61. Notule 61

Que la violence du désir soit tellement forte, irrépressible, qu’on puisse soudain l’observer quand elle s’envole ainsi dans l’air comme un tourbillon de feuilles qui n’en finit pas.

Et maintenir néanmoins la quiétude.

Rester baba face à cela et ce même en partage, encore en paix profondément.

L’intenable enfin tenu.

Il en faut des pesées pour connaitre le scrupule comme l’art d’équilibrer les fléaux.

Et s’en aller son chemin sans la tristesse à ses cotés.

La douceur

The lady in blue dress, David Manzur

La douceur n’est pas la douceur si elle cherche à attendrir, à capturer l’attention, à acquérir ou conquérir.

La douceur n’est qu’un masque que la violence emprunte souvent quand le cœur est trop faible, quand la frustration et la peur l’emportent.

Aujourd’hui en me réveillant j’ai senti mon cœur se débattre comme un poisson hébété qui implore en silence à rejoindre les eaux vives.

Aujourd’hui quelque chose en moi s’est réveillé

La colère était noire et aveugle

La violence brillante comme une étoile

alors j’ai fermé les yeux pour ne pas subir plus avant l’éblouissement.

Je suis revenu à la source et j’ai écouté son chant modeste résonner dans l’air pur

j’ai vu la buée disparaître sur les vitres de la fenêtre, j’ai vu au delà la rosée s’en aller doucement

Alors j’ai eu envie de peindre pour marcher plus avant

vers la douceur

me perdre en celle ci.

car je ne suis pas doux.

Je ne suis que la monture que la douceur emprunte.

Des maux crasseux

Abri-Bus Patrick Blanchon 2015

Instiller le doute est un moyen efficace que les dictatures utilisent. Le doute ruine nos certitudes, en commençant par les faire vaciller lentement vers la peur, une peur en quelque sorte animale, instinctive qui déclenche la violence comme issue, comme tentative désordonnée de révolte, et tout est prévu en conséquence de cette logique bien connue des états, des gouvernements, qui se servent ensuite du désordre pour mieux imposer leur idée d’ordre. Car la division qui s’opère autour du thème favori des puissants : l’insécurité, le chaos, nécessite un résultat sans virgule, un chiffre bien rond et rassurant. Fi des demi mesures, des à peu près, des compromis qui laissent incertains. Pour rallier les plus trouillards rien ne vaut des décisions bien fermes et matraquées fermement  si possibles. La force de l’ordre est alors invoquée à la rescousse. Celle-ci brutale et aveugle autant que les fauteurs de troubles auxquels elle s’affronte n’est qu’une réciprocité convenue lorsque toute confiance dans les institutions est émoussée. Alors voici que toutes les peaux  de l’oignon se disjoignent, l’une après l’autre, le germe seul minuscule et blanc se nomme la haine, elle est là sans raison, surgit de nulle part, comme une énigme que l’on avait mise de côté en bâtissant autour une démocratie comme on fait des murs de béton autour des piles radioactives. Mais rien ne dure assez longtemps dans sa solidité pour prévenir les fissures. L’accident arrive de façon régulière et inéluctable. On tente de comprendre mais ça ne sert pas à grand chose au final quand la démocratie commence à s’exprimer au travers des mots crasseux.