L’impuissance

Photo Yaman Ibrahim.

Il y a dans l’impuissance une sorte de soulagement à laisser tomber tout effort qui ne servirait qu’à nous illusionner encore un peu. Dans une certaine mesure accepter notre impuissance serait la clef qui ouvrirait la porte non plus à la survie mais à la vie réelle et ce quoiqu’on puisse placer sur ce mot.

Ainsi il se souvenait de tous ces moments où lâchement il avait décidé de dire « oui » tout simplement parce qu’il avait eut peur de ce que le « non » pourrait provoquer. Et de quoi donc avait t’il eut peur vraiment sinon d’apparaître aux yeux du monde tel qu’il était, c’est à dire cet être dur, sans cœur, narcissique, egocentré. Un être solitaire, banal, au bout du compte.

Il avait pourtant tout fait pour accepter cette solitude. Il s’était enfermé des mois, des années pour n’avoir que le moins de contacts possibles avec le monde. Et au bout du compte la solitude lui avait ouvert les portes d’un monde intérieur étonnant qu’il eut eu parfois par faiblesse, ou pour valider qu’il ne fut pas soudain devenu complètement cinglé, envie de partager.

Il ne songeait pas à le partager avec le plus grand nombre cependant; Quelques intimes éventuellement, juste pour vérifier qu’il n’allait pas droit dans le mur.

Mais la plupart étaient restés polis. Ils lui avaient dit seulement ça te passera. Alors, il avait au moins pu mesurer à quel point même les personnes que l’on imagine proches se trouvent à des années lumières de nous.

Dans sa jeunesse cette impuissance avait provoqué bien des déboires, des colères, des rages, des ruptures.

Et puis le temps avait passé, il avait fini par s’y habitué. Il n’entretenait plus guère que des relations superficielles. La seule véritable relation qu’il jugeait intéressante d’entretenir était celle avec lui-même et cela lui donnait déjà bien du fil à retordre.

L’impuissance à se maintenir dans le superficiel trop longtemps avait par contrecoup crée une sorte de pouvoir étrange propice à l’analyse et à l’introspection.

Un pouvoir contrebalance un abandon s’était t’il dit.

Aussi s’était il hâté d’abandonner la majeure partie de ce que tout le monde considère comme vital, important, nécessaire pour s’enfoncer peu à peu en lui-même et dans la pauvreté matérielle qui l’accompagnait dans sa chute ou sa rédemption selon le point de vue adopté.

Peu à peu il avait vu arriver dans sa bouche de nombreux « je ne sais pas », accompagnés de refus catégoriques. De temps en temps il rechutait malgré tout. la vie le tentait mais il laissait tomber assez rapidement, se reprenait, esquivait, se libérait de tous les engagements pris par pure faiblesse.

Les femmes lui avaient toujours parlé de cet impuissance. Non pas qu’au lit il resta complètement inerte, non, mais une fois l’acte consommé en général et ce avec une sorte de contrôle continu qui l’horrifiait, une fois les corps se dénouant donc, il ne pouvait plus croire à la moindre idée de fusion. Il était un singleton perpétuel un electron lié à son atome personnel par la gravité que ne cessait d’imposer sa mémoire.

Il ne pouvait entrer dans le moindre événement, si insolite en apparence fut il sans s’empêcher de revenir sans cesse à ses souvenirs, à un déjà vu.

La peau à l’odeur épicée de celle ci lui rappelait par sa présence soudaine toutes les peaux contre lesquelles il s’était frotté et qui avaient une odeur fade, un parfum bon marché, ou un parfum coûteux mille fois reniflé ce qui revenait au même.

L’impuissance qui l’accablait dans le fond était cette impossibilité chronique à vivre la nouveauté sans qu’elle ne fusse relié à la digestion lente des nouveautés successives et désormais achevées, mortes qu’il avait du achever.

Il pensait de manière récurrente qu’il était une sorte d’assassin et, à bout de course, il avait lui même érigé les fondements d’un tribunal perpétuel, avec son juge son procureur ses avocats et son jury. Cependant que ce procès devenait interminable, perpétuellement ajourné. La sanction à venir lui faisait penser à une épée de Damoclès qui se confondait avec une idée de cancer.

Quand il était au plus mal il se disait qu’il devait avoir un cancer. Quelque chose qui le rongeait lentement mais surement et c’était là sa punition de n’avoir pas pu prendre le dessus sur cette impuissance, de s’être laissé envahir par celle ci.

Comme dans les vieilles histoires de « sélection naturelle » seuls les plus forts restent en bonne santé, seuls les plus forts peuvent déchirer la chair rouge de leurs dents blanches et s’en repaître et s’en réjouir.

Il n’avait plus revu de dentiste depuis des lustres, depuis qu’une grande partie de sa dentition se soit faite la malle et qu’il s’était progressivement mis à la purée.

La viande , sa vue comme son gout l’écœurait et s’il lui arrivait encore d’aller chez le boucher finalement il finissait pas détourner le regard de toute cette bidoche étalée et comme pour s’excuser faisait alors l’emplette d’un plat cuisiné, lasagne ou brocolis, et détalais la rage et la honte entremêlées au creux de l’épigastre.

Quand il se rappelait comme on le considérait « bon vivant » capable d’avaler à lui seul une cote de bœuf sans vergogne, et de boire des litres d’alcool pour accompagner ses festins dominicaux entouré de bons copains, il était pensif. Il était cependant obligé de constater que ce personnage qu’il avait crée de toutes pièces n’était pas lui.

Il se découvrait non sans une sorte de rictus d’effroi bien plus en Saint Ignace de Loyola désormais qu’en Rabelais. Sauf qu’il n’avait rien de saint, probablement comme ce jésuite roué instigateur de l’Inquisition.

L’impuissance provenait d’une forme améliorée de l’ennui qu’il croyait jadis avoir dépassé et qui revenait à la charge. C’était le résultat de toute une vie. Et pour la première fois il n’eut pas envie de lui résister.

L’impuissance et la vieillesse comme deux compagnes fidèles lui proposaient soudain un véritable havre de paix, semblable aux pages baudelairiennes qui jusque là lui étaient toujours, même s’il les avait trouvées belles, restées hermétiques.

« Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde !
Quoiqu’il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde ;

C’est l’Ennui ! — l’œil chargé d’un pleur involontaire,
Il rêve d’échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
— Hypocrite lecteur, — mon semblable, — mon frère ! »

Charles Baudelaire « au lecteur » Les fleurs du Mal.

L’envie de partager

Lincoln au musée de Boston.
 Il est le premier président républicain de l’histoire du pays. Il a dirigé les États-Unis lors de la pire crise constitutionnelle, militaire et morale de son histoire, la guerre de Sécession, et réussit à préserver l’Union. C’est au cours de celle-ci qu’il fait ratifier le XIIIe amendement de la Constitution des États-Unis, qui abolit l’esclavage. Il sort victorieux de la guerre. Assassiné cinq jours plus tard, à la suite d’un complot organisé par des confédérés, il ne termine pas son second mandat.

L’envie de partager mon expérience est quelque chose qui me tient à cœur et je vois que depuis presque une année, c’est bien ce que je tente de faire mais je vois aussi comment je m’y prends mal.

Dans le fond c’est assez binaire, comme la vie : il y a le plaisir et il y a la souffrance.

Pour le moment, malgré tout ce que je pouvais encore en penser hier , je me dis que tous les textes que j’ai rédigés sur ce blog durant une année, je les ai rédigés par plaisir, tout ce que j’ai partagé sur les réseaux sociaux n’était pas autre chose que du bla bla. Je crois que j’ai épuisé le plaisir jusqu’au bout désormais et qu’un peu de plomb aura pénétré ma cervelle bien épaisse de rêveur.

Maintenant si je m’attache à te parler un peu plus de la souffrance, je te dirais que je n’ai que très peu corrigé tous ces textes, que j’ai très peu tourné 7 fois ma langue dans la bouche avant de m’exprimer parce que ça m’ennuie, parce que je crois à la spontanéité, parce que je n’avais pas envie de calcul, j’avais juste envie de liberté dans le fond, la liberté de m’exprimer. La mienne ou peut-être celle de mon »daemon » , bref je me trouverais probablement tout un tas d’excellentes raisons pour continuer comme ça encore pendant une nouvelle année ou deux sans même me poser la question du « que faire de tous ces textes » si je ne ressentais à la fois de la lassitude et du découragement, symptômes désormais d’un objectif réel à atteindre et je ne parviens toujours pas à atteindre tout simplement par manque de réflexion, par excès de liberté.

Evidemment, je peux caresser l’idée de mettre tout cela en forme et de produire un livre que je vendrais pour une somme modique sur Amazone ou n’importe quelle autre plateforme d’ebooks en ligne.

Mais caresser une idée je connais bien, caresser une idée c’est une sorte de masturbation déguisée dans le fond. on peut caresser des années sans que rien d’autre ne se passe. Les ronds de cuir font cela encore mieux que moi, c’est de là d’ailleurs qu’ils tirent leurs noms.

Alors me vient le constat que je ne suis pas du tout organisé dans ma vie de tous les jours, je ne connais pas si bien que je le pensais ce que je veux dans le fond, ni comment arriver à ce que je sais pas très bien ce que je veux.

Mon problème principal a toujours été celui ci : Qui suis je ? et accorder une confiance quelconque en ce « je »

Et je ne risque sans doute de ne jamais le savoir dans le fond si je ne mets pas en place des actions pour résoudre ou du moins tenter de résoudre cette énigme.

Ce que je veux vraiment ce n’est pas aimer une idée de ce que je pourrais être.

Ce que je veux vraiment c’est changer vraiment, c’est à dire ne pas me mentir

C’est progresser vraiment, c’est à dire être au plus près de ma propre justesse.

C’est évoluer vraiment, c’est à dire me souvenir de qui je suis vraiment depuis toujours.

C’est m’améliorer vraiment, c’est à dire développer une générosité débarrassée de tout complexe quant à ma propre idée de générosité.

Mais comment savoir si je suis sur la bonne voie si je n’analyse jamais ce que je fais, si je ne me fixe pas de but ni même d’étape ?

Alors aujourd’hui j’ai envie de partager avec toi cette réflexion et je te propose de suivre ma démarche, de l’accompagner si tu en as envie au fur et à mesure de ma progression.

Mon premier objectif est de mettre en place une stratégie cohérente avec ce que je suis.

Je suis à la fois prof de dessin et de peinture, peintre, et j’aime partager mes découvertes, mes connaissances, si cela t’intéresse de suivre cette démarche tu peux me le dire en commentaire ou en t’inscrivant sur mes contacts privés, il se peut que je publie pas tout cela régulièrement sur les réseaux sociaux alors pour ne rien manquer je te laisse le lien plus bas.

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