
Ecrire aussi est une initiation. Comme crier ou prêcher dans le désert. Il faut en passer par là probablement, c’est à dire faire le tour complet d’une montagne plutôt que d’imaginer en atteindre le sommet. Même si maintes fois l’obsession d’un sommet à atteindre nous assaille.
Abandonner quelque chose à chaque tour de piste. Comme l’auguste Auguste qui chute en déclenchant le rire et les observations automatiques de Monsieur Loyal.
Et une fois les rotations accomplies ne conserver que l’idée d’un cercle et d’une absence qui dessine ce cercle. Et dont la perfection parfaite ne tient qu’à la perfection de cette absence.
Et ce divertissement dans lequel on s’engouffre volontiers par ignorance obligée. Etre l’obligé d’une ignorance, et constater l’étendue d’une dette qu’on ne peut rembourser. Une dette qui ne demande d’ailleurs pas à être remboursée.
Ce divertissement du savoir, de la technique, des milles et unes stratégies et astuces que l’on place comme des petits cailloux pour ne pas s’oublier en chemin jusqu’à parvenir au dégout salvateur enfin.
Enfin le dégout de l’artifice, vous voyez bien.
On le renifle à cent mètres et les yeux clos, c’est encore une étape à franchir à n’en pas douter.
La compassion n’est pas bien loin. Ce qui ne veut pas dire new-age, ni gourou, ni ascendant, à moins de vouloir encore explorer la descente et la montée jusqu’à la panne d’ascenseur.
La compassion s’en fout royalement puisqu’elle sait qu’à terme elle gagnera. Qu’il n’y a pas d’autre possibilité de choix pour arrêter de crier comme de prêcher et de s’inventer sans relâche des déserts.
De la compassion pour soi-même par ricochet. Un présent qu’on n’espérait même plus tant la difficulté de recevoir avait été engloutie par l’ivresse du don mal adressé.
L’écriture est aussi proche de la danse soufie, elle nous enseigne par étapes successives tout ce qui ne fonctionne pas, tout ce qui est mensonge, illusion, à coté de la plaque. L’écriture est une maitresse implacable qui nous amène à une vérité tout aussi implacable: Ce besoin essentiel du désert et du silence quand, au bout du compte les cris, les hurlements, pas plus que les prêches n’ont plus aucune raison d’être sinon de nous emporter vers l’égarement final.
L’égarement de la fin, où ne subsiste rien pour s’accrocher, pour se raccrocher tranquillement, comme un vêtement à un porte manteau.
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