
On me le demande souvent, « voulez vous faire passer un message dans vos tableaux ? » et systématiquement cette question provoque en moi une sensation de vertige, une oscillation, je deviens pendant quelques nano secondes de la même nature que les métronomes, sauf que tout est ralentit. Oui ? non ?
Généralement, je m’en tire par un sourire et une pirouette sympa, ou alors je fais le clown, j’aime bien faire le clown. Mais cette question m’a longtemps taraudé tout de même, non pas que moi je veuille faire passer un message dans mon travail, mais est ce que l’art a pour vocation d’être un messager … Et bien la réponse est entre oui et .. non.
C’est que le terme qui s’associe dans mon esprit avec message est engagement, et que engagement, va soit avec mariage, soit avec revendication soit militantisme, autant dire rien de vraiment réjouissant, lorsqu’on a traversé à presque 60 ans tout ce que ces propositions ne peuvent souvent que proposer.
Donc non pour un engagement qui aurait pour but d’informer le monde de ce que j’aurais découvert de mirifique afin de l’acclamer ou le contester. Le monde s’en fout il continue de tourner plus ou moins rond de toutes façons.
Non je n’ai pas de message à délivrer. En revanche ma peinture est un cheminement. C’est un chemin que j’emprunte pour me délivrer des messages que le monde m’envoie, ou plutôt de mes interprétations erronées par rapport à ceux ci . Le monde envoie toujours un seul message, je ne sais pas si vous l’avez remarqué ? Simplement c’est nous qui le compliquons en l’interprétant et cela entraîne de grandes confusions. Cette confusion est surement nécessaire aussi, je ne sais pas.
Donc moi je peins pour oublier les interprétations erronées, pour rejoindre le silence primordial et c’est à peu près tout ce que j’ai comme message à adresser, un peu comme une bouteille qu’un naufragé sans trop y croire , jetterait à la mer.
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