Pourquoi sommes nous là ?

La palette de Saint Julien Molin Molette, bleu et orange.

En cessant de me poser cette question parce que je ne suis pas qu’une cervelle ambulante, j’ai fait une étrange expérience. J’ai pu constater que ma main pouvait avoir une autonomie particulière à condition que je ne sois pas trop tyrannique avec elle.

C’est toujours ces soucis de m’évader de toute idée d’expertise et de retrouver un esprit « neuf » qui me préoccupe en ce moment en peinture.

La cervelle, l’oeil semblent constituer ce gouvernement qui, si le corps ne le renverse pas, lui obéit plus ou moins servilement depuis bon nombre d’années.

En retrouvant le corps dans l’instant de la peinture, quelque chose d’autre surgit, comme une voie inconnue mais impérieuse qui rendrait caduque tout ce que serine la pensée, tout ce que l’œil fatigué d’avoir trop vu ne peut s’empêcher de représenter de façon incessante enfermant les toiles dans le domaine du « cliché ».

C’est un constat qui m’est venu d’un coup que je n’étais pas là, dans cet atelier pour penser et composer mais être tout simplement. Et dans cette expérience d’être le mouvement, la vitesse, la danse, procure au corps sa raison sans l’entremise du calcul de l’anticipation des pensées.

Ce qui m’entraîne à me poser la question d’une nouvelle façon finalement.

Pourquoi sommes nous là ?

Pour expérimenter la vie et c’est une chose simple en apparence mais il faut passer par bien des complications pour sentir enfin ce qu’est la simplicité.

Il n’y a aucun but à atteindre, peu importe le résultat du tableau, comme celui qui le peint, il est et cela semble sonner bien plus juste que tout ce que j’ai pu penser jusqu’à présent sur la peinture.

On voudrait être heureux, être un bon peintre, on voudrait être un tas de choses , mais on ne voit pas que tout cela on l’est déjà depuis bien longtemps, depuis toujours. On n’est pas suffisamment attentif dans l’ensemble à ce que nous sommes comme à ce qui est et voilà tout.