La taille des diamants

Au début c’est un caillou, un vulgaire caillou.

Quelque chose d’éperdu comme une luminosité enclose et qui cherche à se séparer de l’insupportable matière.

Alors s’amène l’envie.

Et c’est par ce vecteur que la lumière jaillit peu à peu.

Tout ce qu’à l’autre est cet aimant que l’envie frotte, excite, jusqu’à l’insomnie, la dévoration du temps et de ses préoccupations.

L’usure, l’érosion, celle des vents, des eaux, des plaisirs vite satisfaits, mal satisfaits,

font naître la guerre peu à peu

Pour un oui

Pour un non

L’envie grandit se transforme en jalousie.

La jalousie a un appétit d’ogre, sans arrêt, partout où le regard se porte, le caillou devenir pierre de taille traverse la douleur de l’être confondu dans l’avoir.

Posséder devient le maître mot de la jalousie

Des courses folles dans la nuit noire,

Des métamorphoses sans relâche conduit l’enfant vers la mégère, la harpie, la déesse mère et la putain pour s’approprier le zizi d’un immense papa cosmique rêvé, et jalousé.

Puis les millénaires passent

Le caillou dort entre les mondes.

Dans la banalité des mondes

s’érode encore et encore

et un matin on ne sait pourquoi naît la première admiration.

comme un crocus en plein hiver.

Un crocus qui retrouve le beau narcisse

qui admire et s’admire tant et tant

au travers de toutes les admirations

Une jouissance à répétition, un prisme décomposant l’admiration en mille et un regards

Une jouissance du vent qui fait trembler le cheveu, le poil, la lèvre supérieure.

Encore du temps à regarder la surface crée par toutes les admirations

Puis tombe l’ennui épais soudain

L’hiver du diamant est cette attente qui le féconde encore plus loin

qui l’emporte dans le fil des jours ce formidable joaillier.

toutes les admirations dans un dernier éclat fusionnent alors

dans un abandon de garce ou de salaud

La lumière sourd de toutes parts sans raison ni but

Elle est juste la lumière

La cause et la nécessité de tout diamant artistiquement taillé.

Les fondamentaux

On cavale, on s’affaire, on monte, on descend, on fait du rase motte, on gnognotte de la touffe à partir de là tout se barre en couilles, et pourquoi donc ?

Parce qu’on ne prend plus la peine, le temps, le plaisir même, pourquoi pas ? oui le plaisir de repenser aux fondamentaux et voilà tout.

Bien sur pas mal de monde va te dire qu’aujourd’hui le cantique des cantiques c’est

« marche ou crève ! » et ce n’est pas complètement faux non plus.

On va te menacer, tenter de te faire peur, tu vas sentir des menaces peser de toutes parts, la plupart du temps invisibles, ce ne sont que des « on dit » , des rumeurs, mais au bout d’un moment tu vas finir par leur donner une existence toi aussi et tu vas te faire piéger parce que tout le monde tombe dans le même piège

Oublier les fondamentaux !

Alors tu vas me dire oui mais c’est quoi ton truc , c’est quoi les fondamentaux, si c’est des maths j’abandonne toujours été nul en maths ..

Les fondamentaux ce sont les bonnes, les vraies raisons pour lesquelles tu as envie de faire quelque chose plutôt que rien.

Ah oui et ça se manipule comment ton truc ?

Oh c’est pas difficile, 15 mn par jour tu t’arrêtes et tu t’assois et tu te demandes ce que tu es en train de faire.

Si ce que tu es en train de faire n’a rien à voir avec tes envies premières, avec tes objectifs véritables, demande toi alors ce qui se passe, pourquoi tu te disperses, pourquoi tu t’égares? reviens à la base du truc et sois cohérent avec toi même, juste et impartial.

Si tu dis que tu veux être un grand peintre et que tu te trouves allongé sur le canapé en train de te curer le nez en regardant Netflix il est clair que tu t’es écarté de tes fondamentaux.

Bon tu rigoles, tu te dis oh c’est pas si grave de prendre une pause non ?

Alors si c’est comme cela que tu veux le prendre , pas de soucis, prend ta pause tranquille et reviens dans 20 ans si je suis encore de ce monde.

Mais si tu sens qu’il y a un truc qui sonne juste dans ce que je suis en train de te dire, alors assis toi tranquillou et réfléchis un peu à ce que peuvent être Tes fondamentaux à toi

Quels sont les objectifs que tu t’es fixé dans ta vie ?

Es tu satisfait de celle ci et sinon quelles actions mets tu en place pour changer ?

Tu te laisses souvent décourager, déborder, tu penses que tu as du mal à t’organiser ?

Tu n’arrives pas à travailler régulièrement à ces objectifs, tu ne fais pas de plan d’action, tu n’as aucune stratégie ..

Voilà tu vois en s’asseyant et en réfléchissant quelques minutes tout ce qui peut venir d’un coup

Tu comprends un peu plus ce que sont tes fondamentaux ?

Si tu veux en savoir plus, déjà abonne toi à mon blog on ne sait jamais je pourrais bien y revenir très prochainement.

et puis tu peux aussi me laisser ton mail pour faire partie de mes contacts privés ça ne mange pas de pain.

c’est ici https://sibforms.com/serve/MUIEAP1Lg4L2oE2dkcfwNeyfUY1VpT5-aUKEwq1km1WmMQTXw91B7TgQ6KkXOR1srgxPH_SU8P0pF-5tko6hPSuPiHQVS1lmZJ7fxVWcHg61zpACcGSJRXdWixsfOK6-aPbFYCJLDeH6Jv7zQsUz8zU9yEnKntc1-neirmYEEj8vrVuvfEM_KaSVJ8RwA05aM2mfUgyO6lSMxo50

L’envie d’avoir envie.

Peinture Maurice Estève.

Le métier de créateur, d’artiste, et donc par ricochet de peintre est souvent associé soit à une situation privilégiée lorsque ça roule soit à l’apparition d’une silhouette falote de glandeur majuscule lorsque ça ne fonctionne pas.

Entendez « roule ou pas » par les ventes que l’on effectue ou pas.

Le pognon semble être l’indicateur principal de la réussite dans ce domaine comme dans tant d’autres.

Ça c’est la vision extérieure.

Mais pour quelqu’un qui tous les jours doit se mettre à sa table à dessin ou à son chevalet comme moi par exemple puisqu’un jour j’ai décidé d’en faire mon métier, le critère principal n’est pas l’argent mais l’envie.

J’ai quitté tout un tas de jobs même bien payés parce que justement j’avais perdu l’envie de me lever le matin pour exercer ces jobs.

Si je perds l’envie d’effectuer un travail je me morfonds, je commence à être distrait, dissipé, bref je m’ennuie et je finis par chercher la petite bête, produire des grains de sable , à réfléchir, à couper les cheveux en 8.

Du moins je faisais cela avant et je vous avoue que c’était une perte de temps.

C’est un peu comme en amour, si l’on perd le désir on croit que tout est fichu. L’image que nous nous faisons de notre couple devient quelque chose de banal jusqu’au moment où cela devient un enfer, et la seule solution alors devient la rupture, pour ne pas dire la fuite.

Combien de fois ai je interrompu l’acte sexuel simplement parce je finissais par trouver ennuyeuse une répétition que j’avais d’ailleurs moi-même mise en place à l’aune des performances ?

A l’époque j’avais l’impression que les trois quarts de la ville faisait la même chose au même moment. Une désespérance sans nom m’envahissait alors et mon égoïsme prenait alors le dessus en prétextant fatigue, stress, à ma compagne du moment.

Il aurait simplement été utile de changer de point de vue, d’avoir l’audace de trouver des voies moins communes , comme par exemple m’ouvrir de mes angoisses à l’autre pour parvenir au rire commun…au sourire, à la tendresse et finalement à de plus profondes jouissances. Bref ré inventer quotidiennement la caresse comme l’échange .

Cette envie initiale comment est-il possible qu’elle disparaisse aussi soudainement qu’elle arrive …?

On peut penser que c’est par usure, par fatigue, par excès, par routine, mais en fait c’est plus probablement vers une paresse naturelle qu’il faudrait se diriger pour comprendre cette disparition.

La paresse associée à la certitude de l’habitude est terrifiante, c’est un poison létal pour l’envie. Combien d’automobilistes chevronnées s’endorment ainsi au volant ?

Refaire la même chose tous les jours en imaginant toujours être la même personne qui refait cette chose cela revient à imaginer qu’on est toujours la même personne vue sous un certain angle.

Et si on changeait d’angle, de point de vue, tout en refaisant la même chose ? si entretenir l’envie nous permettait aussi de nous entretenir nous-même ? de retarder le vieillissement des neurones, de conserver fluidité et souplesse ? d’apprendre une forme de tendresse et d’humilité inédite ?

Combien de fois ai-je compris cela lorsque montant dans la rame du RER de banlieue de ma jeunesse je me tenais aux limites du sommeil et de la rêverie et observais la vie de la rame, ses voyageurs, leurs gestes parfois étonnamment synchrones, leurs soupirs, leurs éternuements, les bruits qui à force d’être accueillis finissaient par dévoiler des rythmes. Jamais je n’ai fait d’effort vraiment pour observer tout cela j’avais juste envie de regarder le monde et la situation d’une façon inédite chaque jour pour échapper à la lassitude et au suicide probablement.

Désormais pour maintenir l’envie qui est un mot valise, je change de technique, de format, de sujets, je travaille sur plusieurs tableaux en même temps et je ne cherche surtout pas à imaginer une cohérence à tout cela en amont.

Je n’effectue aucun plan, je n’ai pas de but sauf celui de suivre mon envie et c’est celle ci qui me permet de réaliser plusieurs toiles par jour, par semaine, par mois.

Je sais désormais que toutes ces œuvres se rejoignent dans des thèmes qui sont récurrents. La seule chose qui change c’est ma façon d’aborder ces thèmes désormais en faisant confiance au hasard, à l’inconscient pour ne pas me retrouver dans la position exiguë de « l’expert ».

En me vidant de l’expérience acquise surgit alors un esprit de débutant.

Je nourris ainsi mon envie d’avoir envie de peindre.

Et étrangement mon regard s’agrandit se modifie et mon cœur aussi débarrassé enfin de tant de vieilles habitudes et de l’idée de buts à atteindre qui ne me regardent plus.

Le désir et l’envie.

Miroir obscur. Patrick Blanchon 2018

 » Don Quichotte, dans le roman de Cervantès, est la victime exemplaire du désir triangulaire, mais il est loin d’être la seule. Le plus atteint après lui est son écuyer Sancho Pança. Certains désirs de Sancho ne sont pas imités ; ceux qu’éveille, par exemple, la vue d’un morceau de fromage ou d’une outre de vin. Mais Sancho a d’autres ambitions que celle d’emplir son estomac. Depuis qu’il fréquente Don Quichotte il rêve d’une « île » dont il sera gouverneur, il veut un titre de duchesse pour sa fille. Ces désirs-là ne sont pas venus spontanément à l’homme simple qu’est Sancho. C’est Don Quichotte qui les lui a suggérés.La suggestion est orale, cette fois, et non plus littéraire. Mais la différence importe peu  » René Girard « Mensonge romantique et vérité romanesque. »

La différence entre le désir et l’envie est probablement de nature géométrique. Le désir exulte dans le triangle alors que l’envie est une ligne droite traversant le plan.

Il est courant de désirer ce que l’autre désire, cet autre alors serait le sommet du triangle les deux autres n’étant que le sujet et son objet de désir.

En peinture, la copie, l’imitation des grands maîtres sert de médiateur entre le peintre et la peinture dans l’apprentissage classique.

En prenant le raccourci de l’immédiateté, de l’envie brute est il possible de vraiment supprimer toute forme de médiation entre le sujet et l’objet ?

C’est ce que l’on peut croire, mais c’est une nouvelle médiation que l’on installe peu à peu. On désire le hasard comme intercesseur et c’est ainsi que le triangle peu à peu se reconstruit.