindre ?

Je crois que Winston Churchill disait qu’il n’y a pas d’autre alternative à la défaite que la victoire et dans le fond je dois avouer qu’il a tout à fait raison.

Capituler est le pire de tout.

Alors il est temps de te le dire, oui je suis souvent découragé par mes activités de peintre. Oui j’ai envie de baisser les bras de temps en temps, oui j’ai envie de tout envoyer promener et de me mettre à retrouver un job de salarié.

Mais je ne le ferai jamais !

Parce que je connais ce qu’est l’existence d’un salarié

Parce que je sais déjà que je ne suis pas heureux dans une vie de salarié.

Parce que ma créativité ne s’est jamais épanouie dans une vie de salarié.

Parce que lorsque j’ai quitté le monde de l’entreprise, je l’ai quitté à bout de force et de patience, à bout de croyance aussi, cette croyance était de longue date celle de mes parents ,de mes proches, qui disaient depuis toujours qu’il faut  » trouver du travail » et en être bien content, on appelle ça des CDI désormais, voire pire, des CDD et il faudrait être heureux d’en trouver un naturellement.

Car un travail c’est la liberté d’acheter de quoi bouffer

Car un travail c’est pouvoir flanquer une grande partie de son salaire dans un loyer sous peine d’être dans la rue.

Car un travail te donne une identité et ça fait toujours mieux de dire, je suis technicien de maintenance ou manutentionnaire que chômeur, ou SDF cela fait moins honte.

Car un travail c’est soi disant l’indépendance, la possibilité de recréer un cocon, une famille et de continuer comme les générations précédentes à serrer les dents des le 15 du mois bien souvent.

Car un travail c’est une position même si elle n’est pas très reluisante dans la société.

Car il y a le travail et il y a le rien faire, la retraite, le chômage, les rentiers.

Alors quand on est peintre, que l’on a pour passion de peindre, de gagner sa vie avec la vente de ses œuvres, il faut vraiment bien peser le pour et le contre avant de s’engager dans cette voie.

En 2008 j’ai tout pesé scrupuleusement, j’ai quitté un emploi rémunérateur, j’ai quitté une équipe au sein de laquelle même si il y avait des hauts et des bas, je me satisfaisais bon an mal an .

Je me mentais à moi-même surtout.

Et je remercie le destin, la fatalité, la faute à pas de chance, le découragement, car ce sont tous ces facteurs qui m’ont poussé à quitter l’entreprise.

La vie que je vivais alors ne me satisfaisait pas du tout dans le fond et c’est grâce à la lassitude, au découragement que j’ai pu effectuer le grand saut vers mon activité de prof de dessin et de peinture.

A l’époque nous venions de quitter le centre de Lyon, mon épouse et moi pour nous installer dans une grande maison au sud de la ville. Il y avait un grand garage et je l’ai transformé en atelier de peinture.

Au début j’ai commencé par recevoir 5 élèves et puis le nombre s’est mis à grossir de plus en plus jusqu’à ce que je sois obligé de prendre un nouveau local à l’extérieur de la maison.

J’ai eu jusqu’à 30 élèves et je bossais 7/7 j’étais content, mieux, j’étais fier de moi.

Fier d’avoir eu ce cran de partir de l’entreprise,

Fier d’avoir crée quelque chose de mes propres main et sans l’aide de personne

Fier aussi de ne pas passer mes journées à bailler et à m’ennuyer

Fier de ne plus avoir à faire 80% de mon temps de la politique en temps que cadre.

Fier d’avoir su partir à temps car en 2008 j’avais 48 ans. J’étais déjà trop vieux pour le monde de l’entreprise et je savais que plus jamais je ne pourrai y revenir.

Depuis j’ai connu des hauts et des bas dans mon activité de peintre comme de prof, des découragements aussi bien sur , de nombreuses fois ! mais je sais à présent que le découragement est le symptôme de quelque chose de plus haut dans ma vie :

Le découragement c’est le symptôme d’une lutte que je mène pour atteindre à un but.

Le découragement c’est le signe d’un nouvel obstacle réel ou imaginaire à franchir

Le découragement c’est un ami désormais

voilà ce que j’avais envie de partager avec toi aujourd’hui.

Le découragement

Il peut t’arriver parfois d’être découragé par le résultat de ton travail. Sache que c’est plutôt une bonne chose que ce découragement car il te permet de te remettre en question et pour un artiste c’est une sorte de respiration. La certitude est nocive dans le sens ou elle te prive de prendre de nouveaux risques. Le doute est un moteur qui parsème ton parcours d’artiste d’obstacles, de soucis, d’émotions négatives et positives. De la même façon qu’une oeuvre se construit. Et en fait l’oeuvre comme la vie ne veulent qu’une seule chose : l’équilibre. Le découragement est souvent  le pendant d’un excès d’enthousiasme. Du coup on ajuste petit à petit l’organisation du tableau , son contraste, sa tonalité, le lourd et le léger, le doux et le rugueux. Plus que la beauté ( qu’est ce que la beauté ?) c’est cette impression d’équilibre qui réconforte, qui déclenche l’émotion chez le spectateur. Et l’équilibre cela n’a rien à voir avec la symétrie. Ce n’est pas autant de lourd que de léger, autant de joies que de peines, autant de jours de vaches maigres  que de jours sans soucis financiers. Quand on marche on risque à chaque instant de se casser la figure. On finit par l’oublier mais c’est le déséquilibre qui provoque l’équilibre.

reprise du 20/11/2022

Le découragement comme bonne chose qui te permet de te remettre en question. Tu oublies de dire à quel prix; Et comme parfois tu aimerais avoir cette certitude dont tu passes ton temps à te méfier. C’est plus une sorte d’imprécation comme si tu désirais te convaincre que tu as fait de bons choix. Mais quand tu regardes vraiment la teneur de ces choix elle est insaisissable. Elle n’existe peut-être même pas du tout. Mais une chose est bien observée, c’est la présence de cycles. Bon an mal an; tout le monde fait avec. A force de retrouver la même antienne, le déséquilibre crée l’équilibre, tu trouves celle-ci de plus en plus vide de sens. C’est à dire qu’il faudrait des preuves pour étayer cette proposition. Des preuves que tu en as vraiment saisi le sens exact.

Illustration Huile sur toile 100×100 cm