Le choix

Effectuer un choix c’est ce que nous ne cessons de faire à chaque instant sans y penser. Cependant il existe certains choix qui mobilisent notre pensée plus que d’autres. De là à penser que la valeur d’un choix est établie sur son degré de dépenses neuronales, ce qu’il coute en énergie pour la cervelle à peser le pour et le contre, il n’y a pas loin.

Et comme la pensée sitôt qu’on lui donne la parole ne la lâche plus et finit par grossir et tout envahir, alors nous pensons qu’il existe de bons et mauvais choix. Mais ce n’est qu’une simple astuce de camelot en fin de compte pour conserver l’attention de son auditoire.

La pensée est un camelot qui te vend sans relâche des gadgets qui, la plupart ne serviront qu’à encombrer ton esprit.

Si c’est le cas on peut se demander ce qui se cache là dessous car tu admettras que ce comportement si banal soit il en chacun de nous n’est certainement pas innocent.

J’adhère bien sur au fait que la pensée est étroitement en lien avec le danger qui pourrait survenir à chaque instant.

La pensée est liée à la fois à la peur et au désir que ce danger advienne et nous dérange.

Nous avons certainement commencé à « panser » nos plaies, celle provoquées par la corne ou la griffe d’un prédateur lors de nos chasses ancestrales. Et puis panser et devenu penser avec la découverte du grain, du germe, de la racine et le creusement des sols afin de les enfouir dans l’espoir des moissons futures.

L’entretien des semis, l’observation des saisons tout a finit par converger vers l’élaboration de cette fameuse pensée.

Et puis il y a eut les périodes d’oisiveté, les périodes où le corps repus n’a plus eut à penser les mêmes obsessions, tout en gardant un souvenir vague du danger qui toujours pouvait nous tomber dessus à chaque instant.

La pensée est un peu comme le programme antivirus d’un ordinateur, tant qu’il n’y a pas de virus on ne se rend pas compte qu’il fonctionne.

Mais à la moindre alerte l’écran commence à clignoter, on saute de son siège et on se dit merde qu’est ce que c’est que ce bordel. J’ai pourtant un programme antivirus !

Comme on le voit pas souvent à l’action, les premières fois qu’il intervient sur la machine sont un peu traumatisantes.

Et puis c’est comme tout, au bout d’un moment, on finit par s’habituer. L’habitude c’est l’immunisation contre la peur du virus. Mais comme tu le sais la peur n’évite pas le danger, et donc s’habituer à avoir peur non plus.

Désormais nous sommes sous le joug de nos pensées. Ce sont elles qui font la pluie et le beau temps dans notre vie. On a l’impression que c’est une fatalité mais ce n’est absolument pas vrai.

Et je regrette qu’on n’enseigne pas cette chose essentielle dans nos écoles.

Savoir que nous ne sommes pas nos pensées. Que nous pouvons sélectionner celles qui nous seront utiles pour atteindre un but, apprendre à effectuer des choix serait un minimum.

Pourquoi choisit on telle méthode ou tel chemin plutôt qu’un autre ? Est ce que ça suffit de parler de choix ? Je ne le crois pas.

Il faudrait aussi parler du désir profond qui souvent nous gouverne tout autant que la pensée. Parfois même en totale contradiction.

Souvent en totale contradiction.

Avoir une pensée en accord avec son désir aussi serait un apprentissage à donner à nos enfants. Pour qu’ils ne deviennent pas cinglés comme nous le sommes.

Et avant tout être clair avec cette notion de désir pour commencer.

Car nous ne sommes sans doute que cela dans le fond. Des êtres de désir.

As tu remarqué que parfois la question qui t’agresse le plus est formulée ainsi :

Mais que veux tu vraiment …?

Elle met le doigt exactement où ça fait mal si tu ne sais pas quoi répondre.

Elle t’oblige à abaisser la garde/

Les bras t’en tombent et tu bégaies.

Puis assez vite comme tu as compris que l’autre avait par cette question pris le dessus, tu esquives soit par un silence, soit en t’opposant pas une justification, ou une autre question… bref peut-être même que tu peux dans ce cas aller jusqu’à la colère tellement cette question à cet instant précis te met « hors de toi » comme on dit.

Et là encore tu as le choix bien sur, tu as toujours le choix en fait d’écouter cette question de la manière qui te conviendra au moment où tu l’entendras.

Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix il y a juste une question d’alignement entre ton désir et toi, entre les pensées et ton désir et l’attention que tu vas mettre dans cette relation entre les deux.

Au final quelle intention est la tienne pour te placer dans ce genre de situation ?

C’est là où je recommande de faire attention à la fameuse loi d’attraction. Elle est proposée comme une sorte de panacée à de nombreux problèmes. Mais la loi de l’attraction n’est rien sans une étude approfondie de ce que signifie ton intention.

Souvent on se trompe en disant que l’on désire obtenir telle ou telle chose, on ne creuse pas assez la question. Si bien qu’on obtient exactement ce que l’on demande pour se rendre compte par la suite que ce n’était pas cela.

Quel temps perdu dans cet apprentissage …

Alors comment trouver ton intention vraiment ? Comment éliminer ce qui la dissimule ce qui te la cache ? Car la bonne nouvelle c’est qu’il y en a toujours une. Le seule problème sur lequel tu devrais vraiment te pencher c’est : qu’elle est ma véritable intention ?

et arrêter de penser que tel ou tel choix est bon ou mauvais car ils ne sont toujours que des moyens pour exprimer cette intention quelle quelle soit.

Ce n’est pas le choix l’important c’est l’attention et l’entrainement à la précision.

Le petit sentier #8

Indépendamment de notre volonté

Il y a ce que l’on veut et puis on pense, on pense on pense toujours énormément jusqu’à imaginer qu’on va déjà l’obtenir et, en pensée on l’obtient évidemment déjà. En cherchant des méthodes, des idées, des plans, en surfant parfois aussi dans les bouquins, sur le net. Tout cela est très bien sauf que pour moi ça ne fonctionne pas vraiment. J’ai obtenu des montagnes de tableaux en pensée, mais je ne peux absolument rien en faire.

J’ai remarqué depuis bien longtemps qu’il y avait ce que je voulais en peinture et puis ce que j’obtenais et le fossé entre les deux est toujours bizarrement profond et large, pour ne pas dire infranchissable.

Il y a sans doute plusieurs raisons à cela et je vais tenter de les lister puis de les examiner plus attentivement.

Déjà la première chose serait de savoir ce que l’on veut vraiment obtenir dans le domaine de la peinture comme dans tous les autres.

Pour mon compte ce n’est jamais vraiment bien précis, cela ressemble bien plus à une « ambiance », une vague idée. Je vois un tableau idéal mais de manière floue et j’ai beau tenter de faire le point mentalement, les contours, les formes les couleurs restent la plupart du temps imprécis.

Je crois que ce phénomène prend généralement sa source dans la comparaison avec les œuvres d’autres peintres que j’admire ou bien dans des œuvres que j’ai déjà réalisées moi-même. Je me fais une idée d’excellence de la toile à venir mais l’erreur est que cette excellence est fondée sur un cliché.

Une oeuvre d’art se doit d’être unique et personnelle ça c’est ce que je me dis toujours , c’est un slogan. Aussi dès que je vais aller chercher l’inspiration ailleurs qu’en moi, ou même dans mon propre passé je ne peux tomber que sur des clichés ce qui fausse totalement mon jugement, ma pensée toute cette machinerie qui se met en branle à chaque fois que je veux réaliser de nouvelles œuvres.

Il y a toujours de l’orgueil, de la prétention et de la naïveté à raisonner comme je le fais j’en suis bien conscient. Avant j’en souffrais beaucoup mais aujourd’hui je crois que j’ai mis un peu d’eau dans mon vin. J’ai compris que ce mécanisme m’était nécessaire pour peindre.

J’ai envie de peindre quelque chose, un projet, je me prends copieusement la tête jusqu’à ce que je me mette effectivement au travail.

Et là, comme c’est étonnant , n’est ce pas , quelque chose d’inédit arrive auquel je n’aurais jamais pensé. Dans l’action même de peindre voici qu’un tableau arrive sans que je ne l’ai vraiment décidé comme si un « programme » ou un virus se réveillait soudain au delà de ma propre volonté au delà de ma pensée- un second moi si l’on veut qui contredit ou contrecarre totalement le premier.

Je me suis demandé si ce n’était pas un symptôme avancé de schizophrénie mais bon, pourquoi vouloir à chaque fois classer, disséquer les choses… Après tout j’ai fini par trouver cet état de fait amusant et je reste « sans voix » à chaque fois que je termine ainsi une nouvelle toile.

Une légère frustration tout de même d’avoir perdu « le contrôle » taquine mon orgueil, mon ego tout de même mais cela dans le fond n’est pas bien grave.

En tous cas il me semble que vouloir quelque chose appartient au domaine de l’ego, tandis que vivre ou peindre, ce qui pour moi est synonyme, est une toute autre chose.

Mais cela provient surtout du fait que je n’ai jamais pensé de façon juste à ce que je voulais en peinture. Tout simplement parce que la justesse m’était totalement étrangère.

Ma façon d’aborder l’art comme la plupart des choses de ma vie n’est fondée que sur une fiction dont j’aurais pris avec l’age, peu à peu conscience. Intuitivement j’ai compris que je savais rien de la justesse vraiment, je veux dire ma justesse à moi qui pourrait correspondre à l’accord parfait d’un instrument de musique. Du coup j’ai patienté, j’ai attendu d’être plus juste tout ce que je pouvais faire en attendant ne pourrait pas être vraiment pris au sérieux.

C’est à dire que je me suis mis à peindre de façon spontanée, anarchique j’ai reporté à peu près tout de mon désir de peindre dans l’aspect charnel sensuel de la peinture évacuant ainsi pratiquement systématiquement tout ce qui pouvait appartenir au domaine de la pensée qui pour moi représente la souffrance, le mensonge, l’antithèse du plaisir de peindre en fait.

Les rares fois où j’ai construit une thématique en peinture je me souviens comme j’en ai bavé. J’avais l’impression de m’arracher les tripes en peignant ce qui m’a vite paru ridicule, romantique à outrance. Mais le fait est que le résultat m’a scotché aussi.

C’est sans doute aussi pour cela que je me suis réfugié longtemps dans l’abstraction, dans la recherche purement formelle des masses, des lignes, des couleurs, pour ne pas avoir à affronter à nouveau cette histoire de thématique et la souffrance que j’y avais déposées dans le passé.

C’est aussi pourquoi je refuse toujours que l’on m’affuble du sobriquet d’artiste. A chaque fois j’entends ce mot comme une boutade vis à vis de mon travail.

Je ne suis qu’un peintre qui réalise des tableaux que je trouve décoratifs sans plus la plupart du temps.

J’ai toujours voulu peindre mais je n’ai jamais vraiment su ce que je voulais peindre, je ne me suis jamais vraiment posé cette question de savoir ce que je voulais exprimer vraiment au travers de la peinture.

Pour moi peindre est une évasion, cela me permet de voyager, de m’extraire du quotidien parfois difficile que nous traversons mon épouse et moi. Mais je ne me plains pas cette vie nous l’avons choisie. Et c’est bien là où parfois je dois être lucide et réfléchir un tant soi peu.

Je suis passé du statut de peintre du dimanche à peintre professionnel un beau jour et le fait que mes sources principales de revenu proviennent des cours et des stages que je dispense m’a permis de mettre de coté pendant un long moment tout ce qui pouvait toucher à ma propre création artistique.

En peinture c’est vrai que je suis « doué » dans le sens où je peux toucher à tout aussi bien du figuratif, avec les visages, les portraits, les silhouettes, le corps humain en général, les paysages, les natures mortes n’ont pas vraiment de secret non plus pour moi. Je peux facilement enseigner tout cela à mes élèves. Et puis l’abstraction aussi désormais et de plus en plus car il y a une forte demande dans ce domaine.

Pour les techniques c’est la même chose que ce soit l’encre l’aquarelle, l’acrylique ou l’huile pas de soucis.

Le fait d’avoir tellement de cordes à mon arc, de possibilités finalement est devenu au fur et à mesure des années une sorte d’entrave de handicap, je me suis enfermé aussi dans l’habileté. En tous cas cette richesse et cette habileté me semblent être aussi une cause majeure de dispersion.

Toucher à tout ne permet pas d’approfondir quoi que ce soit.

Comment faire alors pour s’enfoncer vraiment dans le travail et se trouver car il ne s’agit toujours que de ça si on réfléchit un peu.

Se trouver demande de faire un sacré tri, comme dans une maison familiale dont on hériterait, il faut savoir ce que l’on garde, ce que l’on donne, ce que l’on jette.

Dans ce genre de situation j’aurais toujours envie de tout donner ou de tout jeter pour ne presque rien garder. Une espèce de noblesse complètement farfelue me dicte une sorte de conduite complètement conne déguisée en représentation chevaleresque.

Don Quichotte de la Mancha contre les moulins à vent.

Non non gardez tout je ne veux rien…. foutaise.

Heureusement que je suis aussi mon Sancho Pansa !

Si je reporte ce travers en peinture je peux voir exactement que je me fais une idée « romantique » encore du personnage de peintre comme de l’art en général.

Il me faudrait attendre d’être inspiré soudain, frappé par une espèce de grâce subitement pour alors trouver L’IDÉE. C’est une chose que je trouve complètement ridicule évidemment quand j’y réfléchis, mais ce n’est pas pour autant qu’une grande partie, enfantine de moi-même ne continue pas à y croire dur comme fer.

C’est cette dichotomie entre pensée « mature » et pulsion enfantine dans le fond qui fait naître bon nombre de troubles et cette errance magistrale dans la peinture. Je ne sais sur laquelle vraiment m’appuyer pour avancer le plus justement possible.

Les deux ont des qualités et des défauts d’où la difficulté de choisir l’une ou l’autre vraiment.

Cette difficulté du choix remonte certainement très loin et il me semble que j’en ai déjà parlé dans certains textes, donc je ne vais pas revenir là dessus.

Il me suffit de penser au choix pour penser à la mort , faire un choix c’est tuer tout un possible à chaque fois. Et bien sur je voudrais tout pouvoir conserver vivant à l’état latent, cette rêverie perpétuelle du potentiel. Hélas au fond de moi je sens bien que c’est peine perdu, qu’il faudra de toutes façons tout abandonner un jour et cela malgré toute ma volonté à vouloir m’accrocher à toutes les bribes, à toutes les racines, à ce terreau à la fois mystérieux, étrange et familier qui me constitue. Qui constitue tout être humain.

Pour m’en sortir un peu, en 2019 j’ai établi toute une série d’actions de plans, de contraintes, afin de mieux cadrer cette immense énergie qui ne cherche qu’à s’exprimer.

J’ai réalisé un nombre d’expositions délirant, et à la fin j’ai éprouvé une immense fatigue accompagné d’une bonne déprime à nouveau. Malgré un certain succès je suis resté insatisfait par l’ensemble du travail réalisé.

Pourtant je pensais en avoir fini avec l’idée du beau et de la séduction.

C’est vraiment en 2019 que j’ai commencé à réfléchir en profondeur à cette idée de séduction en peinture. Séduction vis à vis de moi-même d’abord qui m’aura amené par ricochet à la compréhension d’un rejet général du beau et de la séduction en peinture.

Dans le fond je peignais jusque là des toiles dont le critère majeur était le beau, l’harmonie des couleurs, et qui me permettait de me passer d’une substance plus précieuse : le sens.

Toute ma peinture m’est apparu soudain « décorative ». Et le vertige, la déception m’ont alors conduit une fois de plus vers la dépression, et le dépréciement de moi-même. Les doutes qui pendant des mois m’avaient laissé un peu de répit sont revenus en force d’un seul coup.

Je crois que la rédaction des textes de ce blog et leur accroissement au fur et à mesure des mois témoignent un peu des difficultés que j’ai traversées et surtout de la tentative de remise en ordre de mes pensées, afin de ne pas sombrer complètement.

Cette discipline à écrire ainsi chaque jour quelques pensées, quelques histoires, fut vraiment la plus importante des choses que j’aurais faite cette année 2019. Peu importe dans le fond la valeur littéraire de tous ces textes. Ce qui est important c’est le fait de m’être assis régulièrement tous les jours ou presque à cette table et écrire.

Cette discipline, si je l’avais vraiment transférée dans la réalisation de toiles aurait été beaucoup moins pratique à mettre en oeuvre, j’aurais réalisé un nombre semblable de tableaux comme tous ces textes , plus de 500 à ce jour… je ne sais pas où j’aurais pu ranger tout ce résultat ..Et surtout le problème du tri du classement se présenterait comme il commencera bientôt à se présenter désormais sur ce blog.

Pourtant c’est bien comme ça qu’une oeuvre quelle qu’elle soit se constitue. Chaque jour et dans une régularité, une discipline. Ce qui est important c’est d’être là et d’affronter le tableau, front contre front et tous les jours en cherchant la justesse avec soi.

Hier fatigué de tous mes empêchements perpétuels j’ai voulu réaliser une série de petits formats avec un minimum de moyens, revenir à ce que j’aime dans le dessin, la spontanéité de tracer des lignes et de voir ce que ça peut donner au final avec un peu de couleur passée au feutre. Je la livre ici telle quelle. Peut-être que ce sera un nouveau coup d’épée dans l’eau, peut-être que je m’appuierai sur ce travail pour réaliser des tableaux acryliques ou à l’huile, je n’en sais fichtre rien. tout ce que je sais c’est que je me suis accroché la journée passée à ça pour lutter et ne pas m’effondrer et pour moi c’est déjà une petite victoire.

Confiance et conscience.

voyage d’Ulysse Patrick Blanchon peintures

C’est une tarte à la crème amère reçue en pleine face que cette fameuse injonction « d’avoir un peu plus confiance en soi » et ce qui m’aura le plus fait buter sur cette locution ce n’est pas tant le mot de confiance que celui de « soi ».

Avoir confiance en soi, je veux dire vraiment revient un peu à avoir la foi en Dieu, si tant est que l’on soit croyant dans le bon sens que cette affirmation nécessite.

donc « aies confiance en Dieu », c’est un peu fort de café tout de suite … cependant va savoir

Sans cela Spinoza n’est qu’un penseur pour rien, sans cette intuition que Dieu est la source de toute sa pensée comment aurait-il pu tenir la distance ?

C’est bien un problème de foi dont il est question avec la conscience et la confiance. Sans cette confiance aveugle en quelque sorte la conscience ne voit rien du tout.

La confiance oriente dans le bon sens la conscience et ainsi cette dernière éclaire t’elle le réel de façon lumineuse.

On peut renâcler tant qu’on veut finalement le Soi et bien plus grand que ce petit moi qui ne cherche toujours que le confort et la sécurité par des voies pas toujours bien avouables.

Justement c’est en décidant un jour d’abandonner le confort et la sécurité à tous les étages que l’aventure de l’art pour moi à commencé.

Je ne partais pas du tout gagnant dans cette histoire, pétri de timidité donc d’orgueil mal placé, un peu beaucoup menteur et voleur, j’aurais pu facilement devenir un bandit de grand chemin, un escroc ou un gigolo de bas étage tant je manquais totalement de confiance en « moi ».

Mon sens de d’adaptation ne fut pas utilisé à bon escient pendant une partie de ma vie, pas dans le bon sens pour en revenir à mon propos.

Sans foi il n’y avait aucun sens à choisir quoique ce soit, tout était bien égal, je dirais même plus « il le fallait » autant la joie que la peine et « l’à quoi bon  » alors régnait comme potentat sur ce beau désordre.

La grâce pourtant m’a depuis mon plus jeune age envoyé bien des appels de phare que j’ai conservés comme un trésor enfantin dans une toute petite boite dans une partie cachée de mon cœur. Oh pas des grandes choses tu sais, juste un éclat de lumière sur un caniveau, la blancheur éclatante des fleurs de cerisier, mais cela avait suffit pour entrevoir une autre réalité possible.

Dans la collection des combats vains celui de combattre la grâce n’est pas le moindre.

Refuser d’être choisi par celle ci pour ne pas quitter le groupe est aussi vain qu’héroïque à première vue.

Gilgamesh décidant de revenir sur terre ignore soudain le ciel mais ne sait pas non plus que tout cela fait partie d’un plan qui le dépasse.

Qui donc est dépassé finalement sinon ce petit « je » qui ne cesse de se questionner, de douter, d’espérer bringuebalé entre l’idée de la chute et celle de la rédemption ?

Entre Charybde et Scylla encore une fois essuyer les grains et poursuivre vers l’horizon quel que soit celui ci dans l’espoir malgré tout d’être sur le bon chemin, le meilleur chemin, celui du retour.

Des systèmes, du hasard et des voitures rouges.

Admettons que vous ayez crée un système avec un certain nombre de règles que ceux qui participent à ce système doivent accepter et ne pas (trop) remettre en question. Vous aurez tôt ou tard une lassitude à affronter. Celle notamment des participants à ce système et la votre bien sur. Car la vie ne supporte pas la monotonie et le vide. Ce qui pourrait paraitre pour un pléonasme si l’on y réfléchit bien. Pour appuyer cette observation  il suffit de vivre à Paris, et d’avoir au dessus de la tête, dans une des nombreuses chambres de bonnes mal isolées, un apprenti musicien qui appuie toute la journée sur la même série de notes de son piano. Cela vous agacerait bien sur et vous tempêteriez ou bien vous iriez à la pharmacie la plus proche pour acheter des boules Quiess. Voici donc la réaction classique face à l’ennui : l’agacement et la surdité.

Ainsi pour faire face à cette production de tout système qui est le fruit de sa régularité mécanique, les créateurs s’intéressent-ils désormais au hasard, et tentent d’en établir des lois afin de créer parfois dans la régularité une anomalie, une insécurité, un danger dont ils se serviront pas la suite pour renforcer les principes premiers de leur construction.

« Vous avez vu pourquoi il faut des fenêtres ? Pour éviter les courants d’air et les fermer en cas de coup de vent. »

On évitera soigneusement de vous rappeler que la fenêtre permet d’aérer, ou bien d’éclairer la pièce. Votre attention sera alors dirigée comme votre raisonnement à venir sur des principes tarés qu’à force de répétition vous finirez par accepter comme authentiques et à ne pas remettre en question le bien fondé de ceux-ci.

Ainsi le système, aidé par la science  plus ou moins bien maîtrisée des hasards, finit il par  créer tout seul ses propres contrepoids pour se maintenir.

Détourner l’attention serait il désormais  un art consommé de la systémique. J’ai plusieurs fois vécu dans ma vie cette expérience amusante de vouloir acheter quelque chose mué par un désir fortuit en apparence. Je prends l’exemple de cette voiture rouge d’une certaine marque dont le besoin aussi soudain que loufoque m’est devenu soudain comme une nécessité incontournable. Jamais auparavant je n’en voyais. Avant ce désir intempestif je ne voyais qu’un flux ininterrompu de véhicules de tout acabit et mon regard ne discernait rien de particulier qui me fasse saliver.

Et soudain je ne vis plus que cette voiture rouge partout. J’en fus très étonné car cela chamboula quelque peu ma vision habituelle  du choix.  Pourquoi d’un seul coup me concentrais je plus sur cette marque, ce modèle, cette couleur ? Il fallu bien accepter l’inacceptable, je n’étais pas maître de mes choix comme je l’avais cru. Quelqu’un ou un concours de circonstances, que l’on nomme généralement le hasard, avait insufflé en moi le désir de possession de ce véhicule et j’allais ne pas m’en rendre compte et passer à l’acte quand soudain l’impression d’étrangeté m’arrêta tout nette.

Cette impression d’étrangeté désormais ne me quitte plus. Elle ressemble un peu à celle qu’on éprouve durant les rêves et qu’on aperçoit soudain un illogisme dans un univers bien huilé. En général c’est cette impression qui me conduit à l’éveil et à cette sensation bizarre qui rend floue tous les contours de tout système comme de toute réalité. C’est ainsi que j’ai découvert la notion de contrepoids savantissime, pour lutter contre les contrepoids prévus et ciblés.

Pour m’extraire alors de cette impression de malaise j’ai trouvé une parade : je fais n’importe quoi selon ce que mon intuition me dicte. Cela peut être de me rendre à la boulangerie pour acheter 4 pains au chocolat que je vais dévorer dans la foulée, ou bien prendre ma voiture pour me rendre dans coin inconnu de campagne et marcher une heure ou deux, ou bien encore écrire un texte comme celui-ci qui exorcisera peut-être cette sale impression d’être un cobaye, un pauvre rat de laboratoire.