S’enfoncer sous la terre pour aller peindre, c’était déjà la tradition il y a 35000 ans.
Rien de facile, rien de tapageur, pas d’esbroufe.
Je me sens dans cette proximité là avec ces femmes et ces hommes, avec leur progression dans l’obscurité des galeries, des boyaux, des grottes. Humble face à leurs intentions.
Ici désormais plus de tigre à dent de sabre, plus de mammouth, et la grotte doit être, elle aussi repensée, réinventée. Tout obstacle doit être rafraîchit.
La jungle des clichés, des mots d’ordre, des slogans dans laquelle des furieux sont tapis, prêts à bondir sur leur proie pour survivre.
Le danger comme le mystère, l’effroi sont une nécessité pour la paix, la lumière la sécurité , les uns ne vont pas sans les autres.
Et parvenir à identifier en chaque occasion en soi le pleutre comme la tête brûlée se côtoyant dans cette danse est une étape. Un virage qui mène vers encore plus d’obscurité, et plus de nécessité aussi.
N’est-ce pas un rêve qui ne cesse de se transmettre depuis la nuit des temps. Cette nuit étoilée que l’œil contemple non sans une certaine admiration mêlée d’angoisse.
Cette infinie profondeur de la nuit étoilée ne te renvoie t’elle pas à l’infinie petitesse que ton corps et ton esprit occupent sur cette terre ?
Cette infinie profondeur qui par une alchimie étonnante du désir et de l’ignorance entremêlées, s’enfonce dans l’obscurité moite de la grotte archaïque, du vagin, pour réemprunter les antiques couloirs utérins,
le temps d’un soupir, le temps d’un rêve ?
N’est ce pas l’envie folle de mourir et renaître plus vite que mettrait la lumière de notre conscience à relier les faits qui nous attire tant dans l’idée de cette profondeur infinie ?
Et peut t’on encore honnêtement se satisfaire de la position dans laquelle nous installons la femme, l’homme, les deux se mirant comme instruments d’un rituel propice, à l’exploration du Mystère ?
M’est avis qu’elles ne le veulent pas vraiment, les femmes l’ont t’elles jamais voulu d’ailleurs, éprouvant soudain ce dépit d’être considérées comme d’autres qu’elles ne sont pas et ce de façon de plus en plus aiguë aujourd’hui.
Dans cette affaire de parité peut-être qu’un des buts recherché est un nouvel exode, un nouveau Sinaï à traverser autant pour les femmes que pour les hommes afin de découvrir un jour une terre promise ( par qui ? pourquoi ?)
Les média insistent abondamment sur l’énumération la compta macabre de chaque nouveau « féminicide. »
Pour enfoncer le clou le mot aura été choisi, crée de toutes pièces et s’il n’est pas très joli à l’oreille il rejoint peu à leur tous les fratricides, les parricides, les matricides et autres mots acides qui indiquent une corrosion manifeste.
Mais de quelle corrosion s’agit ‘il vraiment ?
Est ce une corrosion de la morale ?
Est ce une corrosion de la bienséance et du savoir vivre ?
N’est ce pas aussi une corrosion, celle ci plus dissimulée, qui ne s’avoue pas volontiers, quelque chose qui s’abîme justement dans une infinie profondeur dont on ne saurait toucher le fond, dont on ne désire plus toucher le fond.
La fin du mystère.
En ne plaçant plus l’homme sur son piédestal Olympien, en retirant à la femme ses liens étroits, ses racines communes avec l’antique Terre sacrée, en transformant le couple divin des origines en simples quidam, nous tentons encore une fois de plus de fuir vers un lendemain qui chantera ou pas, nous n’en savons rien.
Cette notion de parité est juste, bien sur je ne saurais la remettre en question tant l’injustice réclame d’être lavée, réparée, pour que tout le monde reparte du bon pied.
Mais on pourrait la considérer aussi comme l’antichambre d’une nouvelle catastrophe à venir, celle de l’indifférenciation.
Nous avons déjà énormément progressé dans l’indifférence que nous entretenons les uns vis à vis des autres.
Le pas suivant sera t’il décisif pour rejoindre la terre promise sur laquelle le désir humain engendrera des fruits sans goût, sans genre, sans préférence particulière et sans mystère.
L’avenir seul nous le dira et sans doute aussi restera t’il quelque rêveur d’un nouveau genre interprétant la profondeur toute neuve de la nuit étoilée.
Et peut-être pour ajouter un peu plus de piment à l’anecdote que ce ne seront que de nouveaux mais toujours semblables préliminaires à une nouvelle idée de pénétration …
Face à l’événement fusent les pensées et les mots boucliers, est ce une blessure que nous pansons afin de refermer la béance qui menace de nous engloutir ?
Face à l’événement notre nudité traverse la gène jusqu’à l’insupportable ou la béatitude, oscille à vive allure entre Charybde et Scylla.
Tenir le milieu non comme place forte mais ouverture demande bien des échecs et des victoires avant d’entrevoir qu’elles ne forment que cet instant profond « le bel immédiat » du poète dans lequel la pensée sombre pour rejaillir simple et claire.
Ce n’est parfois qu’une lueur dans la nuit qui nous émeut, ce n’est parfois qu’une aube, un crépuscule. Difficile d’entretenir la flamme vacillante agitée par les vents du siècle.
C’est aussi parfois un sourire qui nous revient du fond des ages d’un lieu inconnu et familier en même temps.
Mystère intact malgré tout ce que l’on peut en dire.
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